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Afrique : la philosophie de leadership qui entoure les succès économiques de Paul Kagamé

S’il existe une personne dont l’œuvre fait couler beaucoup d’encre et de salive, c’est bien Paul Kagamé. Pour les uns, c’est un « messie » du développement économique ; pour les autres, c’est un radical qui viole les droits humains dans son pays.

Au milieu de ces 2 opinions, il y a les faits. Dans un contexte post-indépendance marqué par un bilan mitigé et contrasté en matière de développement économique des Etats d’Afrique, regarder de près le cadre au sein duquel Paul Kagamé est parvenu à obtenir les résultats actuels en matière économique et sociale, s’avère être une option intéressante à bien des égards.

En effet, l’on entend souvent Paul Kagamé dans ses interventions parler de « leadership »

Qu’entend-t-il par-là ? Comment le met-il en pratique ? Cela est-il transposable ailleurs en Afrique et en Guinée en particulier, afin de connaitre les mêmes résultats que le Rwanda ?

Des résultats encourageants en matière de développement économique

Lorsqu’on atterrit à Kigali, en tant qu’Africain, l’on est impressionné par la salubrité urbaine insolente qui la caractérise. En lui seul, ce trait de figure traduit la capacité des autorités rwandaises à bien conduire une politique publique.

Au regard des difficultés que d’autres pays ont à relever ce défi, la prouesse rwandaise s’apparente à de la « magie » tellement cela semble être impossible sous d’autres cieux.

La police est intègre. Les rues sont sécuritaires même à 3 heures du matin. Les hôtels rwandais sont devenus le cadre de grandes conférences internationales. Au-delà d’accueillir des investisseurs potentiels, le pays récolte les fruits de ces IDE (investissements directs étrangers se chiffrant à 254 millions USD selon la banque centrale du Rwanda), marqué récemment par l’inauguration en juin 2018, de la première usine de fabrication de véhicules Volkswagen.

Le gouvernement du Rwanda innove. Dans ses efforts de promotion de la destination « Rwanda » ou « VisitRwanda » le pays a décidé d’allouer un montant d’environ 40 million de USD pour le financement d’un programme de sponsoring du club anglais de football Arsenal.

En retour, c’est le tag « VisitRwanda » qui est marqué sur les maillots des joueurs d’arsenal. L’objectif est d’attirer les touristes internationaux vers le pays des mille collines dont certaines regorgent d’espèces de gorilles qui font le bonheur des touristes occidentaux.

En matière d’égalité des sexes et de la promotion du droit des femmes, le Rwanda est à la pointe du progrès en Afrique. Le président Kagamé a une fois déclaré selon « The Economist » ceci : « Si les femmes opprimées devaient faire la guerre, je leur ferais volontiers passer des munitions, car ce serait une guerre justifiée. »

Cette citation traduit à elle seule la volonté politique qui règne en la matière.

Au-delà du discours, l’union interparlementaire, sur la base des données fournies par les parlements nationaux en 2018, classe le Rwanda au premier rang avec 49/80 sièges occupés par des femmes dans la chambre basse du parlement soit 61.3% et 10/26 dans la chambre haute ou sénat soit 38.5%.

A titre de comparaison, la Guinée se classe à la 86eme place avec 25/114 députés qui sont des femmes soit 21.9%. En 2017, le nombre de centre de lutte contre la violence sexiste opérationnels se chiffrait à 23, afin de sensibiliser la population sur l’importance de la lutte contre la violence faite aux femmes ainsi que sa prévention.

En matière d’atteinte des objectifs pour une meilleure sécurité alimentaire, la coopération néerlandaise qui collabore avec le gouvernement du Rwanda affirme qu’en 2016, le sort de 190000 enfants malnutris a été amélioré notamment dans 10 districts sévèrement atteints. Il est en effet très important de regarder les données concernant l’intérieur du pays, au-delà de Kigali.

Sur le plan de l’amélioration du fonctionnement de la machine judiciaire avec pour objectif de réduire le nombre de dossiers en attente, des efforts importants sont réalisés, en témoigne le taux de 75.8% (48427 cas) des cas de justice qui ont été traités entre juillet 2016 et mars 2017. Cela contribue à améliorer la confiance que les Rwandais ont en leur appareil judiciaire, à la restauration de la justice sociale ainsi qu’a un bon climat des affaires. Il reste cependant des progrès à faire mais la tendance est correcte dans l’ensemble selon le gouvernement néerlandais.

Au niveau de l’agriculture, la Banque Mondiale stipule que sur les 10 dernières années au Rwanda, 1 million de personnes « se sont sorties » de la pauvreté extrême, en capitalisant sur un secteur agricole qui a rapidement progressé. En termes de proportions, entre 2006 et 2011 par exemple, c’est 12% de baisse de la pauvreté résultant d’un accroissement de 35% de la productivité et 10% de la commercialisation.

En 2010, le pays a atteint la sécurité alimentaire. Cela veut dire qu’il produit assez pour sa consommation locale.

Ce secteur compte pour 33% dans le PIB (produit intérieur brut) du pays (8.3 milliards USD contre 6.2 milliards pour la Guinée) contre 20.2 % pour la Guinée en 2016 et occupe environ 79% de la population active du pays et génère 45% des revenus de ses exportations selon la Banque Mondiale.

On voit donc combien, lorsque les programmes avec les bailleurs de fonds tels que l’IDA (Banque Mondiale) sont bien gérés dans un contexte de gouvernance porteuse , les progrès sont rapidement atteints.

Bien que les progrès accomplis soient remarquables, la Banque Mondiale attire l’attention sur le fait que malgré un accroissement du PIB per capita de 5% sur la dernière décade, avec l’accroissement de 2.7% de la population, la progression du taux de croissance du pays doit s’accélérer afin de rendre durables les résultats atteints et permettre ainsi au pays de remplir son ambition d’être une contrée à revenus intermédiaires dans les 10 prochaines années.

Le concept de leadership imparfait ou « flawed leadership »

Avec des leaders comme Paul Kagamé, nous sommes conduits à parler leadership imparfait dans la mesure où certains leaders ont dans leurs personnalités des côtés sombres, comme tout être humain d’ailleurs finalement.

Ce dernier déclare souvent sans ambages ceci : « Je ne suis pas un saint. Je ne cherche même pas à en être un. Cela n’aurait pas de sens. Cela me divertirait de mes responsabilités. Me concentrer à être un saint me conduira à ne rien faire de ce que je dois faire… »

Sur le site consacré à la promotion de sa philosophie du leadership, Paul Kagamé se positionne lui-même sur le « Spectrum »

Dans les réunions publiques qu’il tient avec les membres de l’administration du Rwanda, Paul Kagamé répète souvent ceci : « Les leaders se définissent par la volonté qu’ils ont d’améliorer les choses, ainsi que la discipline qui entoure le travail qu’ils effectuent pour le changement. Aucune quantité de ressource ne suffira si vous ne changez pas d’état d’esprit et ne croyez pas que nous pouvons accomplir des choses et être meilleurs. »

En lisant cette citation, on comprend donc aisément l’état d’esprit qui accompagne le style de management public qui a permis le Rwanda d’être sur la bonne voie en matière de développement économique.

Piliers stratégiques caractérisent la gouvernance Kagamé

En premier lieu, nous avons le discours de l’unité. Il stipule à cet effet ceci : « Le vrai leadership, c’est l’expression d’une approche commune à travers laquelle le peuple à tous les niveaux de la société et au sein des organisations, imaginent le changement positif et prennent la responsabilité de se changer eux même ainsi que leurs communautés. »

Ce discours est fort en ce sens où il appelle au partage de la responsabilité du travail à accomplir entre lui le leader et le peuple. Il dit en d’autres termes qu’il ne peut réussir tout seul à faire progresser son pays si chaque Rwandais ne pense pas ni ne fait comme lui. Il y a donc ici l’idée de leadership partagé avec le peuple que nous aborderons plus loin. Ce concept est à mettre en lien avec la parole de l’ancien président américain John Fitzgerald Kennedy qui a laissé en héritage a la postérité le fameux : « ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays. »

Sous d’autres cieux en Afrique, les leaders commettent l’erreur de tout porter sur leurs épaules en ayant la promesse facile sans pour autant tenir le langage de vérité à leurs peuples qui consiste à dire que rien ne peut marcher sans évolution des mentalités et des manières de faire. De ce point de vue, Kagamé devrait inspirer.

En second lieu, il y a l’égalité des sexes que nous mentionnions plus haut. L’idée ici pour Paul Kagamé est de dire que l’on ne peut développer un pays avec la moitié de ses membres. Il promeut donc l’utilité qu’il y a à ne pas discriminer les femmes en matière de droits à l’éducation, l’entreprenariat, et la prise de décision en général.  « Plus nous incluons les femmes dans notre processus de développement, mieux nous nous porterons »

En troisième lieu, il y a le leadership partagé. Lors de son discours d’adresse à la Nation le 21 décembre 2015, le président Kagamé a réitéré sa vision que nous abordons ici en ajoutant ceci : « ceci n’est pas une vision qui peut être mise en œuvre par un gouvernement de manière isolée, ou venant de l’extérieur, encore moins par un président. Cela requiert les efforts entiers de tous, et la participation de chacun d’entre nous a tous les niveaux de la société. »

Tel un chef d’orchestre, il donne toujours dans ses actes et ses discours, le sentiment d’appropriation des rwandais, suscitant ainsi l’adhésion de ces derniers. Et très souvent, il leur rend grâce en affirmant que « sans eux, rien de tout cela ne serait possible ».

Au regard de ce qui a été dit, l’on constate donc combien de foi l’approche de gouvernance du développement économique du Rwanda résulte de la vision et de l’état d’esprit de celui qui le conduit et la capacité que ce dernier a suscité l’adhésion de son peuple. A l’image des grands capitaines d’industrie des multinationales qui font le capitalisme global, Kagamé dirige Rwanda Inc. avec l’art et la manière qui sied aux pratiques managériales modernes.

Il est possible pour les autres Etats africains dont la Guinée de s’en inspirer et réussir leur pari du développement.

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