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Après avoir perdu son premier enfant, malgré le COVID-19, Sitan décide cette fois d’éviter le pire

Sitan est une jeune femme mariée à un très jeune âge. Elle rêvait d’être juriste, mais fort malheureusement elle quitte les bancs de l’école au collège.

Assise dans son lit d’hôpital pendant que son bébé de trois mois dort encore, Sitan est concentrée, pensive, sur son téléphone, elle partage la même cabine que Finda qui allaite son enfant tout en se ventilant avec un éventail en cette période de chaleur.

Alors que le médecin nutritionniste fait son dernier tour de visite aux malades, il remarque une chose étrange chez Sitan qui, la tête baissée, laisse couler des larmes « J’ai perdu ma première fille il y a deux ans, c’était une jolie fille, elle est morte 4 mois après sa naissance. Mon mari qui est tradipraticien avait refusé de l’amener à l’hôpital ; il lui a administrée des talismans et finalement elle a eu des complications et elle a rendu l’âme. Quand je pense encore à cela, j’ai un profond regret et c’est pourquoi mes larmes coulent docteur » explique Sitan avec beaucoup de chagrin.

En Guinée, la mortalité maternelle et infantile reste encore très élevée. A cela s’ajoute, le système de santé guinéen qui a été mis à mal par l’épidémie d’Ebola en 2015 et aujourd’hui, l’apparition du COVID-19 en début mars 2020 dans le pays, autant de circonstances qui font qu’il y a de plus en plus de réticence des populations à rallier les centres de santé ou les hôpitaux pour une prise en charge médicale adéquate.

Reportage INSE
UNICEF Guinee/ A. S. Diallo

« Quand cette fois mon enfant est tombé malade, mon mari voulait lui donner des médicaments traditionnels à boire comme pour mon premier enfant. Cette fois-ci, j’ai refusé parce que j’ai compris que mon enfant court un gros risque pour sa survie. C’est ainsi que j’ai décidé d’amener mon enfant à l’hôpital sans son consentement » poursuit Sitan d’une voix déterminée.

Le paludisme reste la première cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans, mais au niveau national, la prévalence de la malnutrition aiguë globale chez les enfants de moins de 59 mois est de 9% dont 4% pour la forme sévère.

Cette fois, l’enfant de Sitan a échappé de justesse à la mort. Cette décision que Sitan a prise toute seule lui a permis de faire hospitaliser son enfant qui souffre de méningite. Après 21 jours de prise en charge à l’institut, elle pourra rentrer à la maison avec son bébé.

La réticence de la population, pendant ce temps de COVID-19, d’amener les enfants et les nouveau-nés dans les centres de santé spécialisés, interpelle à plus d’un titre les organisations de promotion des droits de l’enfant en Guinée.

Reportage INSE
UNICEF Guinee/ A. S. Diallo

Pour sa part, afin de réduire considérablement le taux de mortalité infantile, l’UNICEF a appuyé la mise en place de 19 coins de nouveau-nés dans le pays. « Les coins de nouveau-nés sont des unités installées les salles d’accouchement qui sont équipées de matériels de prise en charge. 17 maternités ont été connectées à l’énergie solaire pour faciliter l’accouchement des femmes et le transfert des nouveau-nés vers l’Institut de Nutrition et Santé de l’Enfant avec moins de complications grâce à un appui de l’UNICEF » nous apprend Dr Ibrahima Sory DIALLO, Directeur Général de l’INSE.

En cette période de COVID-19 où la réticence de la population s’accentue de plus en plus, le gouvernement et ses partenaires unissent leurs efforts pour renforcer les campagnes de plaidoyer, de sensibilisation et de communication avec l’implication des médias pour lever le doute au sein de la population. Ce qui contribuera certainement à réduire le taux de mortalité infantile en Guinée.

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