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Alpha Condé titille la Police, blâme la magistrature et tresse des couronnes à l’Armée

« La quatrième République, c’est une nouvelle Guinée. Je n’emploierai pas un mot, parce que ça laisse parfois de mauvais souvenirs, sinon, j’aurais parlé de conversion mentale. Mais pour qu’on ne m’accuse pas de revenir à la première République, je parle de changement de mentalité. Mais c’est la même chose. Il faut que les Guinéens sachent qu’il faut changer de comportements ».

Ce sont là des propos tenus en substance par Alpha Condé ce samedi 5 décembre 2020, au Port autonome de Conakry où il officiait la cérémonie de mise en service des scanners mobiles, en vue de rentabiliser davantage le port. Et comme il sait bien le faire, le chef de l’État a dédié un pan de son speech à la Police qui, de son constat, ne jouerait pas pleinement son rôle.

« La Guinée est devenue comme une jungle où chacun se permet de se rendre justice ou de faire n’importe quoi. Vous pouvez garer au milieu de la route et vous mettre à bavarder pendant que les autres attendent. Il y a aussi des policiers, au lieu d’assurer régulièrement le trafic, passent le temps à racketter. Ce qui crée des embouteillages. Donc, le redressement concerne tout le monde, et les services de sécurité », a-t-il annoncé.

Toutefois, Alpha Condé s’est félicité de la « réforme » opérée au sein de l’Armée. « Aujourd’hui, dira-t-il, nous sommes fiers de notre Armée, mais il reste encore beaucoup à faire au niveau des services de police. Là aussi, nous allons faire des réformes. Nous allons faire en sorte que les policiers soient suffisamment payés. Donc, celui qui fera un racket n’aura plus raison ».

S’agissant de la magistrature, le président de la République a annoncé les mêmes réformes au sein des magistrats du pays. Et d’ailleurs à ce propos, Alpha Condé a déclaré s’être fait interroger par des diplomates qui lui auraient demandé comment veut-il que les magistrats ne soient pas corrompus s’ils touchent à peine 100 dollars.

« Nous avons négocié et multiplié le salaire des magistrats à plus de 5. Malgré cela, il y a encore des problèmes au niveau de la magistrature. Mais là aussi, je préviens les juges. Nous allons changer la loi organique qui permet de ne pas dire qu’un juge a été sanctionné. Or, un juge n’est pas différent d’un enseignant. Mais ils se sont arrangés, parce qu’ils étaient nombreux dans la rédaction de la Constitution qui a été faite n’importe comment par la Société civile pour dire que quand un magistrat est sanctionné, ça ne doit pas être publié. Nous allons changer cette loi organique. Et tout magistrat qui sera rétrogradé ou sanctionné, le peuple le saura. Car, on ne peut pas développer notre pays si on n’a pas une véritable justice », a-t-il fait noter.

En bon dénonciateur d’un système dans un pays dont lui seul préside aux destinées, Alpha Condé a dit que la Guinée reste le seul pays où une banque porte plainte contre son client. Et c’est le client qui gagne.

« Pourquoi ? Parce qu’il a corrompu le juge. Et la Guinée est le seul pays où les juges se permettent de condamner le gouvernement sans informer l’agent judiciaire qui doit défendre l’Etat. Tous les jugements qui sont rendus sans que l’agent judiciaire n’ait été touché et qu’il n’ait eu le pouvoir de défendre l’Etat, tous ces jugements seront annulés », a juré le chef de l’Exécutif.

Le Paradoxe

A écouter le discours d’Alpha Condé qui cause du tort à la Police, l’on est tenté de se demander ce qu’aura véritablement été l’apport du Projet d’appui à la réforme du secteur de la police (Parss) dans la qualification des opérations d’intervention des agents de sécurité. Ce projet, mis en place le 24 février 2015, est arrivé à son terme le mardi 22 janvier 2019.

Au cours de la cérémonie organisée alors à cet effet, le président de la Commission technique de suivi (Cts), Dr Diéliman Kouyaté, avait indiqué ce jour que le Parss, dont la mise en œuvre a duré 48 mois, aura permis de marquer le retour de la Guinée sur la scène internationale, notamment à travers un espace de paix et de sécurité marqué par la réconciliation de l’Armée avec la population dont elle a la charge de protéger.

« Le Parss a été d’une utilité essentielle, parce qu’on peut parler aujourd’hui de bilan de la réforme du secteur de sécurité initié par le président de la République. Il a participé à l’accompagnement sous les deux axes essentiels de la réforme du secteur de sécurité portant notamment sur l’élaboration et la conception de l’appropriation des documents-cadres de la réforme du secteur de sécurité, tout en aidant à redéfinir un cadre légal, institutionnel, réglementaire ayant permis d’établir le lien entre la sécurité et le développement. Parce qu’il n’y a pas de développement sans sécurité. Il n’y a pas de sécurité non plus sans paix. Le Parss a donc été présent aux côtés de la Guinée, pour nous aider à revenir aujourd’hui dans un État sécuritaire appréciable », se réjouissait-il il y a un an.

Financé par l’Union européenne à hauteur de 7,2 millions d’euros, le Parss a appuyé les efforts du gouvernement en matière de consolidation de l’Etat de droit, de gouvernance, de promotion des principes démocratiques et de protection des droits humains, avec pour objectif de contribuer à la pérennisation d’un climat social, économique et politique pacifié en améliorant la provision de sécurité à la population, dit-on.

Le  programme aura également permis de produire un document dressant la cartographie du dispositif sécuritaire de la Police et de la Gendarmerie sur l’ensemble du territoire national. Et en guise d’accompagnement pour la préservation de tous ces acquis, l’Union européenne avait annoncé la mise à la disposition de la Guinée d’une enveloppe financière de 9 millions d’euros, soit 90 milliards GNF.

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