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Circulation routière: des «bombes ambulantes» dans le transport urbain

Un qualificatif à faire tressaillir plus d’un! Il n’en existe pas d’autre pour désigner ces nombreux véhicules qui roulent à Conakry et même au-delà. On les rencontre à Coyah, Dubréka et dans maintes préfectures.

 Il s’agit de véhicules, de tous les âges et marques dont les conducteurs s’estiment plus malins ou inventifs que les fabricants. Pour eux, ces derniers sont tout simplement «bêtes » pour concevoir un réservoir.

Et les voilà qui remplacent définitivement cet organe essentiel au fonctionnement correct et sécurisé de tout véhicule automobile par… un bidon plastique de cinq ou vingt litres! Il n’y a pas plus simple à leur entendement.

Le bidon tenant lieu de réservoir est placé, soit dans le compartiment moteur, soit dans le coffre ou, pour les camions, sur tout autre endroit dans la carrosserie ou à l’arrière du tracteur. Et c’est dans ces conditions que le carburant leur est servi à la station.

Il y a pire

Bien souvent, le même bidon suintant d’essence, « tient compagnie » aux passagers, dans l’habitacle. Dans un tel cas, il suffit qu’il y ait un choc, une source de chaleur, une étincelle, ou une flamme nue pour qu’un incendie ou une explosion se produise.

Une telle éventualité est bien envisageable un jour ou l’autre. Avec nos conditions de circulation, un accident est vite arrivé qui renverse le bidon, déverse l’essence dans le véhicule ou la projette sur les passagers.

De même qu’un voyageur, fumeur, mal informé, peut provoquer la catastrophe en craquant une allumette.

Malgré tout ce qu’on en dit, cette pratique se poursuit. Un chauffeur avoue y faire recours depuis des années et vante les avantages qu’il en tire : « Par ce biais, je gère mieux mon carburant. Je le vois couler tranquillement et ça me fait des économies.» C’est bien cette thèse que défendent tous les adeptes de cette méthode. Pour eux, « avec le bidon, le carburant est utilisé jusqu’à épuisement complet, alors qu’avec le réservoir, aussitôt que le niveau réserve est atteint, il y a des risques de tomber en panne sèche alors qu’il en reste bien quelques litres encore. Autant donc recourir à «l’invention.»

L’opération est simple à réaliser : dans un bidon dont le couvercle est transpercé,  on introduit le raccord d’arrivée du réservoir. Et le tour est joué!

Cette bricole s’adapte à toutes les sources d’énergie.

Cependant, quelques fois, l’ingéniosité est poussée plus loin. Suivant les types de véhicules, il arrive qu’on passe à deux raccords, un pour l’arrivée et l’autre  pour le retour.

Plus étonnant encore, lorsqu’il s’agit de certains véhicules à injection, c’est la pompe immergée dans le réservoir qu’on déménage carrément dans le bidon. Pour la faire passer, une large entaille est faite au dessus du bidon. L’orifice est fermé par une simple étoffe. On comprend qu’il y ait après, un dégagement de vapeurs, donc des odeurs dans le véhicule. Il arrive également que, sur route cahoteuse, les clapotis de carburant le font déborder de son contenant.

Ces « transferts de technologie » font des émules. Les taximen et autres détenteurs de véhicules légers, ne sont plus les seuls à y faire recours. Des conducteurs de camions, dont des remorques, en font également usage.

Dans  ces différents cas, le moteur s’allume toujours, mais son fonctionnement n’est pas optimal, certains composants électroniques étant affectés par le procédé mis en route.

De l’avis d’observateurs, cette pratique a encore de beaux jours devant elle. Surtout qu’on se rend compte que ses adeptes ne reculent pas, même confrontés à l’injection électronique ce qui, à la limite, reste tout simplement inimaginable, voire ahurissant.

De même, on affirme qu’elle n’a aucune utilité particulière signalée. L’idée d’économie de carburant évoquée pour la justifier est sans commune mesure avec les risques qu’elle génère pour la sécurité de la circulation.

Des véhicules, notamment des camions, sont immobilisés parfois, de manière intempestive sur la route, moteur éteint, parce que le raccord de carburant n’est pas correctement enfoncé dans le bidon.

Le danger est donc bien réel.

Il requiert que les services compétents réagissent avec la détermination qui sied.

Il y va de la sécurité des citoyens. Face à tous ces risques, il faut refuser le fatalisme et mettre en avant la prévention.

Vivement qu’elle arrive, pour la sécurité des passagers de ces «bombes  ambulantes. »!

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