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Gassama sur l’interdiction générale des manifestations : « Cela serait un recul pour la démocratie »

Le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, le général Bouréma Condé, a pris la lourde décision d’interdire toutes manifestations sur toute l’étendue du territoire national jusqu’à nouvel ordre. Cette décision est consécutive à l’opposition du syndicat et de la société civile à l’augmentation du prix du litre du carburant à la pompe à hauteur de 25%.

Intervenant ce 26 juillet 2018 dans l’émission Africa 2015 de la radio Nostalgie, le ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté, Kalifa Gassama Diaby, a fustigé cette interdiction. Pour lui, cet acte constitue un recul pour la démocratie : « Notre Constitution garantit aux citoyens la liberté d’opinion et d’expression. Je vais être clair et précis. Toute décision d’interdiction générale et absolue de manifestation est un recul pour la démocratie. Toute décision qui empêche les citoyens de s’exprimer dans un cadre légal sans violence est un recul pour la démocratie, est contraire à notre Constitution. Et cela ne peut être défendable.»

Pour Gassama Diaby, le gouvernement doit accepter les critiques, même désagréables : «Je vais appeler les différents acteurs, y compris le gouvernement auquel j’appartiens, que chacun garde son calme et qu’on accepte dans notre pays que le gouvernement gouverne, qu’il fasse des choix politiques et que ces choix politiques ne puissent pas plaire à une partie de nos concitoyens, c’est normal dans une démocratie. Que cette partie puisse s’exprimer dans le cadre légal est aussi logique et normal. Il ne faut pas que l’on ait peur de la contradiction du débat et même de la critique, fut-elle désagréable. »

Plus loin, le ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté persiste et signe qu’il ne défendra jamais la violation des lois de la République : «Il ne faut pas qu’on recule. La démocratie, il faut avoir le courage d’aller au bout. Alors en tant que ministre en charge des questions de droits humains, je ne peux pas être d’accord avec une telle décision, de façon générale. On peut interdire de façon exceptionnelle lorsque des motifs réels et objectifs de trouble à l’ordre public, de violences sont là. On peut interdire circonstanciellement, conjoncturellement une manifestation. Mais on ne peut pas empêcher le citoyen guinéen, quelque soient les désaccords par ailleurs, d’exprimer ce qu’ils pensent et de le dire publiquement, y compris par les marches et les manifestations. Cela doit être clair et il m’est moralement, personnellement, impossible de défendre une telle décision. »
Se désolidariser de la décision d’un ministre du gouvernement auquel il appartient est perçu par certains, ses détracteurs notamment, comme étant un soutien à ceux contre qui cette décision est prise. Mais le ministre Gassama rassure ne défendre ni Paul ni Pierre : « Culturellement, je suis toujours plus proche de ceux qui se sentent plus faibles et je ne change pas. Je ne suis avec personne. Je défends les lois de la République. Je suis profondément attaché aux valeurs de la démocratie et de la justice, du respect des libertés et du droit de chaque citoyen guinéen. Moi je ne défends personne. Je ne fais pas de rencontres secrètes. Je n’ai pas d’alliés, je n’ai pas d’ambitions ou de prétentions. Par contre, je ne serai pas complice d’une violation des droits humains parce que c’est mon rôle. C’est le rôle que le chef de l’Etat m’a confié. Je compte le jouer, que cela plaise ou pas. Je ne suis ni avec la société civile ni contre elle. Je ne suis ni avec l’opposition ni contre elle. Je défends la constitution guinéenne. »

Voilà qui est clair. Mais le ministre pourrait s’attendre aux foudres des partisans de cette interdiction.

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