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Agriculture : le président de la chambre régionale de Labé évoque des problèmes

« L’agriculture se porte assez bien … parce qu’elle est manuelle. Nos paysans travaillent avec la daba »

En marge d’une visite éclair effectuée à Lélouma, ce mardi 16 juillet 2019, dans le cadre de la promotion de l’utilisation des engrais biologiques, la rédaction locale de Guineenews© s’est entretenu avec le président de la chambre régionale de l’Agriculture par rapport à la situation du secteur agricole dans la région administrative de Labé.

Entre faible rendement de la productivité, le manque de moyens de la chambre régionale et le déficit de conseillers agricoles, le Dr Diouldé Taran Diallo est largement revenu sur ces aspects.

Guineenews©  : vous êtes le président de la chambre régionale d’agriculture. Comment se porte aujourd’hui ce secteur au niveau de la région administrative de Labé ?

Diouldé Taran Diallo : l’agriculture se porte assez bien. On ne peut dire bien, on ne peut dire très bien parce qu’elle est encore une agriculture manuelle. Elle n’est pas mécanisée. Donc, nos paysans travaillent avec la daba et sur tous les sols. Que ça soit dans les bas-fonds, sur les montagnes. C’est toujours la daba. Donc on n’a pas beaucoup de rendement. C’est pourquoi je dis que l’agriculture se porte assez bien. Parce-que traditionnellement jusque-là nous sommes encore avec la daba. Il y a le manque de la mécanisation. Sinon, les agriculteurs sont là, les paysans aussi mais pas de relève. Tous les jeunes sont partis en fuyant d’ailleurs la majorité des cas cette daba. C’est ça l’exode rural, c’est ça aussi la migration. La daba fait mal. Mais ceux qui sont encore là sont cramponnés
sur cette agriculture avec laquelle ils ont trouvé leurs parents.

Guineenews©  : le Fouta est généralement réputé dans la production de la pomme de terre. Mais il se trouve que ces dernières années, les producteurs ont été fortement éprouvés par des maladies qui ont anéanti des champs entiers de pomme de terre. Qu’en est-il aujourd’hui de cette culture ?

Diouldé Taran Diallo : il y a une maladie qu’on appelle mildiou dont on parlait. Mais il y a aussi l’itinéraire technique des variétés que les producteurs étaient en train de semer, était méconnue. Certaines variétés étaient sélectionnées ici après la récolte. On prenait les plus petites pour dire qu’on va les garder pour la semence, et d’autres sont importées. A cela s’ajoute la partition de la pluie et finalement il y a eu cette maladie, le mildiou. On ne savait plus à quel saint se vouer. Mais actuellement, on a presque réussi à combattre ça pour cette année. Les deux dernières années, il y a eu vraiment une catastrophe.

Guineenews© : N’avez-vous pas des techniciens agricoles sur le terrain pour épauler les producteurs dans leurs différentes activités de production ?

Diouldé Taran Diallo :  les techniciens se disent de l’État. Ils disent aussi qu’ils n’ont pas les moyens d’être sur le terrain. Ça aussi, c’est une réalité. C’est pourquoi, certains agriculteurs se concertent entre eux et échangent leurs expériences. Même pour se déplacer et aller vers ces techniciens, cet esprit manque.  La sensibilisation manque auprès des paysans pour qu’ils sachent qu’il faut aller chercher le technicien pour se conseiller. Ces techniciens sont là mais ils ne sont pas suffisants.

Guineenews© : donc, il y a un déficit de techniciens agricoles dans la région administrative de Labé ?

Diouldé Taran Diallo : en fait, c’est une réalité. Il y a des vieux qui sont retraités, des jeunes qui ne sont pas engagés. Et même ceux qui ont l’expérience n’ont pas les moyens d’aller vers les paysans. Ce n’est pas donc toutes les sous-préfectures ou même certaines préfectures qui sont servies en conseillers ou techniciens agricoles.   Ils ne sont pas nombreux. Il n’y a pas de recrutement, ça vieillit et ça s’éteint. Donc les paysans ne sont pas techniquement assistés. Nous avons le souci que nos paysans réussissent mais nous n’avons pas la main mise ou nous ne pouvons pas régulièrement récupérer le technicien pour suivre nos paysans.

Guineenews©: aujourd’hui, quelle est la stratégie qu’il faut adopter pour un meilleur rendement de la culture de pomme de terre au niveau de la région administrative de Labé ?

Diouldé Taran Diallo : pratiquement, il n’y pas de stratégie. Nous n’avons pas de moyens. Nous ne pouvons que de les encourager. Ce que l’État met à notre disposition, c’est les engrais mais l’assistance technique, on est en liaison avec la direction régionale d’agriculture mais on a un problème à tel lieu de vulgarisation de telle ou telle plante. On ne peut recevoir suffisamment d’appui. Donc, si on a une stratégie, c’est toujours celle de la sensibilisation et de la conviction. Convaincre nos paysans qu’on ne peut pas travailler sans techniciens mais s’il n’y a pas de techniciens, il se font entre eux la technique. Celui qui réussit dira voilà ce que j’ai fait pour réussir. L’État n’appuie pas financièrement la chambre pour ça.

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