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Cdt Benjamin CAMARA sur le viol : “Les gens oublient la souffrance des victimes en plaidant pour les bourreaux”

Dans un entretien accordé à Guineenews, le Commandant  Benjamin Camara, le représentant de l’OPROGEM, à Kissidougou apporte ici des précisions sur l’importance de cet organisme dans la lutte contre les VBG et les difficultés auxquelles lui et ses collaborateurs sont confrontés. Enfin, il lance un appel aux bonnes volontés pour venir en aide à l’OPROGEM.

Guineenews© : Bonsoir monsieur Benjamin Camara ! Parlez-nous de l’OPROGEM ?

Cdt Benjamin CAMARA : je commencerai par vous dire que l’OPROGEM est une institution, un organisme autonome qui est rattaché au ministère de la Sécurité. Par sa définition, c’est l’Office de Protection du Genre, de l’Enfance et de Mœurs qui a été créé par le  gouvernement par au mois de décembre 2009 au sein du ministère de la Sécurité et de la protection civile. Il a été confirmé par un décret du président de la République en avril 2011.

Guineenews© : Qu’est-ce qui vous lie aux autres services tels que la Justice, la direction préfectorale de l’Action  sociale, les ONGs qui interviennent dans la protection des personnes vulnérables ?

Cdt Benjamin CAMARA : Je m’en veux vous dire que l’OPROGEM travaille en synergie avec les autres services. Vous n’êtes pas sans savoir que l’action sociale couronne tout parce qu’elle est la cellule mère. L’OPROGEM est aussi directement liée à la justice car nous sommes auxiliaires de cette justice. Donc, quand nous avons des cas des VBG (Violences Basées sur le Genre), automatiquement, nous travaillons avec la justice. Puisque quand toutes les preuves sont réunies, on transfert le dossier à la justice pour un jugement. Nous remontons également des informations à l’Action sociale par exemple pour la prise en charge de certaines victimes. C’est pareil aussi avec les ONGs, elles nous appuient beaucoup dans la prise en charge.

Guineenews© : Parlez-nous des cas enregistrés pendant ces cinq premiers mois de l’année 2021 qui sont liées aux viols, aux traitements d’enfants, etc.

Cdt Benjamin CAMARA : pendant les cinq premiers mois  de l’année 2021, nous avons enregistré trois cas de viol et un cas d’atteinte à la pudeur. Cela veut dire qu’en un laps de temps, on a eu trois cas de viol. Ceci démontre que c’est le viol qui est plus récurrent à Kissidougou. En un mot, ce sont les VBG qui sont plus récurrentes ici. Et maintenant, dans les années précédentes c’est le viol qui avait battu le record. Après le viol, vient le traitement des enfants et en dernière position, ce sont les coups et blessures entre les couples.

Guineenews© : quels sont les types de VBG rencontrées à K issidougou ?

Cdt Benjamin CAMARA : les types des VBG qu’on peut rencontrer à Kissidougou sont le viol, les coups et blessures, les pratiques traditionnelles préjudiciables c’est à dire les mutilations génitales féminines, les mariages précoces, et les mariages forcés.

Guineenews© : quelles sont les conséquences des VBG?

Cdt Benjamin CAMARA : il y a beaucoup de conséquences sur les violences basées sur le genre. Nous avons d’abord des conséquences physiques et psychologiques. C’est dans ça qu’on peut retrouver les coups et blessures, les maladies chroniques, les suicides, la mortalité maternelle, les VIH/Sida, les fistules, les grossesses non désirées, des fausses couches etc. Nous avons également des conséquences psychologiques tout court tels que la dépression, les stress, les troubles et traumatismes, l’alcoolisme, la dépersonnalisation, la perte de confiance.

Nous avons aussi les conséquences sociales tel que le problème sanitaire des enfants victimes, l’abandon ou faible niveau de la scolarité des enfants, la perpétuation de violences et vengeance, la stigmatisation.

Enfin, nous avons des conséquences économiques par exemple l’élévation des frais de justice, les frais liés aux soins de santé, la perte de la capacité de travailler, le manque de la productivité.

Guineenews© : quelles sont les difficultés que vous rencontrez pendant l’exécution de vos tâches ?

Cdt Benjamin CAMARA : Bon, les difficultés que nous rencontrons souvent sont entre autres la non collaboration de certaines personnes pendant nos enquêtes. Ces personnes refusent de collaborer avec les services de sécurité. Elles n’acceptent pas de dénoncer par exemple les MGF.

Les gens ont peur de dénoncer les cas de viol qui se passent dans les quartiers. Ensuite, je peux parler de l’ingérence ou de l’interférence dans les dossiers par certains chefs qui sont bien placés.

Vraiment, ces chefs ou les religieux-là nous empêchent de travailler correctement. Eux, ils oublient la souffrance des victimes en plaidant pour les bourreaux. Ce n’est pas normal.

Guineenews© : quel est votre mot de la fin à l’endroit de la société guinéenne ?

Cdt Benjamin CAMARA : je remercie d’abord les partenaires qui continuent à aider et à appuyer les victimes de violences. Pour éradiquer ces violences, il faut intensifier les sensibilisations dans les radios à travers des émissions interactives. Il faut aussi dénoncer les violences et enfin, il faut accepter de collaborer avec les services de sécurité.

Je demande aussi aux personnes qui aiment intervenir pour les bourreaux  de penser à la souffrance des victimes.

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