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Accident des joueurs de l’Etoile de Guinée : causes du drame, conséquences, quel mode de transport pour les sportifs, l’autopsie d’un expert

De cet accident, tout a été dit ou presque. La presse l’a largement relayé, lui conférant un maximum de résonance. Les autorités semblent avoir été sensibilisées au plus haut point qui ont décrété un jour de deuil national en souvenir des disparus, ce samedi 07 mars. C’est une première et c’est encourageant pour l’avenir.

Cependant, nonobstant tous les aspects positifs que pareille situation a pu générer en termes de commémoration, d’alerte, de sensibilisation et/ou d’assistance, nous estimons que certains aspects qui ont conduit à cette tragédie n’ont pas été clairement énoncés, du premier coup, ou suffisamment mis en relief. C’est entre autres, le nombre de victimes. Beaucoup de chiffres ont circulé. On est allé de quatre morts, jusqu’à plus énorme… vingt-deux et même… 24 ! Ce qui était loin de la réalité. Le bilan retenu à ce jour par la compagnie sécurité routière de Mamou, seule institution en charge du dossier, est de 09 morts et 16 blessés.

Quant aux infractions retenues à l’encontre du conducteur du véhicule accidenté, elles sont au nombre de deux : excès de vitesse et sommeil au volant. Ce sont là, les faits.

Beaucoup de choses se sont greffées autour de cette tragédie qui se sont avérées erronées ou de pure spéculation. Mais, ne nous y attardons point. Il en est ainsi de tous les cas similaires. Aussitôt que le bilan d’un accident est grave ou qu’il concerne des personnes célèbres, c’est tout le monde qui s’émeut à la fois. A juste titre d’ailleurs, admettons-le !

Pour ce cas précis, tous les ingrédients sont réunis pour mobiliser l’opinion : le grand nombre de victimes, leur jeunesse, leur statut de footballeurs bien connus au niveau national, et l’auréole qui les entoure.

Les causes réelles de cet accident

Sans rentrer dans une polémique quelconque, les conclusions de la gendarmerie routière de Mamou sont formelles. On retient l’excès de vitesse et le sommeil au volant à l’encontre du conducteur Oumar Touré qui a malheureusement péri dans l’accident.

Des conséquences qui corroborent les conclusions de la gendarmerie routière

La violence du choc, le bilan corporel, les dégâts matériels considérables enregistrés (la vue de l’épave en fait foi) corroborent largement la thèse de la grande vitesse pratiquée au moment de la sortie de route qui a conduit le minibus, droit sur un arbre situé sur le bas-côté. L’intention ici n’est pas d’accabler qui que ce soit, mais d’essayer de comprendre les faits pour éviter que pareil accident se reproduise.

Ce qu’il faut souligner, c’est que toutes les fois que la vitesse a été associée dans la survenue d’un accident, les conséquences à tout point de vue ont été graves.  C’est connu, un choc à 30 à l’heure n’est jamais comparable à celui à 80 ou 100 à l’heure.

De même, quand un accident se produit, les versions pour l’expliquer sont légion. On a tantôt entendu évoquer une défectuosité du système de freinage. Peut-être, mais cela engage indubitablement la responsabilité du chauffeur ou du propriétaire du véhicule, puisqu’il s’agirait alors d’un manque d’entretien technique obligatoire sur un engin roulant affrété pour le transport d’une équipe de football sur plus de 1300 km en aller et retour. Le moins qu’on puisse attendre d’eux serait qu’ils l’entretiennent correctement avant le départ. En plus, tout porte à croire que ce minibus d’occasion est arrivé chez nous en 2019. Il est immatriculé dans la série A S (RC 0661).

Celui qui cite la rupture du système de freinage, a-t-il eu le temps d’en parler avec le chauffeur pendant que la catastrophe était imminente. Un moment où deux cas de figure peuvent se présenter : soit, tout le monde est pétrifié, sans voix, accroché au fauteuil, attendant le choc fatal ou tout le monde crie au secours ou pleure, pris de panique, tétanisé.

Ce n’est pas de gaieté de cœur que l’on évoque ces situations ultimes et indescriptibles. Et c’est pourtant ce qu’on vit dans les derniers instants avant la survenue d’un accident à grande vitesse. Tout se passe instantanément comme dans un flash. On a l’impression de rêver. C’est pour cela que l’accident est définit par certains comme étant un évènement soudain, imprévisible et non souhaité. Une vraie tragédie !

Ajoutons à cette hypothèse non retenue par le constat, le cas du sommeil au volant cité comme élément causal. La compagnie sécurité routière nous indique n’avoir pas reconstitué le parcours de ce transport sportif depuis son départ de Conakry. La gestion quelque peu remuante de cette catastrophe à Mamou ne leur a pas permis d’avoir un entretien même apaisé avec un quelconque des survivants qui étaient tous en état de choc. Dans tous les cas, des témoignages précisent que c’est la veille, dans la soirée, que le véhicule a bougé pour Kankan. Ce qui signifie que le voyage s’est poursuivi toute la nuit avant d’arriver à Mamou aux environs de huit heures, ce matin fatidique.

L’équipe s’est-elle reposée et restaurée en chemin ? Cette question s’adresse particulièrement au chauffeur dont l’état physique et psychique reste déterminant pour la sécurité du voyage, surtout dans une zone qui ne lui est pas familière.

Autant de paramètres importants à prendre en considération qui, s’ils n’ont pas été correctement remplis, peuvent expliquer qu’il se soit assoupi au volant. Et en pareil cas, un micro-sommeil si fugace soit-il, associé à la fatigue sur terrain inconnu, suffit à provoquer l’accident.

L’argumentaire semble plausible et peut sans doute expliquer le pourquoi de la grande vitesse pratiquée par le conducteur, à la rentrée d’une agglomération et sur terrain pentu et serpentant.

Dans la gamme d’infractions à relever, nous pouvons citer entre autres, la surcharge de passagers et le défaut d’assurance.

Des cas d’accidents similaires se sont déjà produits

Dommage que nous n’ayons pas nos archives sous la main au moment de la rédaction de ce papier. Mais, qu’à cela ne tienne, si la date ne nous revient pas, par contre le fait est avéré et certains parmi nos lecteurs s’en souviennent encore. Nous voulons rappeler avec grande peine et profonde émotion, le triste souvenir des jeunes sportifs qui avaient trouvé la mort dans le district de Maléah, sous-préfecture de Kolenté, à une quarantaine de kilomètres de Kindia. Ils se rendaient à Kankalabé dans la préfecture de Dalaba, pour un tournoi sportif. Sur leur chemin, en pleine nuit, le minibus qui les transportait était entré en collision violente avec un camion roulant en sens inverse. Le bilan avait été effroyable : vingt morts, parmi lesquels un jeune artiste reggae man de renom !

En plus, et comme pour encore remplir le sinistre tableau de décès de jeunes footballeurs, en début janvier de cette année, deux joueurs du Wakiriya football club et leur chauffeur ont péri dans un autre accident survenu à la remontée de la côte de Friguiady, dans la sous-préfecture de Manéah, (Coyah). Ils revenaient d’un tournoi organisé à l’intérieur du pays.

Qu’est-ce qui caractérise le mode de transport de nos sportifs

Le transport des équipes de football a ceci de particulier qu’il réunit des dizaines de jeunes pleins de joie et de santé à bord d’un même véhicule. Il s’agit d’un mode de transport qu’on peut accuser de manquer de tout, sauf d’ambiance. Et c’est justement là que réside l’une des préoccupations à prendre en compte. Ce mode de transport est à l’image de celui que l’on voit chez nous, à l’occasion des mariages ou des campagnes électorales. Sans exagérer le moins du monde, nous devons reconnaître qu’il y a de l’anarchie à bord. Les passagers sont dans une joie exubérante. On chante et on danse à l’unisson et aucune sécurité n’est observée à bord. Rares sont ceux qui occupent un siège fixe.

Pendant le roulage, le conducteur lui-même est contaminé par l’atmosphère ambiante qui prévaut à l’intérieur de son véhicule. On le dope de mots, on le pousse à rouler vite, toujours plus vite et à passer partout, même là où il ne faut pas.

Dans un tel transport, s’il n’y a pas un leader modérateur, le danger est réel, d’autant que l’idée de prudence ou de priorité cesse d’habiter l’esprit des occupants, mais aussi, celui du conducteur qui se croit alors tout permis et roule n’importe comment.

Quelles pistes de solutions pour sécuriser ce mode de transport

A notre humble avis, il faut éviter l’usage des minibus sur lesquels les gens ont tendance à s’asseoir sur le toit, au profit des bus plus sécurisants. Pour réduire les risques, éviter autant que possible les voyages nocturnes au profit de ceux en plein jour. L’idéal serait de se faire escorter par au moins, un agent motocycliste. Si tel n’est pas le cas, briefer alors toujours les joueurs sur les consignes strictes de sécurité à observer à bord du véhicule pendant le voyage. Il faut autant que possible, faire voyager le staff d’encadrement en même temps que l’équipe, ce qui permet d’assurer une meilleure discipline à bord, tout le long du parcours.

Quant au chauffeur, il doit être choisi parmi les adultes les plus expérimentés qui soient.  Il doit, autant que possible, être familier de la zone de destination. Sa marque de référence doit être une prudence rigoureuse dans la conduite et un souci à s’aménager des pauses après chaque deux heures de roulage.

Le véhicule retenu doit être en bon état de fonctionnement et parfaitement en règle du point de vue des documents administratifs. L’assurance et la visite technique sont à exiger.

Ne l’oublions pas, il s’agit du transport de jeunes espoirs du football national et pourquoi pas international, avec tout ce que cela signifie d’éclat, de rayonnement et de grandeur.

Non plus, n’oublions pas que la victoire s’obtient à partir de critères qu’un voyage trop bruyant, une panne ou un accident peut compromettre. Épargnons donc à nos footballeurs tout risque et toute nuisance susceptible de compromettre leur santé, leur équilibre physique et psychologique, leur sécurité.  Nous leur aurons ouvert ainsi, les portes de la victoire.

 

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