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Culture : Alpha Condé compte sur les communicateurs traditionnels pour valoriser l’Afrique

La conférence régionale sur la culture, la communication et le dividende démographique a pris fin ce mercredi 9 mai 2018 à Conakry. Neuf pays africains ont participé à la rencontre qui vise à outiller les leaders d’opinion à être de véritables communicateurs sur les questions de santé et du développement communautaire. La cérémonie de clôture de cette conférence a été présidée par Alpha Condé.

Dans son intervention, dont nous vous propositions quelques extraits, le chef de l’Etat guinéen a parlé du rôle important qu’ont les communicateurs traditionnels et les chefs religieux.

« Le rôle des communicateurs traditionnels et des chefs religieux est extrêmement important surtout lorsque nous souffrons d’un certain nombre de choses dont l’ignorance. Mais cette ignorance n’est pas une vraie ignorance. L’ignorance, c’est par rapport au français et à l’anglais. On dit qu’on est ignorant parce qu’on ne parle ni français ni anglais. Mais cela ne veut pas dire qu’on est ignorant. Donc si nous voulons mieux éduquer pour montrer qu’on n’est pas ignorant, c’est à travers les communicateurs traditionnels et les chefs religieux.

Vous avez essentiellement trois rôles : Information, éducation et valorisation de l’Afrique dans le monde. L’Afrique a des traditions extrêmement riches. Malheureusement, quand ce n’est pas une tradition écrite, très souvent nos peuples ne sont pas au courant. C’est pourquoi Hampathé Bâ disait qu’en Afrique un vieillard qui meut est une bibliothèque qui brûle. Et aujourd’hui, très souvent nous sommes envahis par des cultures extérieures, y compris dans la musique, alors que nous avons les meilleures musiques.

Ensuite, la population africaine est très jeune. 70% ont moins de 30 ans. Mais une jeunesse qui ne connait pas son histoire est une jeunesse déculturée. Mais comment cette jeunesse peut connaître son histoire si vous ne la leur enseignez pas ?

Il y a aussi le rôle des gouvernements. Nous devons vous aider à passer de la tradition orale à la tradition écrite. Quelqu’un qui parle bien maninka ou wolof connait bien sa langue. Il suffit seulement qu’il ait l’alphabet en langue. S’il a ça, il peut lire n’importe  quoi. Il n’a pas besoin du français ou de l’anglais.  Donc, c’est à nous de faire en sorte que nos langues aient des alphabets qui permettent à nos citoyens d’avoir accès à toute sorte d’écrits

La deuxième chose, c’est l’éducation. Vous avez parlé de beaucoup de tares. Mais ce n’est pas parce que quelque chose a été faite par nos ancêtres que cette chose est bonne. Quand on parle, on dit non c’est ce que nos grands-parents  faisaient. Mais je vais vous demander, est-ce que votre grand-père avait le téléphone portable ? Est-ce que pour venir à Conakry, il prenait l’avion ? Alors, il faut qu’on sache que dans nos cultures, il y a des choses qui sont bonnes et des choses qui ne le sont pas.

Quel est notre rôle ? C’est de capitaliser les choses qui sont bonnes et de corriger celles qui ne le sont pas. Nous avons, par exemple, l’excision. Nous n’allons pas dire que depuis nos arrières-grands-pères on faisait l’excision. On doit savoir, objectivement que c’est une chose qui est contre les femmes. Cela veut dire que les chefs religieux, comme les communicateurs traditionnels doivent combattre l’excision.

C’est la même chose pour les mariages précoces. En Guinée, la Constitution dit qu’on ne peut pas se marier avant 17 ans. C’est ce que dit la Constitution, mais que personne ne respecte, bien sûr, à commencer par les ministres, etc. Ces mariages ne se font souvent pas à la mairie. C’est chez les chefs religieux. Souvent aussi, ce sont ces chefs religieux qui épousent ces petites filles ici. Quand j’ai rencontré les imams, je leur ai dit la vérité.

Quand je fais des tournées en Guinée, je tombe malade. En Haute Guinée, au Fouta ou en Basse Guinée, je vois des petites filles qui ont des bébés dans leurs dos. C’est vraiment pénible, parce que premièrement ça les déforme physiquement. Deuxièmement, ça leur prive de culture, parce que quand elles ont un enfant, elles ne vont plus à l’école.

Il faut que nos communicateurs traditionnels et nos chefs religieux nous aident à faire comprendre aux gens que ce n’est pas parce que nos ancêtres ont fait telle chose que nous devons le faire. Ce n’est pas vrai. Vous devez objectivement faire comprendre à la population ce qui est positif. Tout ce qui est dans nos cultures qui nous fait avancer est positif. Tout ce qui ne nous fait pas avancer est négatif,  même si on le pratiquait. Donc, ça c’est votre rôle. »

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