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Boffa: à la découverte du port négrier de Dominghia

Dominghia est un quartier périurbain relevant de la commune urbaine de Boffa. Situé à environ 4 kilomètres du chef-lieu de la préfecture, le nom de cet endroit touristique reste très significatif dans l’histoire de la traite négrière en Guinée.

En ce sens qu’il a abrité un port d’où partaient les esclaves pour l’île de Gorée, au Sénégal avant d’être acheminés vers la Caroline du Sud en Amérique pour un voyage sans retour. Ici, durant des années, furent déportés des milliers de personnes pour être exploitées dans les plantations en Amérique.

Sur le site où nous nous sommes rendus, des traces d’hommes forts ici issus des colons et des noirs, avec ces édifices historiques, sont bien perceptibles. Déjà à l’entrée, dresse encore un grand bâtiment servant, à l’époque, de dortoirs par-ci, et de bureaux par-là, nous apprend-on. A gauche, un grand fromager ayant résisté à l’usure du temps, surtout par ces moments où les grands arbres se comptent sur les doigts d’une main.

Selon Mamadouba 1 Camara, ce port s’appelait PZ, tiré de l’initiale du nom de Paterson et Zoquinus, ces deux personnes qui y exerçaient le commerce, notamment à travers le système de troc, avant de passer des années après au second type de commerce, c’est-à-dire, produit contre argent. Ensuite, à l’esclavagisme.

« Et c’est à cette époque que les esclaves étaient échangés contre ce qu’on a appelé des pacotilles, c’est-à-dire- des parures (les bijoux, les tissus et les vieux fusils, entre autres). Ces échanges se faisaient ici »,  rappelle ce chargé des cours d’Histoire, de Géographie et d’Education civique et Morale à Boffa.

Non loin de là, nous confie-t-il, se trouvait un autre port négrier appelé le Niger. Là également, on procédait aux échanges des produits issus de l’agriculture et de l’élevage (coco, palmiste, mil, sésame) contre les produits importés d’Europe. Mais depuis l’expédition de la dernière vague d’esclaves suite à l’abolition de la traite négrière, le port est laissé pour compte.

Il n’y a eu aucune politique des autorités ni locales ni gouvernementale, pour valoriser et promouvoir ce site. A cela, s’ajoute l’offense faite à l’environnement. Ces dernières années, les populations de Dominghia ont assisté impuissants à l’installation des pêcheurs artisanaux chinois sur les abords de la côte, avec la complicité des autorités préfectorales avant que le gouvernement ne leur intime  l’ordre d’évacuer les lieux.

Une sage décision que Mamadouba 1 Camara salue à sa juste valeur. En ce sens que vouloir laisser ces chinois s’y installer, ce serait cautionner la destruction du site, en gommant ainsi l’histoire riche de tout un peuple.

La Guinée qui compte plusieurs sites d’une telle portée est, depuis l’indépendance, dirigée par des autorités qui ne songent pas à la promotion du riche et varié patrimoine historique et touristique. Or, autant la Culture est merveilleuse, autant elle peut apporter quelque chose à l’Etat. Malheureusement, ce secteur est toujours relégué au second plan par les gouvernements qui se sont succédé jusque-là à la tête du pays.

On fait toujours des mines et de l’agriculture des priorités qui ont pourtant une exploitation limitée dans l’espace et le temps. Alors que la priorité des priorités reste tout d’abord les ressources humaines. Les ressources humaines, c’est aussi les ressources historiques, touristiques, artistiques et culturelles, qui sont inépuisables.

Des acquis comme le Sosso Bala à Niagassola, les sites samoriens à Kérouané, les sites négriers des îles de Tamara et de Farenghia sont autant de richesses non-exploitées qu’on peut bien revaloriser et exploiter en vue de faire de la Guinée une destination touristique. Hélas ! La Guinée jusque-là toujours eu affaire à des gouvernements qui ne comprennent pas la nécessité de faire en sorte que la Culture puisse être à la pointe du combat socioéconomique des nations africaines.

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