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Guinée: bien qu’interdite, l’excision a toujours le vent en poupe à N’Zérékoré

En cette période des grandes vacances, l’excision en dépit de son interdiction, est fortement pratiquée dans la préfecture de N’Zérékoré. Ce, malgré les multiples campagnes de sensibilisation faites sur les dangers liés à cette tradition ancestrale.

En effet, de nombreuses familles, toutes ethnies et religions confondues pratiquent l’excision dans la préfecture de N’Zérékoré. Même si cette pratique ne fait plus de nos jours l’objet de réjouissances populaires, elle continue à être pratiquée dans les différentes communautés.

Il suffit de faire un tour de certains foyers pour se rendre à cette triste évidence. Ainsi, au quartier Burkina, dans la commune urbaine de N’Zérékoré, une mère d’une excisée se confesse : « ce sont les tantes de ma fille qui sont venues prendre ma fille pour l’exciser. L’excision est une pratique que nous avons trouvée avec nos parents. Avant, on faisait de grandes cérémonies de réjouissance mais de nos jours comme on dit que c’est interdit, on le fait de façon très modeste sans réjouissances populaires pour éviter d’attirer l’attention des gens sur nous. Dans notre famille, il n’y aucune femme qui ne soit pas excisée. Donc ce n’est pas ma dernière fille qui va être excisée. C’est vrai, on nous dit que la femme excisée peut avoir des problèmes à l’accouchement mais, on n’a pas le choix ».

Interrogé sur les actions menées par sa direction pour lutter contre cette pratique néfaste, Thierno Alsény Souaré, inspecteur régional de l’Action sociale de la promotion féminine et de l’enfance déclaré : « dans notre département, il y a trois directions dont une chargée de la lutte contre les mutilations génitales féminines et les violences basées sur le genre. Il y a deux à trois mois, grâce à l’appui financer de l’UNICEF, nous avons organisé des rencontres dans les communes de convergence où nous avons réussi à identifier dans chaque district trois villages dont les cas d’excision sont fréquents. On ne condamne pas les mutilations mais c’est « l’ablation » que nous déplorons. Cependant, il faut reconnaître que la forêt sacrée a des aspects positifs dans l’éducation de base de nos filles. »

Et de poursuivre : « à chaque fois que nous avons connaissance des cas d’excision, nous interpelons les intéressés. Sauf que les familles font de plus en plus cette pratique dans la plus grande cachette. Le cas le plus récent, c’est au niveau de Guéckédou où deux femmes ont été arrêtées pour leur implication dans l’excision de jeunes filles. »

S’agissant des actions de lutte, Thierno Alsény Souaré a affirmé que cette excision est, par endroits, pratiquée. « Nous avons organisé des ateliers de formation et ces personnes ont déclaré qu’elles ne feront plus l’excision. A l’heure où je vous parle, on n’a pas connaissance de la pratique de l’excision dans des districts sanitaires publics ou privés. Car, une large vulgarisation de la loi qui condamne les excisions a été faite », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, l’inspecteur régional de l’Action Sociale lance un appel aux chefs de ménage pour qu’ils jouent bien leur rôle afin d’en finir avec cette pratique qui n’a que trop duré dans nos communautés.

D’après certains témoignages recueillis par Guineenews© sur le terrain indiquent, hors-mis les exciseuses traditionnelles qui se font de plus en plus rares, il y aurait par endroits une implication des professionnels de la santé notamment les infirmières et les sages-femmes dans la pratique de l’excision dans la commune urbaine de N’Zérékoré. Et ce, malgré toutes les formations, sensibilisations et informations faites à ce sujet.

À noter que le coût de l’excision d’une fille varie entre 50 et 80 mille plus 5 morceaux de savons.

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