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Forêt classée de Déré-Lola : le déguerpissement en panne, occupants et autorités locales se rejettent la responsabilité

Le déguerpissement des occupants illégaux de la forêt classée de Déré, monts Nimba en Guinée et à Thiapleu, en Côte d’Ivoire, continue d’alimenter les débats dans la sous-préfecture de N’Zoo, préfecture de Lola.

Le jeudi 24 janvier, un des occupants de cette forêt classé, Zongo Abel, un citoyen burkinabé né à Soubré, en Côte d’Ivoire, a révélé à Guinéenews comment ils se sont établis dans cette zone et qui les ont grugés.

«…Ce sont des frères burkinabés installés dans la forêt de Déré qui m’ont appelé pour me dire que si je suis intéressé, il y a une zone classée entre la Guinée et la Côte d’Ivoire qui est à vendre. Lorsque je suis arrivé, j’ai trouvé notre tuteur M. Plewon avec qui j’ai négocié. Mais celui-ci nous a dit que si nous voulons travailler, ce serait dans son  champ de riz qu’il cultivait. Quant à nous, nous étions intéressés  seulement à avoir une plantation  de café-cacao. C’est ainsi qu’il nous a dit que pour avoir cette plantation, il faut que nous payions. Nous avons donc engagé des négociations pour l’achat d’une partie qui était destinée à recevoir notre plantation de café-cacao.

A notre arrivé, un hectare était vendu à 50 mille CFA, soit 800 mille francs guinéens. Après avoir conclu le marché, nous avons, à notre tour, appelé nos frères qui se trouvent du côté de la Côte d’Ivoire de venir se rejoindre à nous. Car, il y avait des forêts à vendre  en Guinée. Ceux-ci sont venus s’établir à nos côtés…

Mais 2018, le prix de l’hectare a atteint 150 mille CFA, soit plus de deux millions de francs guinéens. Et cette information s’est étendue à toute la zone. À notre arrivée, nous ne savions pas que c’est une forêt classée. C’est lorsque des ONG venues sous prétexte qu’elles sensibilisaient les occupants illégaux après l’assassinat d’un guinéen dans la forêt par un militaire, que nous avons su que c’était une forêt classée.

Quand nous y arrivions, il y avait des Ecogardes, (les conservateurs de la nature, ndrl), mais aucun parmi eux ne nous  a signifiés que nous étions installés dans une forêt classée.

Par contre, ces Ecogardes nous demandaient de payer des redevances si nous voulions nous y établir et faire des plantations. Pour nous, c’était vraiment légal. Ces agents nous demandaient 10 mille CFA, soit 160 mille francs guinéens par personne. 

Nous sommes venus avec peu de moyens. Mais malheur à celui qui ne payait pas l’intégralité de l’argent de ces propriétaires… Tout l’argent espèce qu’on avait plus l’argent qu’on a eu dans la vente de nos biens, tout a été investi dans ces plantations.  Avec ce déguerpissement, nous perdons tout ce que nous avons investi. C’est pourquoi, j’ai décidé de porter plainte à la justice. Parce que nous estimons que nous avons été escroqués à la fois par les soi-disant propriétaires terriens et les Ecogardes qui nous réclamaient de l’argent. En plus ils nous ont donné l’assurance qu’une fois les paiements effectués, ces terres nous revenaient définitivement. Ma plainte vise 9 neuf personnes dont M. Plewon qui a fait installer assez de personnes dans la zone réservée.

Je précise que les autorités communales ne sont pas mêlées à ce problème. Par contre, le sous-préfet de N’Zoo nous réclamait des choses pour pouvoir rester  dans la forêt», a accusé Zongo Abel.

Face à ces accusations, votre quotidien électronique Guinéenews a rencontré le sous-préfet de N’Zoo, Joseph Koïba. Celui-ci a réfuté catégoriquement toutes les accusations portées contre sa personne avant  de rappeler que c’est en 2016 qu’il a été nommé comme sous-préfet par intérim et qu’en 2017, il a été confirmé à son poste.

«Depuis que je suis à ce poste, la forêt classée de Déré est occupée illégalement par des Burkinabé, Maliens, Ivoiriens et des Guinéens.

À travers la sensibilisation, des rencontres tripartites, on les a fait comprendre que cette forêt est un patrimoine mondial et en conséquence, ils doivent libérer les lieux. Ils avaient  même signé des documents dans lesquels ils ont reconnu que ces zones qu’ils occupent, appartiennent à l’Etat et qu’ils sont prêts à les libérer dès qu’on leur demandera de quitter. Ces documents ont été établis avec mon prédécesseur, feu Commandant Donzo avec feu Jacques, le chargé du développement rural. Je suis venu trouver ces occupants illégaux en place dans la forêt et je les ai convoqués. Ils m’ont expliqué cette situation et je leur  ai martelé que cette forêt est un patrimoine de l’Etat et quelle que soit la durée, un jour viendra, ils seront contraints de quitter. Ils m’ont réaffirmé leur volonté de quitter la Forêt dès que l’Etat en aura besoin.

Maintenant que l’Etat exprime ce besoin, ils refusent de quitter en dépit des nombreuses sensibilisations.

La décision de déguerpissement des occupants illégaux, vient des présidents de la République Alpha Condé de la Guinée et Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire. Lors de sa visite à Guelemata, le chef de l’Etat, Alpha Condé a rappelé cette décision et il a insisté là-dessus lors de son séjour de travail à Lola.  

Les deux Chefs d’Etat ont décidé de déguerpir les occupants illégaux des réserves du mont Nimba, de la forêt classée de Déré et  de Thiapleu.

Nous avons eu des réunions dans la capitale de Tonkpi, à Man  en Côte d’Ivoire. Le préfet, les sous-préfets de N’Zoo et de Tounkarata et les autres sous-préfets de la Côte d’Ivoire qui sont concernés par cette forêt. Lors de la dernière réunion à Lola entre les autorités ivoiriennes et guinéennes, il a été  décidé d’appliquer la stratégie utilisée par les ivoiriens pour libérer la forêt de Thiapleu et de Déré.

Nous sommes surpris qu’avec toutes ces sensibilisations qu’un groupe de six personnes ait décidé de saisir la justice en déposant une plainte… Ils ont tenu une réunion dans les campements en disant qu’on ne peut pas déguerpir une personne sans dédommagement et que s’ils ne sont dédommagés, ils n’y quitteront point et qu’ils porteront plainte dont ils déposeront des copie à l’Union Européenne, à l’Ambassade du Burkina Faso, à la CEDEAO, à l’UNESCO.

Dans leur plainte, figurent les noms du sous-préfet que je suis, du directeur adjoint de CEGENS et de certains Ecogardes qu’ils accusent  de leur avoir vendu les domaines réservés.

La vente des domaines n’est pas celle des gâteaux. Pour vendre un domaine, il faut une attestation de vente dignement signé par le vendeur, l’acheteur, par les témoins de l’acheteur et du vendeur et par  un élu local comme le maire ou le chef de quartier. Cette attestation doit aussi comporter le cachet de l’autorité en place. C’est pourquoi je considère cette plainte comme un faux  débat», a déclaré le sous-préfet de N’Zoo en réplique aux accusations du sieur Burkinabé, Zongo Abel.

Faut-il par ailleurs rappeler que conformément à l’accord signé l’année dernière entre les autorités guinéennes et ivoiriennes, la date butoir pour le déguerpissement de ces occupants illégaux était fixée au 10 janvier 2019 mais jusqu’ici, l’opération peine à démarrer.

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