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Comment faire de la Guinée un pays de rêve après un coup d’État constitutionnel : du gâchis à l’espoir ?

C’est la question qu’il faut traiter d’urgence à l’approche de l’élection présidentielle « inévitable » d’octobre prochain, au grand dam des contestations et des frustrations des uns et des autres. Car il s’agit d’abord d’une élection à laquelle le président sortant sera irrémédiablement parmi les candidats, puisque son parti le RPG-arc-en-ciel vient juste de lui renouveler sa confiance en tant que futur candidat à sa propre succession. Et aussi parce que selon l’actualité politique du moment marquée par des fissures transversales dans les forces de l’opposition guinéenne, tout porte à croire que l’élection présidentielle à venir sera encore remportée haut la main par le candidat du RPG-arc-en-ciel.  

Dans ces circonstances, la réponse à la question en titre est simple même si elle est loin d’être simpliste. Pour partager ce rêve et le réaliser avec moins de peine, il va d’abord falloir défaire ce que la Guinée a toujours été́ depuis son indépendance : c’est-à-dire « un État sans nation qui marche sur le droit et non selon le droit ».

Poser les bases d’un État de droit « effectif » 

En effet, le futur président guinéen devra œuvrer dès sa prise de fonction, à la construction d’un État de droit authentique une bonne fois pour toute. Cela se traduira concrètement par le strict respect de la nouvelle Constitution du pays, par son président élu, de même que le strict respect par ce dernier du principe de la séparation des pouvoirs qu’exige un régime démocratique fondé sur l’État constitutionnel décontaminé de l’esprit originel de la sacralité du pouvoir hérité du passé impérial ouest-africain.

Ainsi, le législatif et le judiciaire devront pouvoir jouer chacun son rôle sans intrusion de l’exécutif. L’un s’employant à la rédaction et à l’adoption de lois justes et profitables au pays et à l’ensemble de ses habitants, tandis que l’autre s’assurant de la conformité, de la juste interprétation et de l’application effective de ces lois à tous et de manière équitable. Dans un tel schéma, l’indépendance du pouvoir judiciaire est primordiale, puisqu’elle est la condition de son impartialité. Quant à l’exécutif, il devra se contenter d’assurer la mise en œuvre adéquate des lois et de la politique nationale.

Ceci étant, pour que l’État de droit ainsi créé s’enracine dans les mœurs et cultures, le gouvernement veillera à faire en sorte que les différentes composantes de la population guinéenne se reconnaissent dans une seule entité qu’on appelle « nation » et qui a fait défaut au pays depuis qu’il est déclaré « souverain ». Cela signifie que l’ensemble des individus qui composent l’État guinéen démocratique devront tous aspirer à former une communauté de destin qui leur est individuellement supérieure. Une telle communauté saura transcender les clivages fondés sur la différence de sexe, de religion, d’ethnie, de région ou de pensée, donc d’opinion politique. Elle saura aussi guérir les consciences malades, habituées à la forfaiture et au gaspillage de deniers publics. Car ceux-là feront désormais chemin commun avec tous ces hommes et femmes consciencieux qui ont accepté de faire passer l’intérêt supérieur du pays avant leurs égoïsmes individuels.

En outre, pour organiser la vie politique de manière à minimiser les tentations pour la quête de la fonction présidentielle, il sera hautement profitable au pays d’envisager la mise en place d’un État de type fédéral tel qu’il a été proposé précisément par le juriste Youssouf Sylla dans un article paru dans Guinéenew en octobre dernier. Cette contribution qui s’intitulait « Le fédéralisme comme solution à la crise politique systémique de la Guinée », jette certainement les bases d’un État de droit enviable qui enlèvera notre pays à un haut rang.

D’autre part, des réflexions sérieuses devront être entreprises pour limiter le nombre des partis politiques en Guinée. Ce nombre ne devrait pas dépasser cinq (5). Cela aura l’avantage de réduire considérablement le désordre qui caractérise le champ de la lutte pour la conquête du pouvoir d’État et contribuera au rassemblement des guinéens dans des formations politiques mieux structurées qui œuvreront à se distinguer les unes des autres par la qualité́ de leurs projets de société et de leurs fonctionnements internes.

Se lancer dans le développement « durable » 

Une fois ces bases préalables posées, la Guinée pourra alors entreprendre son envol vers les progrès économique et social durables, en travaillant sur l’assainissement des finances publiques, la lutte contre la corruption systémique, la prise en compte des questions environnementales et l’amélioration des activités industrielles en vue de relancer la croissance, ainsi que la création de conditions favorables aux investissements massifs, qui permettront de rehausser la crédibilité́ du pays vis-à-vis des bailleurs de fonds internationaux.

Ces investissements devront ensuite s’orienter prioritairement dans les secteurs de l’éducation et de la formation professionnelle, de l’agriculture et de l’élevage, des infrastructures vitales (centres hospitaliers de soins généraux et spécialisés, eau potable, électricité́, assainissement) et de transport (routes, ponts, etc.), dans la réhabilitation et la construction de cimetières dignes d’honneur ainsi que la restauration et le perfectionnement des établissements pénitenciers partout à travers le pays.

Aussi vite que tout ce qui précède sera mis en place et devenu réalité, la Guinée deviendra alors ce pays dont chacun rêvera de visiter, d’y séjourner et d’y vivre en paix et en sécurité́. Et alors, peut-être, le futur président de la république pourra espérer bénéficier du pardon de son peuple et compter sur son salut dans l’au-delà.

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