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Audit du fichier électoral Guinéen: les résultats publiés par la CEDEAO ne concilient pas les positions

Les résultats de l’audit du fichier électoral guinéen publiés ce mercredi par le commissaire aux Affaires Politiques, Paix et Sécurité de la CEDEAO de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne permettent pas d’aplanir les divergences entre les acteurs politiques du pays. En témoignent ces réactions croisées des représentants du Parti des démocrates pour l’espoir (PADES), de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), tous deux de l’opposition, ainsi que celle  du RPG Arc-en-ciel au pouvoir que Guineenews vous propose.

Ibrahima Camara (PADES)

« C’est d’abord le comportement de ceux qui nous ont invités ici. Nous avons été comme des spectateurs qui ont été ignorés par la CEDEAO et aussi par la CENI. Ils ont présenté des chiffres. Ils n’ont pas voulu entendre la réaction des partis politiques. Ils ont préféré s’adresser aux journalistes. C’est-à-dire que c’est un monologue. Nous avons assisté ici à un monologue. Et vraiment, personnellement je suis déçu. Si c’est comme ça que la CEDEAO travaille sur les pays, franchement, je comprends que la CEDEAO ne peut pas résoudre les crises en République de Guinée, la CEDEAO ne peut pas empêcher ou prévenir (les crises ndlr). C’est le sentiment là que j’ai. Et je pense que la plupart des participants, dès que le général a commencé, se sont dit mais qu’est-ce qu’on fait ici ? Je ne suis pas satisfait de la forme. (Sur la qualité du travail, ndlr), la Cour constitutionnelle et la CENI sont entrées dans une sorte de conspiration pour empêcher l’électeur guinéen de voir l’affichage des listes électorales, pour savoir est-ce que tous les électeurs qui sont passés devant la machine ont leurs noms, leurs photos, pour d’éventuelles corrections. Cette correction a été donc occultée par la Cour constitutionnelle et la CENI. Comment voulez-vous qu’on ait confiance à ces gens là ? C’est cela au fait. (…) ils ont éliminé les mineurs mais ils n’ont pas pu éliminer en fait ceux qui sont décédés, les détenus n’ont pas été éliminés (…), nous n’avons pas confiance en la CENI (…)»

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Cellou Baldé (UFDG)

« C’est un sentiment de déception qui m’anime maintenant, au sortir de cette rencontre là (…). Ils sont venus nous jeter à la figure des chiffres sans permettre qu’il y ait de débats autour de ça, pour savoir au moins quelles sont les réserves que nous avons en tant que parties prenantes majeures. Quand vous remontez à l’histoire récente du fichier électorale guinéen, il y a eu des accords politiques en 2016 qui ont demandé que ce fichier soit audité pour qu’il soit rendu fiable. Pour qu’il y ait un minimum de consensus entre les acteurs politiques guinéens autour du fichier électoral. Ce qui a été fait. Et des recommandations ont été formulées. Et en dépit du fait que des recommandations ont été formulées, la CENI a biaisé le processus.  Ce qui justifie qu’à l’issue de l’enrôlement de 2019, nous avions plus de 8 millions et quelques électeurs bruts. Après  un premier travail, ils sont revenus à 7 500 000 et quelques. Les griefs que nous avions émis ont été repris par l’Organisation Internationale de la Francophonie. Après également par la CEDEAO. L’histoire de 2 400 000 électeurs, aujourd’hui c’est évident qu’il y a eu un travail qui a été fait par rapport à ça. Il y a eu un travail qui a été fait par rapport au dédoublonnage. Il y a eu un travail qui est fait pour l’extirpation de quelques mineurs parce que c’est un module de détection basé sur un seuil de probabilité qui a été utilisé. Mais aujourd’hui, ce que nous déplorons, c’est que d’abord ce travail d’accompagnement que la CEDEAO a eu à faire auprès de la CENI est très solitaire. Nous n’avions pas connaissance des termes de référence. Nous n’avions pas été associés de près ou de loin. Aujourd’hui, la finalité du travail qui a été fait viole systématiquement le code électoral de notre pays et viole le protocole additionnel de la CEDEAO. Vous savez que dans les conditions normales, une fois que le fichier général des électeurs est établi, il doit être affiché pour permettre à tout électeur de savoir s’il est correctement inscrit sur la liste électorale ou pas. Et s’il ne l’est pas, il fait les recours auprès de la CENI ou bien auprès du tribunal de première instance compétent. Aujourd’hui cette étape a été carrément supprimée. Ce qui fait que sur le terrain, il ya beaucoup de Guinéens qui ont été correctement enrôlés en 2019, qui ont été enrôlés en 2020, qui détiennent des récépissés mais qui ne se retrouvent pas sur la liste électorale. L’autre élément c’est quoi ? Par rapport à l’utilisation des attestations contresignées, plus de 2 millions d’électeurs ont été enrôlés sur la base d’attestations contresignées. Aujourd’hui, nous comprenons aisément pourquoi dans les fiefs du parti au pouvoir les statistiques sont gonflées. C’est parce que des administrateurs territoriaux indélicats, avec des commissaires complices sont allés contresigner des attestations pour les militants du parti au pouvoir. Ce qui fait que les statistiques sont gonflées à ce niveau là. L’autre aspect que j’ai déploré, le commissaire Béhanzin pour qui j’ai beaucoup de respect, au lieu de demander une minute de silence à la mémoire des victimes des violations des règles démocratiques et de la constitution de notre pays, parce qu’il y en a eues  une centaine qui sont tombées depuis que le combat a été commencé par le Fncd (…), c’est de jeter des fleurs à monsieur Alpha Condé. Cela n’est pas son rôle dans un cadre comme ça où on audite les travaux du fichier électoral.

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Morissana Soumaoro (RPG Arc-en-ciel)

« C’est un sentiment de satisfaction. La venue de la CEDEAO pour travailler sur le fichier électoral guinéen c’est suite aux multiples revendications de l’opposition guinéenne. C’est pourquoi la CENI a adressé un courrier à la CEDEAO pour qu’elle travaille sur le fichier et le rendre propre et acceptable pour tout le monde. Mais malheureusement, nous avons une opposition qui n’est pas prête à accepter ce fichier à moins que ce fichier soit confié peut-être à Elhadj Cellou et sa famille… vous le savez très bien. Quel est le district de la Moyenne Guinée qui est le fief de l’Ufdg, qui a plus de 5000 habitants?   Quel est le district de la Moyenne Guinée qui attire tous les guinéens ? Il n’y en a pas, alors que la Haute Guinée, la région de Kankan est une zone agropastorale, est une zone minière. Mais pourquoi on s’attaque à la Haute Guinée alors que Ratoma aujourd’hui dépasse Matoto? Matoto est la première circonscription électorale en Guinée ; mais sur ce fichier, Ratoma a plus d’électeurs que Matoto. Pourquoi on n’en parle pas ? Chaque fois qu’on parle du fichier, on parle de l’enrôlement massif en Haute Guinée,  alors que vous savez que ce travail a été boycotté par l’UFDG et son clan. Ce travail a été violenté par l’UFDG. Aujourd’hui, qui a triché pour que les femmes guinéennes deviennent 53%  sur ce fichier ? Personne n’a triché parce que les femmes sont sorties massivement pour se faire recenser (…) »

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Propos recueillis et transmis par Thierno Souleymane 

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