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Circulation routière: conducteurs et agents, des relations du genre « je t’aime, moi non plus!»

C’est connu,  les relations  entre agents et conducteurs chez nous ont toujours été fluctuantes. Elles sont tantôt calmes, apaisées, ou tout le contraire : agitées voire conflictuelles. C’est d’ailleurs cette seconde variante qui est la plus fréquemment observée. Les contrôles routiers, même les plus simples, ont rarement été paisibles. Partout, que ce soit dans les centres urbains ou en rase campagne, on est témoin de scènes qui alternent démêlés, palabres et altercations  entre agents et usagers. On en arrive même parfois au pugilat. Quelques tracasseries ou abus sont observés ici et là du fait d’agents à la formation équivoque ou qui font peu cas de la déontologie et de l’éthique. Ils sortent pour engranger à tout prix et leur réponse au conducteur interpellé, fut-il en règle, est de dire: « c’est pas papier là que je mange! ».

En face, il y a cette foultitude de chauffeurs qui se conduisent comme bon leur semble dans la circulation. Ils ne sont, pour la grande majorité, jamais en règle, roulent imprudemment et font fi du code de la route. La  quasi totalité des conducteurs de notre pays se retrouve dans cette catégorie d’usagers réputés à problème ou sinon même dangereux.

 

A entendre chacun de ces protagonistes (agent et conducteur) narrer les soucis que l’autre lui crée à longueur de journée, on est quelque peu embarrassé pour déterminer qui agit le mieux dans le sens du respect des textes régissant la circulation routière. En effet, chacun  s’évertue à  imputer la faute à l’autre. Quand les chauffeurs se plaignent des agents pour toutes les pseudo-misères qu’ils leur font subir, ces derniers rétorquent en énumérant une infinité de comportements répréhensibles que se permettent bon nombre de conducteurs au volant de leur véhicule.

Un accident survenu à Faranah dans le secteur géré par la gendarmerie routière est suffisamment illustratif pour étayer cette description des réalités que vivent les agents dans l’exercice de leur mission. Les comportements qu’ils observent au quotidien sur les routes donnent un éclairage suffisant sur les vrais problèmes qui existent sur notre réseau routier national.

Le chef d’escadron El hadj Sidiki Camara, commandant de la compagnie sécurité routière de Faranah et son personnel ont encore dans leurs archives, le cas de cet accident qui a réuni à lui seul de multiples infractions.

 « Ce mercredi, 04 Avril 2018 aux environs de 10 heures au PK25 sur la nationale Faranah – Mamou dans la localité de Yatia, Sous-préfecture de Hérèmakonon, préfecture de Faranah, est survenu un accident de la circulation routière avec des blessés et des dégâts matériels, mettant en cause un bus immatriculé RC-9409-Q, conduit au moment des faits par monsieur Mamady Condé et une moto de marque TVS.

Monsieur Mamady Condé, conducteur du bus, dépourvu de toutes pièces administratives, arrive avec une allure vive sur les lieux sus indiqués avec à son bord soixante-dix (70) passagers, tente d’éviter les nids de poule, se déporte systématiquement dans le couloir adverse, heurtant la moto et la propulsant dans le décor, sans pour autant s’arrêter, pratiquant ainsi un délit de fuite.

Bilan : Deux (02) blessés graves et des dégâts matériels importants sur la moto.

L’excès de vitesse et la circulation à gauche à l’origine de cet accident de la circulation routière sont les infractions au code de la route relevées et retenues à l’encontre de monsieur Mamady Condé, conducteur du bus.

Il est à signaler que les conducteurs de bus qui font le transport sur la nationale N’Zérékoré–Conakry ont toujours fait le refus d’obtempérer et mieux encore ils sont tous hostiles au contrôle routier. Parfois même, de passage aux différents postes de contrôle, les apprentis qui se trouvent à bord de ces bus, alors qu’ils ne sont pas au-dessus de la loi,  jettent des peaux de bananes sur les agents se trouvant là pour le contrôle et profèrent souvent des injures publiques à leur encontre. De surcroit, les conducteurs de ces bus clament haut et fort que seuls les membres des syndicats des transporteurs routiers  sont habilités à les contrôler et non pas les agents du contrôle routier.»

Le chef d’escadron El hadj Sidiki Camara précise qu’après l’accident, le sieur Mamady Condé, conducteur de l’autocar en cause a tranquillement continué son voyage, comme si de rien n’était. Des efforts pour le rattraper ont été entrepris. La compagnie sécurité routière a fait recours à son homologue de Mamou qui a promptement réagi. Le véhicule a été interpellé à hauteur du pont de Bèrtèya, au PK45 de Mamou.

Sommé de présenter son permis de conduire, le chauffeur a déclaré aux agents qu’il ne l’avait pas sur lui. Selon lui, ses documents seraient retenus par la police à Kindia pour un autre problème d’accident qu’il aurait eu quelques jours auparavant, dans cette ville.

 Comme on peut le constater, beaucoup d’infractions sont réunies dans ce dossier. La première d’entre toutes est le délit de fuite. Le chauffeur, auteur d’accident, a connaissance  de la commission d’une infraction à la loi pénale qualifiée de délit. Il prend délibérément la fuite après avoir heurté un motocycliste et son passager qu’il a projetés sur le bas-côté de la route et pour lesquels il avait l’obligation légale de porter secours. On note également l’excès de vitesse, la circulation à gauche, la conduite sans permis et la surcharge du véhicule qui transportait 70 passagers.

A cette liste déjà longue, d’infractions au code de la route, peut également s’ajouter ce que les juristes qualifient d’abstention délictueuse. Il s’agit du comportement absolument inattendu des passagers qui sont restés sans réaction après l’accident, préférant prendre fait et cause pour le conducteur et continuer le voyage avec lui, comme si de rien n’était. Motus et bouche cousue!

Sur un plan plus général, le commandant de la compagnie sécurité routière de Faranah a fait cas d’injures gratuites dont les agents de contrôle routier sont l’objet avec en plus, des jets de peau de banane, ce qui est aussi insultant que les mots prononcés. Pire, le chef d’escadron El hadj Sidiki Camara fait aussi mention du refus catégorique exprimé par ces chauffeurs de bus de se soumettre à un quelconque contrôle routier de la part des agents. Selon eux, les syndicats seraient les seuls habilités à le faire.

A l’analyse, tout cela est du domaine de l’anarchie. Ces comportements sont tout simplement inadmissibles. Ils ne doivent pas prospérer. Le désordre ne construit rien de bon, surtout dans un secteur aussi sensible que celui de la circulation routière.

Les responsables concernés doivent réagir avec la fermeté qui sied pour faire triompher en toutes circonstances le civisme et le respect de la loi sur la route.

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