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Développement local :  Koubia, cette autre oubliée de la République

« A Koubia rien n’est à refaire, tout est à faire »

Koubia, l’une des cinq préfectures de la région administrative de Labé, semble être la plus oubliée pour ne pas dire la plus abandonnée des 33 que compte la Guinée. En plus de son enclavement, le peu d’infrastructures routières existantes reste complètement défoncé. Koubia manque presque de tout. Pas d’infrastructures de base, pas d’eau et encore moins de courant comme l’a constaté sur place la rédaction de Guinéenews.

En visite de travail dans cette préfecture, votre quotidien électronique a interpellé la première autorité administrative de Koubia sur cette préoccupante situation.

Mamadou Dian Barry, le secrétaire général chargé des collectivités qui assure depuis plusieurs mois la fonction de préfet par intérim n’est pas passé par le dos de la cuillère. Il a décrit les dures réalités de localité en ces termes: « à Koubia, rien n’est à refaire, mais tout est à faire. La preuve, c’est l’un des bouts du pays. On ne passe pas par Koubia mais on va à Koubia. Apres Koubia, c’est la République du Mali. C’est l’une des plus petites préfectures parce qu’elle ne regorge que de seulement six collectivités. C’est-à-dire, cinq communes rurales et la commune urbaine. »

Tout passager en transit à Koubia, est forcément impressionné par le piteux état des bâtiments publics qui s’y trouvent. Ce sont les tristes conséquences des convulsions sociales qui ont ébranlé tout le pays en 2007 sous le régime de feu Lansana Conté. Pendant cette période de vandalisme, 14 édifices publics ont été systématiquement mis à sac par les manifestants. Et depuis, rien n’a été fait pour restaurer ces infrastructures.

« Depuis les événements de janvier et février 2007, dites-vous bien, on a des difficultés quant au maintien des cadres affectés. Puisqu’il n’y a pas de logements, tout étant détruit. A Koubia, 14 infrastructures publiques ont été vandalisées. Il n’y a plus de prison civile même le juge n’a pas où jugé ici parce qu’il n’a pas où garder les personnes jugées et condamnées à des peines de prison. Il faut tout envoyer à Labé. Ici à Koubia, tout est détruit. On n’a pas de centre d’accueil à part cette villa qui n’a qu’une seule case aménagée. Le reste sincèrement, ce sont des problèmes », a déploré le préfet par intérim de Koubia.

Le manque d’électricité représente à lui seul, un casse-tête à la fois pour l’administration publique que pour les administrés. « Vous vous rendez compte, même le courant pour alimenter le bloc administratif, il nous a fallu s’attacher les services de Orange, l’opérateur de téléphonie mobile. Celui-ci nous donne le courant contre l’installation de son pylône qui est situé non-loin de nos bureaux ici. Mais tout dernièrement, orange s’est désolidarisé de la fourniture d’énergie au niveau de leur pylône. Ils ont, par appel d’offres, recruté une entreprise privée. Donc depuis plus de 20 jours, le bloc administratif de Koubia ne reçoit plus de courant. Même pour établir et imprimer un petit ordre de mission, il me faut aller dans les cybers de la place pour pouvoir le faire. Voilà certaines difficultés auxquelles nous sommes quotidiennement confrontés à Koubia-centre. Le problème d’eau est une autre paire de manche. Koubia fait partie des 3 préfectures de la région qui n’ont pas encore d’adduction d’eau. Même si la SEG (Société des Eaux de Guinée) a envoyé en 2018 une mission pour voir comment desservir Koubia en eau potable. Les techniciens ont fait les études et ont répertorié les cours d’eau susceptibles d’alimenter toute la préfecture. On a ciblé l’endroit où le bassin d’eau devait être implanté pour desservir la ville. Peut-être en 2020, ce sera le tour de Koubia. Nous qui sommes à la cité, nous faisons nos provisions d’eau avec les véhicules qui transportent les bidons à partir des bornes fontaines de la ville », a confié notre interlocuteur, Mamadou Dian Barry.

Quant aux difficultés liées aux infrastructures routières, le préfet par intérim de Koubia témoigne : « la réhabilitation de l’axe routier Tarambaly-Koubia-centre est retenue dans les travaux prioritaires annoncés dans la zone par le ministère des TP (Travaux Publics). Pour les 63Km, l’on est obligé, en attendant les travaux de réfection, de mettre 3 heures de temps. Et ce, quel que soit le véhicule. Pour ce qui est de la voirie urbaine, nous avons reçu une mission de la direction nationale de la voirie. Koubia a été dotée de 9 kilomètres de bitume. C’est ce qui est promis et tout dernièrement, nous avons essayé de cibler des axes… »

Devant tous ces problèmes, les administrateurs territoriaux semblent préférer d’autres localités du pays à Koubia.  La preuve, selon certains observateurs, cela fait bientôt un an que le nouveau préfet n’a pas été nommé depuis le départ du titulaire. A en croire certaines indiscrétions, l’enclavement de Koubia en serait pour beaucoup. En attendant donc la nomination du nouveau préfet, l’intérim est assuré par le Secrétaire général chargé des collectivités décentralisées.

« L’administrateur territorial n’a pas de choix. Là ou l’administration t’affecte, tu es tenu de te conformer et de vivre la vie des gens que tu as trouvés sur place. Être au même niveau qu’eux pour pouvoir conduire à bonne fin ta mission régalienne. Nous sommes-là et tenons le cap et à chaque fois qu’on est en face des autorités, nous passons le message des sans voix, c’est-à-dire les populations. Tous ces problèmes qui sont aujourd’hui la préoccupation majeure du chef de l’Etat et de son gouvernement, devront progressivement trouver solution afin de réaliser le bien-être de l’ensemble des Guinéens…», estime enfin Mamadou Dian Barry, le préfet par intérim de Koubia.

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