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Conflits domaniaux à Siguiri : business des ressortissants, laxisme de l’administration et lenteur de la justice

La ville de Siguiri détient le record des conflits domaniaux. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un conflit domanial n’éclate dans un quartier. Derrière ces conflits, il y a toujours une main noire de certains cadres originaires de la préfecture. Le laxisme de certaines autorités et la lenteur de l’appareil judiciaire y sont pour beaucoup. Quelles sont les causes et les conséquences de ces conflits domaniaux ?

Dans un reportage, votre quotidien électronique Guineenews@ vous plonge dans l’univers de ces conflits devenus un fonds de commerce à Siguiri…

Les causes

Elles varient selon les localités. Dans certains conflits, c’est l’incompétence des autorités et la complicité des cadres qui sont pointés du doigt, comme le dit un haut cadre : « Les autorités ne font rien pour mettre fin a ces conflits. Ils signent des protocoles d’accord entre ces villages. Et quelquefois, il y a une ingérence des administrateurs dont certains prennent position dans ces conflits à cause de leurs intérêts personnels. »

Certains citoyens pointent la lenteur de la justice dans le traitement des dossiers.

« Quand vous envoyez un dossier, vous pouvez faire des mois sans qu’il n’y ait un jugement. Donc, nous soupçonnons une corruption. », accusent-ils.

Il faut citer aussi la faiblesse des autorités et la corruption. Les gens reçoivent des pots de vin. Ce qui les empêche de prendre de bonnes décisions.

A titre d’exemple, le conflit domanial entre le district de Niandankoura et le secteur de Kissakolen. Là-bas, des citoyens se plaignent de la corruption : « Ils ont récupéré de l’argent avec nous, et ils ne veulent pas dire la vérité. »

C’est d’ailleurs pourquoi le jeudi 15 juin 2018, les villageois de Niandankoura et ceux de Tiguibry ont agressé un responsable de la mairie de la commune urbaine de Siguiri.

Beaucoup accusent également les ressortissants de ces localités basés à Conakry et même dans la commune urbaine de Siguiri qui profitent de ces conflits pour se faire de l’argent.

Voici comment ces ressortissants bénéficient des différents conflits domaniaux. « Quand il y a conflit, ces cadres l’alimentent. Et une fois à la justice, ils usent de leurs relations avec l’autorité préfectorale pour intimider les communautés », dira une victime.

 Le préfet de Siguiri abonde dans le même sens. « Il y a des gens qui vivent de ces conflits. Ils ne veulent pas que la quiétude s’installe. », dit Ibrahima Kalil Keita

Sans oublier ce que beaucoup considèrent comme un laxisme de la part des autorités. Les violations flagrantes de la loi sont monnaie courante. Primo, l’administration s’arroge le droit de jouer le rôle de la justice en signant des protocoles d’accord entre les villages en conflit. Des protocoles qui ne tiennent pas longtemps. C’est le cas de celui signé entre Kissakolen et Niandankoura en 2014. Le conflit a repris en 2018. Les présidents de districts jouent un rôle qui n’a rien à voir avec leurs prérogatives, à cause des pots de vin perçus dans des mines.

L’on se rappelle les accords dans le conflit entre Kolenda et Tintisabani en 2017. Celui-ci a abouti à une succession de décisions entre le président de la délégation spéciale de la commune urbaine de Siguiri, Sékou Magassouba et le préfet Ibrahima Kalil Keita, suite à une plainte du président de la délégation spéciale de Kintinian, Mamakain Camara.

Ces conflits permanents sont aussi causés par la lenteur des décisions judiciaires. Suite à nos investigations, on nous a fait savoir à la Justice qu’il s’agit d’une procédure et que le travail ne se fait pas à la hâte pour ne  pas tomber dans une autre polémique.

Une autre source nous apprend que les parties aiment pointer un doigt accusateur vers la justice, mais refusent de se soumettre à la loi.

Lors d’une rencontre autour d’un conflit domanial entre la localité de Badamako, située dans la sous préfecture de Doko et celle de Dorah dans la sous-préfecture de Niagassola, le Juge de Paix, Abdoulaye Conté, a réitéré ceci: « Ce sont les gens qui enveniment le débat pour dire que telle localité est en justice avec telle autre. Moi j’ai rendu un jugement entre deux familles autour de la parcelle minière dont chacune revendiquait la paternité. Les communautés veulent toujours parler de loi, mais crient a la méconnaissance et personne ne veut se faire appliquer et respecter la loi. ».

Selon un juriste, la création des zones tampons peut être une solution, lorsque les autorités acceptent d’appliquer la loi dans toute sa rigueur.

Il existe présentement 43 conflits domaniaux dans la préfecture de Siguiri.

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