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Dossier-Coronavirus : Un lourd tribut pour le secteur économique guinéen

La Guinée est relativement moins touchée par le virus. Même si le nombre de cas continue d’augmenter au fil des jours. Le plus préoccupant dans la propagation de cette pandémie,  est le terrible coup qu’il commence à porter à l’économie  mondiale. Une situation que notre pays subit de plein fouet déjà. Le secteur économique national commence donc à ressentir sérieusement les effets de la crise sanitaire mondiale, liée au Coronavirus. Avec en première ligne le secteur des transports. Et les signaux les plus inquiétants viennent pour l’instant des agences de voyage qui commencent à baisser les rideaux.

Le Coronavirus plombe les compagnies aériennes et les agences de voyages: Lignes annulées, vols suspendus, avions cloués au sol

Cette crise a mis à terre les compagnies aériennes. Premières victimes. Les agences de voyages et les représentations des compagnies. Des vols quasiment vides sur certaines destinations, des passagers qui, au dernier moment, ne se présentent pas pour embarquer. Bien au-delà des conséquences liées à l’extension du coronavirus, il y a celles qui découlent de décisions réglementaires de certains états comme des refus de visas. Conséquences. Les guichets sont complètement vides.

Ainsi, le coronavirus a des effets déjà bien réels sur l’économie mondiale et plus particulièrement sur l’économie guinéenne. Comme énoncé ci-dessus, parmi les secteurs d’activité particulièrement inquiétants, il y a celui des voyagistes. Ce secteur souffre plus que d’autres. La situation est très tendue. Les séjours programmés sont annulés. Plus de voyageurs à enregistrer: « Et pourtant on est sur une période où les gens s’inscrivent. Janvier, Février, Mars, c’est une grosse période de prise de commandes. Et là, c’est un coup de frein », affirme A. Barry, responsable d’une agence de voyage de la place.     Dans l’une des plus grandes agences de la place, le chiffre d’affaire, selon son responsable, a chuté de moins de 90%. « C’est une situation que nous n’avons jamais connue. C’est une baisse de fréquentation énorme. Pour notre activité, c’est terrible. Si cela dure un mois, ça va. Deux mois, ce sera dur. Je pense qu’il y aura malheureusement des fermetures« , conclura M. Barry. En un mot, les agences de voyages subissent une baisse d’activité depuis février.

Les affaires vont mal et Jammil Ghazy, une gérante d’agence de voyage, craint des conséquences sérieuses pour certaines agences de voyage : « Sans une bonne trésorerie, certaines agences vont avoir de gros problèmes, je pense même qu’il peut y avoir des fermetures », dira-t-elle.

Aéroport : les personnels aéroportuaires, les commerces et toutes les autres activités aux arrêts

Depuis une semaine, l’aéroport international Conakry Gbessia n’accueille plus aucun vol commercial. Premières victimes de cette fermeture: les personnels de l’aéroport. Ils sont au chômage technique, ou pire, privés de leur seule source de revenu.

Ces travailleurs et autres ouvriers qui évoluent à l’aéroport ne savent plus à quel saint se vouer. Les commerces, les transports, toutes les activités qui tournent autour de ce grand lieu de rencontre  sont aujourd’hui ébranlés. La décision de fermeture de l’aéroport a mis tout ce beau monde au chômage forcé. Ainsi, grouillant et bouillant hier, l’aéroport international Conakry-Gbessia est devenu comme un cimetière. Toutes les activités y sont paralysées depuis le mardi 24 mars, date de la mise en exécution de la décision. C’est le cas de cette propriétaire d’un « Free Shop » installé dans la salle de transit. « Nous fermons ce matin la boutique. Il n’y a plus de clients. Imaginez ce que ça fait ! Nous devons payer les frais de location…Voyez-vous ! C’est terrible ce qui nous arrive », dira-t-elle très déçue. Non loin de cette propriétaire de Free Shop, Charles P, un français tenancier du bar. Ce dernier n’a pas accepté de se prêter à nos questions, mais c’est un homme très déçu et désemparé qui tenait sa tête dans ses mains. Les bagagistes, les propriétaires de taxis, tout ce monde  tire aujourd’hui le diable par la queue.

Le secteur de l’import-export en crise: Les importateurs inquiets

Expéditions difficiles de marchandises entre l’Asie et le continent, incertitudes sur le court et moyen terme, l’import africain plus particulièrement guinéen retient son souffle au moment où l’épidémie du coronavirus s’accélère et menace les pays africains.

« De nombreuses entreprises et sociétés, surtout celles de la zone franche, ne sont pas livrées parce que les fournisseurs en Asie et en Europe ne peuvent expédier les marchandises. Personnellement, tous mes tissus sont aujourd’hui bloqués en Chine, mes containers de riz sont aussi bloqués en Indochine », nous a confié Elhadj Boubacar Diallo, un importateur de denrées alimentaires.

Rappelons que depuis dix ans, la Chine est indétrônable du rang de premier partenaire commercial de l’Afrique, avec des échanges qui ont atteint 208,7 milliards de dollars en 2019, en hausse de 2,2% en glissement annuel, selon Pékin. L’empire du Milieu est parti de très loin pour ainsi se retrouver au sommet, grâce notamment à ses prix défiants souvent toute concurrence et sa politique agressive sur le Continent. A seulement 2,8% en 2000, la Chine compte pour plus de 14% du commerce africain en 2018, selon un rapport de la Banque africaine d’Import-export (Afreximbank).

Ce business Chine-Afrique qui se concrétise notamment par des centaines de flux mensuels de bateaux au départ comme l’arrivée des principaux ports du Continent suscite cependant quelques craintes, surtout chez nous en Guinée, alors que l’épidémie du coronavirus prend une ampleur insoupçonnée. « Si l’épidémie persiste jusqu’en mois de mai, la situation aura vraiment des conséquences néfastes », prévoit Elhadj Boubacar. D’autant que les entreprises de la sous-région ont déjà dû difficilement composer avec la fermeture des frontières de certains pays.

De Chine, les entreprises guinéennes importent aussi bien des matériaux lourds (machines et équipements électriques et mécaniques, véhicules et pièces), que des denrées alimentaires, des produits pharmaceutiques et diverses marchandises. Au sein de la communauté des importateurs, la situation est beaucoup plus difficile pour ceux qui ne peuvent stocker en trop grande quantité et sur une longue période.

« Ici, les entreprises qui ont constitué d’importants stocks en fin d’année 2019 ne se font pas encore beaucoup de souci. En revanche, les importateurs de riz et de la farine par exemple rencontrent déjà quelques difficultés », nous explique Elhadj Mamadi Kaba, membre de la Chambre de commerce.

Mais si l’épidémie perdure dans le temps, la situation pourrait devenir critique même pour les entreprises qui gèrent des stocks longs.

Selon un membre du Goha, Il y a assez de provisions. Comme quoi, la Guinée ne connaitra pas de pénurie de denrées alimentaires. «Les magasins sont pleins. Les Guinéens ne doivent pas s’inquiéter. Jusqu’à six mois, on ne sera pas en crise. Nous avons pris des dispositions pour faire face à cette situation », rassurera-t-il

Mais les commerçants rencontrés au grand marché de Madina sont loin d’être sûrs de ce que racontent les responsables de Goha. Ils pensent le contraire surtout avec l’allure que prend la maladie ces dernières semaines.

Vers donc la rupture des stocks ?

A Madina, on évoque déjà les ruptures de stocks par endroits, des retards de bateaux, la « mise en quarantaine » de certains conteneurs, mais aussi l’arrêt de certains chantiers, notamment pour les entreprises importatrices de matériaux de construction. « Les effets de l’épidémie se font ressentir, d’une manière ou d’une autre. Certaines entreprises font état de techniciens chinois qui ne viennent pas, parce que bloqués en Chine, d’autant que l’épidémie a coïncidé avec la célébration du Nouvel an chinois », nous explique une source patronale.

Au Port autonome de Conakry, on estime la situation « plutôt normale » pour l’instant. « Le contrôle des bateaux se fait à la bouée d’escale. S’il n’y a pas de détection de virus, les bateaux sont remontés. Le trafic est normal, que ce soit pour les bateaux à destination de Conakry ou de Kamsar », nous déclare un responsable de la communication. Au Port, on a appris que certains bateaux  en provenance de la Chine et de l’Europe seraient bloqués et que les mesures de contrôle seraient naturellement renforcées.

Quelle stratégie mise en place au ministère du Commerce ?

Au ministère du Commerce, on affiche la sérénité. Les responsables de ce département rassurent que les stocks présents peuvent couvrir les besoins du pays sur une longue période. Comme quoi, les magasins de dépôt de denrées alimentaires sont toujours pleins. Plusieurs dispositions seraient prises pour éviter la pénurie.

A défaut du Directeur national du commerce qui n’a  jamais eu le temps de recevoir Guinéenews, malgré nos présences répétées dans les locaux du département et nos sollicitations, nous avons échangé avec certains cadres qui nous ont rassurés, qu’il   n’y aura pas de crise.

« Nous sommes en contact avec les importateurs de produits alimentaires qui  ne cessent de nous rassurer sur lexistence dune grande quantité  de stocks dans leurs magasins. Nos éléments ont même visité les locaux dans les marchés. Si vous repassez les prochains jours on vous remettra des documents avec les chiffres à lappui », nous  promet A. Barry, un cadre du ministère.

A savoir la stratégie mise en place par le département, notre interlocuteur nous donne rendez-vous pour les jours à venir.

Depuis donc quelques jours, la ville de Conakry ressent durement les conséquences économiques de cette crise sanitaire. Toutes les activités  tournent au ralenti. Les écoles, les restaurants, les night clubs, l’aéroport, les agences de voyages…sont fermées.

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