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Cité Sans-fil : accusé d’avoir « injustement » délogé une dame, le Patrimoine bâti dit sa part de vérité

C’est une mère de famille apparemment très affaiblie qui s’est vu expulser de la maison d’habitation qu’elle occupe depuis 2011, à la Cité Sans-fil, dans le quartier du même nom, ce mercredi 2 décembre 2020, à Kaloum.

Il s’agit de dame Habibatou Bangoura, infirmière d’Etat qui, dans ce dossier, accuse le Patrimoine bâti public de l’avoir délogée au profit de Mme Zénab Touré, directrice du département Fichier électoral à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), dit-elle.

Brandissant ses différents dossiers, notamment la quittance de paiement de son loyer où elle déclare être en règle, Mme Habibatou Bangoura confie à Guinéenews que Zénab Touré s’est rendue au Patrimoine bâti public pour dire que le chef de l’État dit de lui trouver une maison à Kaloum.

« Et son choix a porté sur la Cité Sans-fil où le patrimoine bâti lui a donné une maison d’un salon-chambre et douche. Mais elle a dit que la maison est petite.  Elle a regardé partout dans la Cité avant de venir tomber sur ma maison. Du coup, elle a autorisé les gendarmes de me déguerpir des lieux sans préavis. (…). Ce mercredi donc, à 6h du matin, j’ai reçu la visite des gendarmes et des loubards accompagnés du Conseiller juridique du Patrimoine bâti. Du coup, ils m’ont dit que c’est le Patrimoine bâti qui les envoie de me déguerpir de la maison », raconte l’expulsée.

Réaction de Zénab Touré

Dans le souci de donner la parole à toutes les parties, nous avons joint la mise en cause pour en savoir plus sur les accusations portées contre sa personne. Et la Commissaire électorale s’est voulue plus claire

« Je ne suis pas responsable de son déguerpissement. C’est le Patrimoine bâti public qui l’a expulsée. Une simple citoyenne comme moi, du point de vue juridique, c’est la loi. Moi, je ne peux pas venir prendre les gendarmes pour l’expulser. Mais elle a été expulsée par le Patrimoine bâti public qui affecte une maison à un fonctionnaire et quand il n’est plus en fonction, il le lui retire », s’est-elle justifiée.

Mise au point du PBP

Le Patrimoine bâti public dit éprouver assez de difficultés avec des familles à la Cité Sans-fil. Selon son Directeur général adjoint chargé des Affaires administratives, il y a là d’anciens fonctionnaires déjà partis à la retraite et indemnisés depuis huit ans, mais qui ne veulent pas sortir.

« Il y a plus de quatorze personnes concernées par cette situation. Et il y a plus de trois ans que nous cherchons à les faire quitter les lieux pour y loger les fonctionnaires actifs. Nous, nous gérons la Cité. Mais ce n’est pas nous qui affectons. C’est plutôt le ministère des Télécommunications qui affecte les cadres, nous envoie leur liste et à notre tour, nous faisons le contrat en tant que Patrimoine bâti », explique Mounir Cissé.

S’agissant du cas précis de dame Habibatou Bangoura, le DGA du Patrimoine bâti public, se fondant sur des documents qui lui ont été présentés hier, la dame avait reçu une correspondance depuis 2018 lui demandant de se préparer pour quitter. « Et elle a même émargé », rappelle le Colonel Cissé.

A propos du fonctionnement du Patrimoine bâti public, son conseiller juridique fait noter qu’il y a quelque chose que les uns et les autres ignorent, et qui mérite d’être connu de tous.

« C’est que nous avons moins de bâtiments pour plusieurs fonctionnaires. Alors, si tous les fonctionnaires veulent coûte que coûte qu’ils logent les bâtiments de l’Etat pendant 30 ans, avant que d’autres n’aient la chance de les occuper, cela veut dire que les 2.000 bâtiments que nous avons sur l’ensemble du territoire national ne seront occupés pendant 30 ans que par 2.000 fonctionnaires, au détriment de plus de 100.000 fonctionnaires. Donc, c’est inconcevable. Mais lorsque vous le faites, les gens se mettent à raconter du n’importe quoi », regrette Maître Alsény Kébé.

Aux dires de notre interlocuteur, Mme Habibatou occupe cet appartement de trois chambres, un salon et douche depuis 2011, mais, n’a commencé à payer qu’en 2019, soit après huit ans d’occupation sans verser un kopeck à l’Etat.

« Elle n’était même pas travailleuse des Télécommunications. Elle est infirmière d’Etat. Et elle a été recrutée dans le cadre d’un contrat avec la Sotelgui pour soigner son personnel. La Sotelgui lui a trouvé cet endroit pour l’y loger. Et vous le savez autant que moi que dans le droit, cette société a disparu en 2015. Elle a été dissoute, liquidée et son personnel intégralement indemnisé. Tout le monde a touché à son règlement. Donc, dès l’instant que la Sotelgui disparaît, automatiquement, tous les actes posés par la Sotelgui, qu’ils soient unilatéraux, contractuels ou conventionnels, disparaissent », recadre Me Kébé.

En sa qualité de Conseiller juridique du Patrimoine bâti public, l’orateur dit s’être assuré que Mme Habibatou a été effectivement avertie de son expulsion. « On m’a montré une lettre conjointement signée en 2018 par M. Youla, le Secrétaire général du ministère des Télécommunications et notre directeur. Puis, une autre lettre de février 2020 », indique Me Alsény Kébé qui ajoute que l’expulsion a eu lieu sur la base de ces deux éléments.

Pour le Conseiller juridique, le logement des cadres, dans d’autres pays, se fait de façon rotatoire. Une façon pour permettre à tous de bénéficier de ce petit droit d’occupation. Autrement dit, on répartit la période d’occupation entre les fonctionnaires par séquence de cinq ans pour éviter la pénurie. Hélas, en Guinée, cette pénurie est criarde.

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