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Conseils de quartier et district : l’UFDG prend acte et relève d’autres incohérences (entretien)

L’instruction donnée au gouvernement par le président de la République pour l’installation des conseils de district et de quartier ne passe pas inaperçue dans le paysage politique. Notamment à l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti de l’opposition guinéenne. Joint au téléphone par Guinéenews, c’est le Coordinateur de la cellule de communication du parti, Ousmane Gaoual Diallo qui nous livre ici sa lecture de l’acte présidentiel. Lisez !

Guinéenews : le président de la République vient de prendre un décret instruisant le ministre de l’Administration du Territoire d’installer les conseils de quartier et de district. Comment l’Union des Forces Démocratique de Guinée (UFDG) réagit à celle annonce ?

Ousmane Gaoual Diallo : nous en prenons acte. Nous déplorons le fait qu’il a fallu attendre plus deux ans à Alpha Condé pour accepter de se conformer à la volonté populaire exprimée dans le vote et aux injonctions faites des différents tribunaux guinéens. Ce retard a encore démontré, s’il en était besoin, la nécessité du combat que nous sommes en train de mener contre cette malgouvernance qui défie systématiquement les institutions et les lois de la République. Donc ce décret ne peut que renforcer notre position dans ce combat pour la démocratie.

Maintenant, il n’y a pas que les chefs de quartier et de district qui sont en attente. Nous rappelons également que l’installation des Conseils régionaux devait suivre 60 jours après les élections communales. Mais depuis la mise en place de ces structures n’est pas toujours effective. Il faut rappeler cela. Parce que c’est important en ce sens que les chefs de quartier constituent un aspect du contentieux des élections communales passées.

Guinéenews : est-ce que vous ne craignez pas que le changement éventuel du code électoral par l’Assemblée nationale actuelle ne puisse se répercuter sur les conditions d’installation des Conseils de quartier et de district ?

Ousmane Gaoual Diallo : disons que par principe, la loi n’est pas rétroactive. Les lois disposent de l’avenir mais pas du passé. C’est déjà important et ça veut dire que même s’il y avait une évolution de la législation, elle s’appliquerait comme elle est au moment où sont intervenues les élections. C’est d’ailleurs dans le même esprit que nous disons qu’Alpha Condé ne peut pas et ne doit pas prétendre à un troisième mandat. Parce que la loi suprême qui l’a installé comme chef d’Etat et sur laquelle a juré, limite ses mandats à deux, consécutifs ou non. Donc même s’il y a une évolution de la législation avec une volonté largement partagée, le changement opéré ne peut pas s’appliquer au passé. Cela est important pour nous. Sans oublier que nous ne reconnaissons ni la nouvelle constitution ni cette législature ni les lois qui découleront de l’Assemblée dirigée par Damaro. Donc pour nous, cela n’a aucune conséquence. C’est pourquoi nous déplorons ce retard dans l’application de la volonté populaire qui a été largement compromise par l’entêtement du chef d’Etat et son gouvernement. D’où cette question : comment on va harmoniser le fait que les présidents des Conseils de quartier et de district qui sont issus d’une élection qui court déjà depuis deux ans et demi. Alors que leur mandat est de quatre ans ? Ça veut dire que demain on va avoir le mandat des communes échu alors que celui des chefs de quartier et de district continue de courir. Ça crée encore des problèmes dans l’application de la loi. Et on sait que les Conseils régionaux auront le même problème parce qu’ils sont issus de la même élection que les communes qui vont faire leur mandat normalement comme indiqué par la loi alors que les Conseils régionaux et ceux des districts auront les leurs amputés. Ce qui est de l’irresponsabilité du gouvernement et son manque de volonté de se conformer aux principes démocratiques. Ce qui créera d’autres problèmes. Mais en attendant, nous prenons acte de cette décision d’Alpha Condé.

Guineenews.org : la loi électorale actuelle, quand elle passait à l’Assemblée nationale n’avait pas l’adhésion de toute l’opposition. Est-ce que l’annonce de l’installation des Conseils de quartier et de district ne risque pas de raviver les problèmes dans les rangs de l’opposition ?

Ousmane Gaoual Diallo : on ne peut pas exclure une intention d’Alpha Condé de vouloir créer de la division et de la diversion au sein de l’opposition. Tant les intentions maléfiques du chef de l’Etat pour l’opposition sont connues. Maintenant l’opposition, c’est aussi des acteurs majeurs qui sont soucieux du devenir de ce pays… Et ces élections là ne sont pas des nominations. Donc ces installations seront adossées aux résultats que chaque liste a obtenus aux élections. Au moment de l’adoption de cette loi, il y a effectivement eu des inquiétudes qui ont été exprimées. Mais nous devons tout de même rappeler que le choix que nous avions, était très limité. C’était soit de maintenir le statuquo auquel cas on ne pouvait pas renouveler les chefs de quartier et de district, ou laisser le gouvernement les désigner. Ce qui était contraire à notre combat. Ou accepter un compromis qui fait que le choix des responsables au niveau des quartiers et districts découle de l’élection communale. C’est un compromis qui n’était pas satisfaisant pour tout le monde à 100%. Mais c’était tout de même différent du fait de laisser la latitude au gouvernement de désigner les administrateurs des quartiers et districts. Maintenant, il faut compter sur la maturité de l’opposition et de sa capacité d’éviter des pièges rendus par le gouvernement pour pouvoir continuer le combat qui est le nôtre, celui de favoriser l’alternance démocratique à l’issue du mandat actuel du président de la République.

Guinéenews : mais les chefs de quartier et de district sont souvent accusés d’immixtion dans les élections en prenant carrément parti. Est-ce que c’est ce que vous attendez des Conseils de quartier qui seront issus de l’opposition, particulièrement de l’UFDG ?

Ousmane Gaoual : c’est vrai que les gouvernements successifs d’Alpha Condé ont toujours utilisé ces structures-là…

Guineenews.org : ça c’est bien avant Alpha Condé quand même. Ça a toujours été comme cela… ?

Ousmane Gaoual : ça s’est surtout aggravé avec Alpha Condé. C’est-à-dire que les chefs de quartier sont utilisés à outrance comme des auxiliaires dans la fraude électorale institutionnalisée par ce pouvoir. C’est cela la réalité. Au temps de Lansana Conté, les chefs de quartier avaient un très petit rôle. Mais ils ne jouaient pas explicitement dans la mobilisation et dans l’organisation des fraudes. C’est devenu quelque chose de systématique. Les chefs de quartier et toute l’administration doivent œuvrer pour garantir la fraude pour le parti au pouvoir. Maintenant, comme nous l’avons toujours indiqué dans nos déclarations, notre attente est que le processus électoral soit le plus qualifié possible. Et donc que chaque acteur se limite exactement au rôle qui lui est dévolu par la loi. Que personne ne soit là pour favoriser tel ou tel autre camp. Nous ne prenons pas nos responsabilités dans les quartiers et les communes pour que les responsables favorisent l’UFDG mais pour qu’ils observent la loi, pour que l’expression des populations guinéennes soit prise en compte et que celle-ci soit le seul baromètre de la gouvernance dans notre pays. Donc, nous nous inscrivons dans cette dynamique afin de concourir à une élection crédible et transparente où les acteurs jouent leur rôle conformément à la loi.  

Entretien réalisé par Thierno Souleymane Diallo

 

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