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Diari – Labé : zoom sur Yaya Diallo, un lépreux exemplaire

Né dans la commune rurale de Diari, une sous-préfecture située à 33 kilomètres à l’ouest de la préfecture de Labé, Mamadou Yaya Diallo est un lépreux de naissance. Malgré cet handicape physique, ce jeune âgé aujourd’hui de 32 ans a voulu prendre son destin en main au lieu d’attendre des miettes d’un tiers. Pour se faire, Mamadou Yaya Diallo s’est spécialisé dans le transport et la vente de bidon d’eau dans un village où cette denrée vitale se fait de plus en plus rare.

Dans un entretien accordé à Guineenews© en déplacement dans la commune rurale de Diari, Mamadou Yaya Diallo a accepté de résumer son parcours qui inspire courage et détermination. « Je suis né en 1987. J’ai étudié jusqu’en 4éme année avant d’abandonner parce qu’en ce temps ça n’étudiait pas ici. C’était plus de corvée que de cours à l’école primaire de Diari. On nous envoyait chercher du bois pour la clôture et ils nous battaient beaucoup. Donc, voilà entre autre les choses qui m’ont poussé à raccrocher. Mais aujourd’hui, je regrette sincèrement d’avoir abandonné l’école », entame-t-il.

Et de poursuivre : « donc, je suis resté comme ça ; mais conscient que je n’ai personne pour me soutenir, j’ai commencé à vendre du pain. Quelque temps après, je me suis lancé dans la vente du carburant au marché noir. J’ai commencé par 8 litres et quelques mois après, j’avais au moins 18 bidons de 20 litres comme stock. Mais malheureusement, des gens ont pris ce carburant en dette et n’ont jamais payé. En plus, quelqu’un à saboter le reste de mon stock de carburant en y mélangeant un produit nocif. Finalement, je suis allé en faillite et c’était en 2007 et j’ai abandonné », ajoute Mamadou Yaya Diallo.

Finalement, le jeune porteur d’un handicap n’a trouvé mieux que de se lancer dans le business de l’eau. Malgré son état physique, Mamadou Yaya s’est débrouillé à transporter des bidons de 20 litres : « après quelques temps de chômage, j’ai commencé à transporter de l’eau pour les familles. Avec mon état, je transportais juste un bidon. C’est dans ça qu’un vieux m’a vendu une brouette avec laquelle j’ai continué à transporter de l’eau et pour les familles et pour les chantiers. Par jour, je peux alimenter 3 à 4 fût en raison de 1 000 parfois 2 000 GNF par bidon ; ça dépend de la distance. Les jeunes ont voulu me décourager mais je me faisais de l’argent car je gagnais entre 100 000 et 250 000 GNF par jour», soutient-il.

En un temps record, Mamadou Yaya Diallo s’est offert un luxe qui a vite envié tous les jeunes du village : « ma case est tombée et je l’ai reconstruite en un mois seulement. Cela a étonné tout le monde. Quelques mois après j’ai entamé les travaux de construction d’une maison en tôle. Et c’est à partir de là qu’ils ont compris que je gagne de l’argent. En plus, j’ai acheté une moto et dernièrement j’ai acheté une moto tricycle qui me facilite beaucoup le transport de l’eau. C’est ainsi, qu’ils ont commencé à venir me voler », déplore-t-il.

A ce jour, plusieurs jeunes chômeurs de la commune rurale de Diari se sont lancé dans le business : « par mon courage et la confiance que j’inspire aux uns et aux autres, tout le monde m’appelle pour des besoins en eau ; voilà pourquoi j’ai tout le temps des bidons rempli d’eau dans ma concession. Comme ça dès qu’on m’appelle je réagis automatiquement. A ce jour, il y a des jeunes qui commencent à m’emboiter le pas », se réjouis-t-il.

Avec cette entreprise, Mamadou Yaya Diallo compte également se marier sous peu et fonder une famille. Un exemple qui devrait inspirer plus d’un jeune porteur de handicap ou normal qui passe son temps autour du thé et à ne rien faire alors que des initiatives du genre n’en finissent point.

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