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« Gouverner autrement » : cette volonté d’Alpha Condé diversement appréciée par les internautes

Au lendemain de sa reconduction à la magistrature suprême du pays, le président de la République a promis de « gouverner autrement ». Un concept qui prête assez à confusion dans la tête du Guinéen ordinaire. Et Alpha Condé en est lui-même conscient. Puisque dans une adresse à la nation faite ce samedi 30 janvier 2021, il s’est prêté à un exercice à l’effet d’expliquer aux Guinéens, « les choix d’aujourd’hui et les décisions à venir ».

Pour le chef de l’exécutif guinéen, gouverner en démocratie et à notre époque de toutes les exigences, c’est de consulter avant de décider et d’expliquer ce qu’on décide pour l’adhésion de chacun et de tous.

« Gouvernement autrement » qui est un engagement de campagne et une option politique ferme et irréversible de ma part, mérite d’être expliqué pour qu’ensemble nous soyons capables de relever ce défi ambitieux. (…). Certes, ce sont des hommes et des femmes sélectionnés sur la base de leurs compétences et de leur intégrité, mais, c’est surtout une méthode, une vision, des objectifs clairs et précis, un système d’évaluation-sanction, bref, c’est une autre façon de voir, de concevoir, de faire et de se comporter dans la société, l’Etat, l’administration publique », a-t-il tenté d’expliquer.

Sauf que des appréhensions divergent autour de ce slogan et surtout autour de la communication du président Alpha Condé. En réaction à une publication faite sur la page Facebook de Guinéenews© à l’effet de recueillir les perceptions des uns et des autres sur ce sujet, Sékou Keita écrit : « Au crépuscule de sa vie, il préfère faire sombrer la Guinée dans la misère tout au long de son pouvoir en tenant uniquement des promesses fallacieuses ».

Pour sa part, Thierno Sadou Doukouré réalise que « gouverner autrement » est un slogan politique. De l’avis de cet internaute, la proportionnalité entre actes et paroles ne s’interprète pas, mais se lit sur le terrain. Citant Alpha Condé qui a déclaré « prendre la Guinée là où Sekou Touré l’avait laissée », il mentionne que cette volonté se lit aujourd’hui sur le terrain, notamment à travers des complots, la fermeture des frontières, l’arrestation arbitraire, la réouverture du camp Boiro/Soronkonii, la menace des pays voisins et l’oppression des opérateurs économiques, entre autres.

« Gouverner autrement », un pouvoir acquis par un coup d’État civile, par des ruses jusqu’à la falsification de la Constitution, l’accumulation des parjures, (…), tout ceci, après dix ans d’exercice, pour conserver ce bien mal acquis (pouvoir). Gouverner autrement, c’est récompenser l’équipe du coup d’État civil et confirmer la prise en otage du pays », note M. Doukouré.

Bamss Diané se dit un peu dubitatif par rapport au slogan prononcé par le président Alpha Condé. « Car, il a reconduit les mêmes auteurs de son échec des deux précédents mandats », argumente cet internaute.

De son côté, Ablaye Ba tente prétendument de faire comprendre au chef de l’Etat que nous ne sommes plus dans les années 80. « Tout les Guinéens sont éveillés, et conscients de la richesse de notre pays, de la capacité de notre pays à nous donner un niveau de vie supérieur dans la sous-région ouest africaine. Il 5Alpha Condé, ndlr) pense qu’il peut nous berner tout le temps ; il se trompe lourdement avec son clan mafieux. Toute chose a un début et une fin », enseigne-t-il.

Dans son adresse à la nation, Alpha Condé a occulté des questions qui sont pourtant essentielles. C’est du moins, l’avis de Samuel Kourouma qui révèle que le président de la République a les questions liées notamment à la démocratie et à l’Etat de droit. Pour cet internaute, il n’a pas non plus parlé des morts, des blessés et des détenus politiques. « Bref c’est une communication de façade », juge M. Kourouma.

Dithyrambique, Deen Koolo Barry, pour introduire son post, s’inspire d’Albert Einstein qui dit  »la folie, c’est de toujours utiliser les mêmes méthodes et s’attendre à un résultat différent ». « Et à notre körö national d’ajouter :  »en Guinée, plus le mensonge est gros, plus les gens y croient  ». Voilà le tréfonds de la signification de son goût-berner autrement. C’est de la poudre aux yeux et dans les narines », écrit-il.

En dépit du temps mis par Alpha Condé pour expliquer son nouveau concept, Cécé Justin Camara ne semble rien y comprendre. « Qu’est-ce que le président veut appeler gouverner autrement? », s’interroge-t-il d’emblée.

Pour lui, « gouverner autrement, après avoir gâché l’espoir de toute une nation en modifiant la Constitution juste pour se maintenir au pouvoir, (alors qu’) il était la personne la mieux placée pour mettre ce pays sur le chemin de l’alternance vu son âge avancé, sa carrière politique et surtout le fait qu’il ait passé plus de la moitié de sa vie dans un pays où la démocratie est consommée comme une cacahouète ».

« Gouverner autrement, c’est reconduire les mêmes hommes qui ont fait 10 ans aux affaires sans résultats probants, sous prétexte qu’ils ont mouillé le maillot et à cause de ça, ces hommes auront en tête de remplir leurs poches au lieu de servir le pays, parce qu’ils sont nommés à leurs postes non pas par leurs compétences, mais parce qu’ils ont choisi de tuer la démocratie que les guinéens ont cherchée avec beaucoup de sacrifices. Pour moi, gouverner autrement veut dire berner autrement son peuple qui est totalement désespéré par le comportement de certaines de ses élites », note Cécé Justin Camara.

La neutralité. Voilà l’attitude que tente bien de prendre Maomy Curtis dans cette situation. « Sans avoir de parti pris, je pense qu’il suffit d’un peu moins de crédulité, de plus de jugeote pour se dire que ce discours du président n’est encore une fois que des mots disséminés dans le vent. Car, on ne peut en aucun cas sortir d’une élection telle que celle qu’on a connue et qui a autant fragilisé l’unité nationale, et se contenter de reconduire les mêmes lascars qui nous ont portés là, puis venir enquiquiner le monde avec un discours vide de sens sur la réconciliation et le développement. Comme le disait Einstein, « la définition de la folie, c’est refaire la même erreur dans l’espoir d’avoir un résultat différent » », conclut M. Curtis.

Dezmo Fernand déclare, pour sa part, avoir suivi avec intérêt le discours du président de la République. A son avis, dit-il, ces dires ne reflètent même pas de la composition du gouvernement. « S’il disait vrai, cette dame Djenab Dramé ne serait pas reconduite après tout ce scandale de détournement avéré », dresse Fernad en guise de preception.

Quant à Moustapha Badiar Diawara, il se pose la question de savoir si le président est ‘‘entièrement’’ indépendant dans ses discours. Pour lui, le moment où il devrait expliquer ce concept au peuple de Guinée est déjà passé. « Actuellement, personne n’est convaincu et personne ne croit à ce que dit le président. Maintenant, chacun traduit le slogan ‘‘gouverner autrement’’ de sa manière et dans le sens qui lui convient. En conclusion, c’est le médecin après la mort », révèle-t-il.

Mohamed Hana Keita se déclare vraiment engagé – comme tout autre guinéen soucieux pour le progrès de son pays – à accompagner de sa manière l’État pour le bonheur de tous les fils et filles du pays. « Mais les promesses restent les promesses. Je veux bien donc être agréablement surpris de voir ces mêmes personnes qui ont gouverné d’une manière que nous n’avons pas appréciée, gouverner autrement… ».

Laye Traoré indique qu’il ne sera convaincu de ce slogan que lorsqu’il y aura au moins un léger changement au niveau de la conduite (de la chose publique, surtout) avec les mêmes personnes. « On dirait que le pays ne regorge pas d’élites juvéniles capables de booster et changer la donne. Il a formé une équipe en laquelle le peuple n’a plus confiance. Pendant 10 ans, ils ont montré leurs limites. Pourtant le slogan était en faveur de la jeunesse et des femmes. Mais il n’a reconduit que les tueurs d’espoir », se désole M. Traoré.

Il convient toutefois de rappeler que de l’avis de maints analystes, le slogan « gouverner autrement » tonne un aveu d’échec pour le régime d’Alpha Condé durant les dix premières années. « Conscients donc de cet état de fait, il veut inverser la tendance en promettant de gouverner autrement. Mais avec quels collaborateurs ? », s’interroge-t-on.

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