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Exactions à Wanindara : ces images et témoignages chocs qui interpellent les autorités

Après les récentes violences, notamment celles de la journée du mardi, le quartier Wanindara a renoué avec le calme le lendemain, mercredi. Une baisse de la tension qui permet d’accéder à la zone où nous avons rencontré des populations qui ont du mal encore à sortir de la terreur. Encore sous le choc, certains habitants redoutent des représailles. Même s’ils acceptent de se confier aux journalistes venus à leur rencontre. Ce qui permet à Guineenews de recueillir de ces témoignages concordants sur de graves accusations contre les forces de de sécurité.

Selon ces témoins rencontrés sur place, l’enfer des victimes a commencé le mardi aux environs de 14 heures. Quand les pères de famille sortis en bordure de l’autoroute pour s’assurer que les jeunes souvent accusés de provoquer les forces de l’ordre n’y sont pas. En effet, ils ont été contraints de quitter les lieux par les agents postés dans la zone pour le maintien d’ordre. Mais aussitôt, rapportent des témoins interrogés, l’équipes mixtes de policiers et gendarmes aurait investi le quartier pour, dit-on, sévir. Conséquences : dans les familles le mercredi matin, c’est la désolation. Avec le sentiment d’être sous la menace permanente d’expéditions punitives ciblées.

Du gaz lacrymogène dans les habitations et des agents armés de marteaux et burins

Retissant tout au début, Elhadj Abdoulaye Diallo finit par accepter de témoigner, rassuré par son voisin immédiat. Il montre des véhicules dont les vitres portent encore les violents stigmates du passage violent des agents qui se seraient introduits dans sa concession en escaladant les murs de la cour fermée. Puis, le vieil homme, chauffeur à la retraite, revient sur l’agression dont le paroxysme a été le jet de deux gaz lacrymogènes dans son salon.

Selon ses explications, il doit sa survie aux voisins qui lui aurait porté secours avec les membres de sa famille. Sous l’effet du gaz, il confie qu’il avait perdu connaissance… Ironie du sort, la maison de son voisin immédiat qui est un policier en service en province, n’a pas été épargnée par la violence de ses collègues.

Plus loin dans le quartier, des faits similaires mais plus graves sont reprochés aux hommes en uniforme.  Dans la concession de M. Sow, la même violence policière est mise à l’index. Des cas de vols y sont signalés : plus de quatre millions de francs guinéens et trois téléphones dont un androïde ont été leurs butins. Le pire, c’est la torture morale infligée à une vieille de 95 ans qui vit chez sa fille avec laquelle elle suppliait l’agent armé de ne pas la tuer. Tout ceci sous les regards médusés de ses enfants et petits-enfants qui se tenaient dans l’annexe dont la porte fut forcée par les agents.

Dans le voisinage, c’est à l’aide de marteaux et burins que les visiteurs armés auraient fait sauter le verrou d’un portail pour accéder à l’intérieur d’une la concession. Et à défaut de réussir d’ouvrir la porte d’une chambre par la même méthode, ces derniers auraient dégoupillé et introduit du lacrymogène par la fenêtre en fendant la moustiquaire. Selon ses propres termes, Fatoumata Lamarana qui s’était réfugiée dans cette pièce s’en est sortie de justesse. Avec beaucoup de vomissements et d’autres effets qu’elle dit continuer à ressentir.

Bastonnades et injures à connotation communautaire

Parmi les cohabitants de la famille Sow, Mme. Iliassou Diallo a été la moins chanceuse. En effet, les policiers et gendarmes agresseurs ne se sont pas contentés d’emporter l’argent de son commerce qu’elle a ramené à la maison qu’elle a estimée plus sure pour sa maigre fortune. Elle dit avoir été embarquée et momentanément incarcérée avec une autre dame, dans une des cellules de la CMIS (compagnie mobile d’intervention et de la sécurité) de Wanindara. Cela après un long trajet, le temps d’une sorte de patrouille sur fond de racket dans le quartier et les zones environnantes. Si elle reconnaît avoir échappé à la bastonnade, dame Iliassou ne manque pas de préciser les circonstances. Car, confie-t-elle, c’est grâce un responsable de la police qui a désapprouvé son agent qui avait manifesté l’intention de la faire subir des supplices corporels.

Toujours selon le témoignage de notre interlocutrice et contrairement aux deux dames qui étaient parmi les personnes interpellées, les hommes n’auraient pas échappé aux sévices corporels. A tous ses compagnons d’infortune, témoigne Iliassou Diallo, des coups de matraques auraient été administrés à ces hommes…

Pour y procéder, dit-on, un premier agent devait s’appuyer solidement et à tour de rôle sur les épaules des victimes tandis qu’un deuxième agent tenait les pieds.

Puis un troisième qui s’employait avec toute son énergie à bastonner ses victimes, l’une après l’autre, sur le dos ou les fesses.

Rackets et casses délibérées dans un garage mécanique auto

Ailleurs dans le quartier de Wanindara, il y a eu beaucoup de violences policières et des casses. Mais il y a un garage mécanique qui revient sur toutes les lèvres. Sur les lieux, l’observateur le moins averti est interpelé par la brutalité exercée contre les véhicules. Les parebrises et autres vitres de portières étaient les cibles de prédilection pour les ‘’agents vandales’’.

Dans leurs témoignages, les apprentis affirment que c’est à l’aide d’un pilon qu’un agent des forces de l’ordre aurait cassé toutes ces vitres (voir photos). Pis, ils rapportent également que leur maître a dû payer trois millions de francs guinéens pour permettre aux trois personnes arrêtées de recouvrer leur liberté…

Face à ce constat désolant sur fond de graves accusations contre les forces de sécurité, notre rédaction a sollicité avoir des autorités policières leurs versions afin d’éclairer la lanterne des uns et des autres, d’une part et l’autre si des dispositions sont prises pour éviter ce genre de répressions aux populations dans le futur.

Joint, à cet effet par Guineenews, le contrôleur général de police, Mamadou Camara, porte-parole de la police nationale, est même revenu d’abord sur l’assassinat dont un policier a récemment été victime dans la zone. Avant de confier qu’une note circulaire aurait été signée par la hiérarchie à l’effet de rappeler aux forces de l’ordre leur obligation de respecter les principes liés aux droits humains. Un document qui nous a été promis par l’officier mais qui reste toujours attendu jusqu’au moment où mettons en ligne cet article.

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