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Coup de gueule : Jean-Louis Keita, ex-international guinéen, monte au créneau et pointe son doigt dénonciateur sur l’Etat

« Malheureusement, l’Etat ne fait rien pour nous sortir de cette léthargie. Quand vous nommez des ministres ou dirigeants qui ne connaissent même pas le poids d’un ballon, à plus forte raison jongler avec, qu’est-ce que ces derniers vont conseiller dans le cadre du football…»

Vivant actuellement en France, Jean Louis Keita ex-sociétaire du COK de Boké, du CIK et du Syli national, joint sur les réseaux sociaux, s’est prêté aux questions de Guineenews©.

Sans langue de bois, Jean Louis Kéita écœuré au bout du fil, nous plonge dans son parcours, il nous détaille son regard sur le football guinéen, plaint le sort réservé aux anciennes gloires du football guinéen et pointe du doigt l’Etat,  comme seul responsable de cet état de fait.

Il est né le 13 juin 1970 à Conakry, fils de Robert et de feue Marie Thérèse Bangoura, Jean Louis Keita est marié à une femme et père de 4 enfants dont 2 filles et 2 garçons.

Jean Louis Kéita a fait ses études primaires à l’école de Gorè et celles secondaires à yomboya dans la commune urbaine de Boké. Il abordera le lycée, la terminale en Math Physique Chimie  à Kamsar, où il échouera au bac et cela au grand étonnement et regret de tous ses enseignants et admirateurs, puisque brillant dit-il, il l’a été durant tous ces précédents cycles.

Guinéenews© : Comment tout petit, le virus du football vous a atteint et parlez-nous de votre parcours ?

Jean Louis Keita : Je pense que dans ma famille il n y a pas eu de footballeurs. C’est venu simplement, puisque j’ai aimé le football depuis le primaire. D’ailleurs, mon père a beaucoup contribué en m’encourageant d’aller régulièrement au stade pour les entraînements. Finalement, j’ai un grand frère Karamoko Camara ’’Mayanga’’,  qui était colonel en ce moment au camp Alpha Yaya, qui m’a initié au football à mes tout débuts. Ensuite, à l’écoleprimaire, je participais à toutes les compétitions inter école. Arrivé au second cycle et c’est bien là, qu’a commencé à se dessiner mon destin dans le football.

Sény Soumah ‘’Dialma’’ qui vit présentement aux Etats Unis, s’occupait de la formation des jeunes à Boké. Il m’a repéré et intégré dans son équipe minime où j’ai longtemps évolué avant d’être recruté en 9ème année et à l’âge de 15 ans, dans l’équipe fédérale de Boké. Avec cette équipe, j’ai gagné 2 trophées (Coupe PDG).

Arrivé en classe de terminales à Kamsar, j’ai été contacté par Salifou Yattara ‘’El Tigre’’ et feu Ousmane Mangley (gardien de but) pour être recruté au compte du Club Olympique de Kamsar (CIK). En compagnie de ce club, nous avions joué une finale contre le club Renaissance de Conakry et remporté la coupe.

Par ailleurs, dans le même parcours, il faut signaler l’aide que j’ai apportée à l’ASFAG dans les phases éliminatoires de la coupe du monde militaire. J’ai inscrit les deux buts à Conakry contre le Sénégal et qui ont permis à l’ASFAG de se qualifier pour l’Italie.

L’ASFAG s’était classée quatrième de cette compétition et ce fut une grande joie pour moi, d’avoir rencontré au cours  de cette compétition l’international Italien Paolo Maldini.

« J’ai été le meilleur buteur du championnat guinéen. Pour chaque saison, j’avais près ou plus de 22 buts sur mon compteur toutes compétitions confondues… »

Guinéenews© : Aviez-vous mouillé le maillot pour la sélection nationale ?

Jean Louis Keita : Je suis venu dans la sélection nationale, puisquependant 4 ans d’affilés, j’ai été le meilleur buteur du championnat guinéen. Pour chaque saison, j’avais près ou plus de 22 buts sur mon compteur toutes compétitions confondues.

Une première sollicitation menée par le Doyen Chérif Souleymane n’avait pas abouti, parce que je n’avais pas voulu quitter Boké en ce moment précis.

La performance étant au jour, j’étais devenu l’attaquant ‘’bête noir’’ des grands clubs de la capitale. Donc, c’est à partir du match contre le Horoya à Kindia, que je fus recruté finalement dans la sélection nationale. Tenez-vous bien, j’ai infligé ce jour la correction au HAC. Inscrire trois buts au cours d’un match contre Fodé Laye Camara, ce n’était pas fait pour n’importe qui. C’est ainsi que j’ai intégré la sélection nationale et sous la coupe et le temps de plusieurs entraineurs étrangers et guinéens.

J’ai évolué dans le Syli national pendant près de 4ans et là, j’ai été souvent appelé en sélection pour renforcer la ligne d’attaque avec feu Mohamed Sylla ‘’Socrates’’, Abdoulaye Emerson, Odégbami et tant d’autres ».

«…Par passion, j’ai continué à évoluer dans les clubs amateurs…»

Guinéenews© : Vous aviez certainement eu à évoluer à l’étranger. Pouviez-vous nous parler de cette autre carrière sur le plan international ?

Jean Louis Keita : Oui ! J’ai effectivement évolué à l’extérieur du pays et cela par le canal de feu Mohamed Sylla ‘’Socrates’’, qui m’a fait voyager pour l’Europe à partir de Bamako.

Au lieu des Pays Bas, j’ai continué directement en Belgique où j’ai longtemps joué dans les clubs amateurs. Au moment où je devrais rejoindre Fodé Caréca à Saint Nicolas en ligue 2, il y a eu brouille entre mon manager et moi. C’est le même d’ailleurs, qui manageais Fodé ‘’Careca’’ Camara et Souleymane Oularé, sur qui, il a eu énormément d’argent.

Pour sa même pratique de cupidité, j’ai claqué la porte et rompu avec lui et c’est ainsi que j’ai continué à évolué en 3ème et 4ème division et jusqu’à aller remplacer Salam Sow à Alter. De fil à aiguille, j’ai évolué et finalement j’ai été copté en 1ère division en Hongrie. J’ai évolué pendant 3 ans en Hongrie et en 1ère division dans les clubs ‘’Upest’’ et ‘’Doza’’.

Etant en Hongrie, je fus au dernier moment intéressé par le club de Séville, entrainé en ce moment par l’Argentin Carlos Bilardo. Suite aux examens médicaux, la condropathie fut décelée au niveau de mes deux genoux et les opérations qui s’en sont suivies vont m’éloigner du terrain et du haut niveau. Par passion, j’ai continué à évoluer dans les clubs amateurs.

Voilà succinctement déroulé mon parcours sur le plan international.

« Quelques-uns parmi  les plus beaux,  est ma participation aux préparatifs du Syli pour la CAN aux côtés des grandes figures du football guinéen, tels que Titi Camara, Fodé Careca Camara, Souleymane Oularé et autres. »

Guinéenews© : Durant tout ce parcours, pouviez-vous nous relater un beau et mauvais souvenir qui vous ont restés depuis ?

Jean Louis Camara : Excusez-moi de commencer par le plus mauvais souvenir. C’est lors d’un match du Syli national contre le Libéria à Monrovia. Remplaçant ce jour, je fus aligné en deuxième mi-temps. Après 15 minutes de jeu, nous avions eu un blessé et la tactique qui s’imposait chez l’entraineur, était de faire un changement pour renforcer la défense. Du coup, on m’a fait sortir et remplacer par un autre après seulement 15 minutes sur le terrain. C’est un mauvais souvenir.

Quelques-uns parmi  les plus beaux,  est ma participation aux préparatifs du Syli pour la CAN aux côtés des grandes figures du football guinéen, tels que Titi Camara, Fodé Careca Camara, Souleymane Oularé et autres. D’autre part, le concours que j’ai apporté à l’ASFAG lors de la coupe du monde militaire en Italie. Ce voyage qui m’a permis de rencontrer ces grands internationaux italiens, est un autre beau souvenir pour moi.

« Il faut que l’Etat s’y penche en créant des structures viables, favoriser la mise en place des infrastructures adéquates pour permettre à notre football de se développer. »

Guinéenews© : Quel regard portez-vous sur le football guinéen ?

Jean Louis Camara : Ecoutez ! On ne peut pas parler du football guinéen aujourd’hui sans pour autant parler d’Antonio Souaré. Sans démagogie, heureusement qu’il est là, sinon on allait parler d’un football guinéen ‘’mort vivant’’. Le pays regorge des multi milliardaires et lui au moins, il met son argent à la disposition du peuple et c’est gratifiant. Il faut l’encourager ainsi que tous ceux qui s’investissent dans ce domaine.

Par ailleurs, il faut signaler que le football guinéen est basé sur la sélection nationale. Tous les moyens sont mis à disposition quand il s’agit de cette équipe. Nos clubs gelèrent et ils ne savent même pas où donner la tête. Il faut que l’Etat s’y penche en créant des structures viables, favoriser la mise en place des infrastructures adéquates pour permettre à notre football de se développer.

Malheureusement, l’Etat ne fait rien pour nous sortir de cette léthargie. Quand vous nommez des ministres ou dirigeants qui ne connaissent même pas le poids d’un ballon, à plus forte raison jongler avec, qu’est-ce que ces derniers vont conseiller dans le cadre du football. Osons le dire, qu’ils sont  là simplement pour soutirer de l’argent dans les caisses de l’Etat à leurs profits et laisser ce secteur tout agonisant. Et ce sont les mêmes personnes qui courent derrière des résultats tout en créant de la zizanie au sein du football guinéen.

Au niveau des entraineurs, il faut que nos dirigeants cessent de s’ingérer dans les prérogatives qui ne sont pas les siennes. Influencer l’entraîneur dans son choix technique et tactique, vouloir imposer des joueurs aux entraîneurs sont des pratiques qui perdurent au sein du football guinéen.

En conclusion, il faut mettre les moyens à disposition, afin de valoriser ces immenses talents qui abondent dans ce pays. Le choix des dirigeants doit être de rigueur et non par affinité. Donnons le temps au staff technique de constituer une équipe répondante sur le plan africain et international. Il faut à tout bout de champ encourager et soutenir ceux qui s’investissent pour le développement du sport.

« La différence de traitement des joueurs n’obéit pas aux bonnes règles de justice…»

Guinéenews© : Récemment, la sortie médiatique d’Aboubacar Titi Camara sur les ondes d’une radio de la place, concernant la répartition de la manne financière octroyée par l’Etat aux anciennes gloires des secteurs de la culture et des sports, continue de faire un tollé. Quel est votre point de vue sur ce sujet ?

Jean Louis Keita : J’ai suivi l’intervention de Titi Camara à partir d’ici. A mon humble avis, il n’y a pas eu d’équité dans cette répartition. C’est ce qui m’a d’ailleurs poussé à poster une photo sur les réseaux sociaux, qui regroupe quatre (4) générations de footballeurs du pays. C’était à Bamako, pour un match gala de prestige du Hafia 77. Ils étaient au nombre réduit par rapport à nous autres. Ce genre d’appui est salutaire puisqu’il s’agit de l’unité nationale.

Alors, s’il s’agit d’aller chercher les pécules, là le rideau est tiré vers les anciens, dudit triplé. Cette différence de traitement des joueurs n’obéit pas aux bonnes règles de justice. Le Hafia a fait son temps et j’ai un respect absolu pour eux. Les autres générations de footballeurs ont apporté aussi de la gloire à la nation guinéenne. Ils méritent d’être bien traités à l’image de ce qu’ils ont aussi apporté pour la nation. Retenez bien, qu’à force de marcher sur quelqu’un si tu ne fais pas attention, après une prise de conscience, tu ne pourras plus avoir de cible sur laquelle marcher. Attention ! Attention !

« Je vous dirais sincèrement que je n’ai pas de cœur tranquille, quand je pense à la vie que mènent certains de nos amis ex-internationaux du football guinéen…»

Guinéenews© : Le ton s’élève là et à vous entendre, l’on sent que votre état d’âme est affecté. Aviez-vous un cri de cœur ?

Jean Louis Keita : Je vous dirais sincèrement que je n’ai pas de cœur tranquille, quand je pense à la vie que mènent certains de nos amis ex-internationaux du football guinéen. Ils ne sont pas du tout récompensés. L’Etat a oublié complètement son devoir. C’est-à-dire, l’Etat ne peut pas se permettre de dissocier la culture du sport. C’est ce que nous vivons présentement par rapport à cette distribution penchée d’argent aux anciennes gloires.

Mon cri de cœur, je m’en prends à l’Etat. Que cet Etat guinéen puisse faire face efficacement et définitivement à ce problème de prise en charge d’anciennes gloires, d’anciens internationaux ou d’anciens  musiciens du passé glorieux de la musique guinéenne.

Evitons de toujours rendre hommage aux célébrités dans les cercueils. Faites profiter ce monde à leur vivant au lieu de leur faire bénéficier d’un soit disant symposium et d’un tour d’honneur du stade du 28 septembre après la mort.

Avec une volonté politique engagée, l’Etat peut continuer à aider tous ces anciens sportifs ou musiciens encore valides qui galèrent dans les rues de Conakry. Les sociétés minières foisonnent dans le pays, le port autonome, les sociétés de téléphonie, chacun selon sa qualification, peut être introduit quelque part pour subvenir aux besoins de sa famille.

Dieu peut pardonner sa créature face aux péchés commis à son égard. Mais ceux commis à l’égard de son prochain, ne sont pardonnés que par celui-ci. Ayons peur des péchés au risque de ne jamais voir le bout du tunnel.

« Vous êtes le quatrième pouvoir et vous avez le plus beau métier de la planète, au même titre que la cuisine. Je ne peux que vous souhaitez bon courage. »

Guinéenews© : Certainement que vous aviez autres choses à rajouter que nous n’avions pas eues la présence d’esprit de vous demander ?

Jean Louis Keita : Je vous remercie avant tout et je crois que nous avions presque fait le tour. Il serait intéressant de parler de vous journalistes. Vous devriez être audacieux afin de dire la vérité. Allez au charbon, vous avez choisi un très dur métier et qui est très valorisant, ne passez donc pas à côté de la vérité. Vous êtes le quatrième pouvoir et vous avez le plus beau métier de la planète, au même titre que la cuisine. Je ne peux que vous souhaitez bon courage.

Interview réalisée par Abdoul Ly pour Guinéenews©

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