Dernières Nouvelles de la Guinée par les Guinéens
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Alerte : à vos lances, pompiers !

Voilà qu’à nouveau, notre pays se retrouve au carrefour de son destin. Point besoin d’être alarmiste, politologue, constitutionnaliste ou fieffé militant de parti politique pour s’en rendre compte. Il suffit juste que l’on soit observateur attentif, que l’on dispose du recul permettant de comparer les époques successives qui ont marqué l’histoire du pays et que l’on ait, ne serait-ce qu’une once de ‘’souci citoyen’’ pour le devenir de sa patrie.

Nous voulions juste tenter de produire une tribune, un papier de fond qui amène à réfléchir et c’est à une complainte que nous aboutissons. Mais, qu’à cela ne tienne, puisque ce résultat  recoupe notre objectif qui est de sensibiliser, de toucher les cœurs et les esprits, de tempérer les ardeurs et apaiser les extrémistes de tous bords. Notre ardent désir est de ramener tous les irréductibles et autres pyromanes à de meilleurs sentiments, à plus de  raison et de modération. Nous voulons juste lancer l’alerte, chercher à limiter les excès, pendant qu’il est encore temps!

La Guinée a beaucoup changé

Eh, oui, ce beau pays, cette chère Guinée de nos souvenirs, a beaucoup changé ! A peine connaissons-nous cette terre, jadis réputée pour son hospitalité légendaire, ce havre de paix qui a toujours servi d’accueil et de refuge pour tous ceux qui sont persécutés de par le monde. Elle est loin, cette terre de solidarité active qui n’a jamais hésité, même au prix du sang versé de ses fils, à s’engager résolument, aux côtés des peuples africains en lutte pour leur indépendance.

Ces guerres ouvertes et féroces, la Guinée les a menées, avec le maximum d’engagement et de détermination. Sans réserve aucune. Sur les théâtres d’opérations, comme sur les lignes arrière. Les moyens logistiques et le soutien politique ou diplomatique n’ont guère manqué. Tout était gracieusement disponible pour les combattants de la liberté engagés sur les champs de bataille, à travers le continent.

Un pays toujours cité en exemple

 Au-delà et dans tous les domaines de la vie des peuples, notre pays a toujours été porté au fronton de l’exemplarité et de la célébration. Un bilan élogieux, rendu possible grâce à la cohésion et à l’unité d’action de toute la nation. Partout, à travers le monde, la Guinée, fière de son passé glorieux, avait rayonné. Que ce soit sur le terrain politique et diplomatique, celui des arts et de la culture, du sport et de la défense de la souveraineté. Elle a partout été présente et a servi d’exemple.

Summum de preuve, s’il en était besoin, la Guinée, n’a-t-elle pas déclaré être prête à hypothéquer sa propre souveraineté au profit de celle des autres États africains, si nécessaire ?

Il n’y a pas meilleur exemple pour témoigner de la solidarité agissante d’un pays à l’endroit d’un autre, de son engagement pour la cause commune.      C’est tout cela qui a fait de nous, cette vitrine que tous les peuples épris de paix et de justice, à travers le monde, ont admiré et salué.

Sommes-nous en train de reculer ?

Hélas, depuis peu, ces acquis nobles et glorieux sont en train de vaciller. Des indices très perceptibles qui ont cours actuellement, nous alertent et nous interpellent. Tout semble indiquer que le moment est grave. Nous semblons aller droit dans le mur. Les lendemains de l’élection présidentielle n’ont pas été aussi apaisés qu’on l’espérait. Aux stigmates bien visibles que les heurts consécutifs au vote ont généré, (destructions diverses et incendies) sont venues s’ajouter des polémiques politico-verbales et juridiques, assez tendues. Le tout se jouant sur fond de rhétorique martiale, aux intonations menaçantes voire agressives. Des déclarations et actions pour le moins péremptoires et anxiogènes fusent de part et d’autre des camps des protagonistes du débat électoral. Nous ne nous sentons pas très tentés de reproduire ici toute cette littérature aux intonations peu amènes, belliqueuses et souvent outrageuses. Encore moins à ressasser tous les soubresauts pénibles ayant marqué notre histoire récente, d’empreintes douloureuses, indélébiles.

Il nous faut surmonter les écueils et avancer

Toujours est-t-il que, malgré l’intensité de la crise, nous ne perdons pas espoir qu’elle puisse se résorber. En termes  d’épisodes gravissimes et douloureux, notre pays en a déjà vu d’autres, depuis son indépendance en 1958. Grâce à Dieu, il s’en est toujours sorti, à bon compte.

L’optimisme demeure, même s’il ne se résume qu’à une once, qui fonde le doute ravageur des pyromanes. Et c’est tant mieux, car il nous laisse, au moins, entrevoir une piste de solution, si petite soit-elle.

Nous devons d’abord intégrer et nous convaincre que rien de bon, de solide et de durable ne peut être construit, sans la stabilité et la justice. C’est pourquoi, nous devons commencer par atténuer, voire mettre fin, à toutes ces rhétoriques de type ‘’va-t-en guerre’’, stigmatisant,  haineux ou clivant. N’oublions jamais l’adage qui dit qu’« il y a l’animal de l’eau, jamais l’animal du feu ». Une façon de nous rappeler que nous n’avons rien à gagner à laisser les pyromanes faire usage de leurs brûlots. Il nous faut plutôt, tous ensemble, réagir sans tarder pour désamorcer le cataclysme profond qui guette notre pays. Nous devons agir sans tarder pour le stabiliser et le ramener là où il devrait être pour se développer.

L’histoire nous décrit des exemples qui font méditer

Pour le réussir, la résilience est à notre portée. Il n’y a rien qu’elle ne puisse surmonter. Des exemples qui  l’attestent, foisonnent à travers le monde. Nous n’en citerons qu’une infime partie: les guerres de conquête, les guerres religieuses (la croisade), les guerres germano-françaises, la guerre de sécession en Amérique, les deux guerres mondiales, l’extermination des  juifs, les conflits sino-nippon, les bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les guerres d’indépendance, toutes époques confondues : Algérie, Vietnam… La guerre en Afghanistan, la guerre du Katanga au Congo,  celle de l’apartheid en Afrique du sud, de sécession du Biafra au Nigéria, le conflit israélo-palestinien, la guerre des six jours, la guerre du Soudan, les guerres du Libéria et de la Sierra-Léone, les agressions contre notre pays (portugaise en novembre 1970 et rebelles en 2000), etc. La liste est loin d’être exhaustive.

Aujourd’hui, les contentieux et préjudices majeurs résultant de tous ces conflits violents  et destructeurs ont été, pour la plupart, soldés. On en parle comme des faits d’histoire ayant jalonné la vie des peuples, dans leur évolution historique. Ces pays, auparavant ennemis irréductibles, ont fini par faire la paix ou s’activent intensément à le faire.  Cela n’a été possible que par le dialogue, la négociation, l’écoute de l’autre…

La résilience, un atout majeur

La France et l’Allemagne sont d’intimes alliés au sein de l’Union européenne. L’Allemagne et Israël surmontent les conséquences  odieuses et innommables du crime de la Shoah, de l’époque nazie. Il en est de  même entre l’Amérique et le Japon, quant à Pearl Harbour et les bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki. Nelson Mandela, devenu Chef de l’Etat, a reçu à sa table, son geôlier dans la lugubre prison de Robben Island où il a passé 26 années de sa vie. Que de tolérance et de résilience il a fallu pour en arriver là, que d’exemples de grandeur et d’humilité ! Et nous sommes  parfaitement capables de faire pareil.

Notre capacité à faire de même existe

L’artiste émérite Sory Kandia Kouyaté a réussi le tour de force de réconcilier ici-même, au Palais du Peuple, les présidents Sangoulé Lamizana de Haute-Volta (actuel Burkina-Faso) et Moussa Traoré, du Mali. Une guerre fratricide, ouverte, s’était déclarée entre ces deux pays voisins, à cause d’un conflit frontalier sur la bande d’Agacher, riche en minerais.

Là où la diplomatie était balbutiante à chercher les stratégies qu’il fallait pour y mettre fin, la voix et les mots de Kandia ont suffi.

Sa musique, mais surtout la profondeur de son message que sa voix magique portait au firmament, ont sublimé l’instant et profondément marqué les deux Chefs d’Etats. Si bien et si intensément, qu’à un moment donné, on les a vus se lever chacun de son côté, spontanément, comme attirés l’un vers l’autre, pour se donner une longue accolade empreinte d’émotion et fortement applaudie. Cela, devant leur hôte, le Président Ahmed Sékou Touré.  Leur conflit s’arrêta là et la guerre avec. Un instant historique, comme seul Dieu peut en faire. Pour peu que les hommes en formulent le vœu sincère et profond.

Pareils exemples jalonnent notre histoire

Revenons à notre propre histoire pour parler de nos relations avec notre ancien colonisateur. Certes, des péripéties douloureuses et violentes ont jalonné le parcours de notre pays après son ‘’non’’ historique du 28 septembre 1958. Nous étions loin de croire à toute idée de réconciliation possible avec l’ancien colonisateur qui n’a eu de cesse de nous faire payer ‘’l’outrecuidance’’ de notre choix pour l’indépendance, lorsque, dix-neuf ans après, en 1977,  le jour de la célébration du triplé du Hafia Football Club, au stade du 28 septembre, notre Président a annoncé le rétablissement de nos relations, longtemps rompues, toujours houleuses, avec la France.

Par la même occasion, il a été mis fin à la  brouille qui existait entre notre pays et ses deux voisins (Sénégal et Côte d’Ivoire). Depuis lors,  nos liens avec eux se développent sans cesse.

Investissons-nous sur la base de nos valeurs propres

Remettons cette dynamique sur pieds. Nous ne manquons pas d’institutions  ou de personnes ressources à mettre à contribution pour l’animer. Pour ce faire, nous avons les ressources humaines nécessaires. Des personnalités aptes et consensuelles qui peuvent et doivent s’activer, sans attendre. Certaines d’entre elles, en raison de leurs qualités unanimement reconnues au-delà de nos frontières, sont régulièrement sollicitées pour gérer des questions particulièrement sensibles à travers le continent.

Ainsi donc, les parties en contradiction chez nous ont beau s’arc-bouter chacune sur ses positions, un de ces acteurs consultés pourra bien trouver le mot juste pour faire fléchir les plus tranchées d’entre elles.

Nous osons l’espérer, surtout lorsqu’on aura mis à contribution, non seulement les politiciens et les représentants des institutions, mais aussi et surtout une foultitude de cadres et citoyens humbles, discrets et effacés, à la limite de l’anonymat, mais qui restent néanmoins des personnes-ressources déterminantes. Parmi elles et malgré qu’en général on les exclut toujours de pareil débat, il y en a de très consensuelles et crédibles et qui ont surtout, l’entière confiance des parties au conflit.

Un appel pressant est lancé au département de la citoyenneté, au médiateur de la République, aux politiques, aux législateurs, aux universitaires, intellectuels, religieux, artistes, sportifs, traditionalistes, représentants de la société civile, ONG  et à tous ceux qui se sentent aptes à apaiser la cité. De paix et de justice, nous en avons un urgent besoin !

L’optimisme est permis

Voir cette grave situation débloquée, gérée et contenue, sans contrainte aucune, voir le tissu social reconstitué et solidifié, voir toutes les sources de heurts et de préjudices  annihilées à jamais, reste le rêve de chacun de nous.

Nos devanciers nous ont légués un pays uni, admiré et respecté. Rendons-le encore mieux qu’il n’était, pour nos enfants !

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