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Guinée – Culture : Que sont-ils devenus ? Quid du cas Salifou Kaba du Bembeya, aujourd’hui souffrant

Sur le parcours, votre quotidien électronique dans ce numéro de sa rubrique (Que sont-ils devenus ?), a rencontré Salifou Kaba, musicien, chanteur de la légendaire et emblématique formation orchestrale nationale, le Bembeya jazz national. (image d’archives).

Ayant un parcours professionnel et musical jumelé à celui du dragon de la chanson africaine, Aboubacar Demba Camara, Salifou Kaba nous a accueillis à son domicile situé au quartier Kobaya.

A bâtons rompus ou rien à cacher, l’artiste nous a logés dans sa vie pour savoir, son parcours, ses œuvres et son état de santé plus ou moins flétrie.

Il est né en 1943 à Kankan, fils de feu Moridjan et de feue Fatoumata Camara, Salifou Kaba est père de 12 enfants (10 filles, 2 garçons) dont 11 vivants.

Des études scolaires à l’entame moins consolidées, toutefois, Salifou Kaba va s’orienter finalement à l’Ecole Régionale de Kankan où il décroche son Certificat d’Aptitude Professionnel (CAP) au niveau de la section manuelle, option Ebénisterie.

Comment cette grande icône de la musique guinéenne est-il venue à la musique ?

Très détendu, physiquement diminué et qui maintient néanmoins quelques élans artistiques, de sa voix fine, Salifou répond : « c’est à l’école que je me suis intéressé à la musique à travers mon oncle qui possédait un ‘’phono’’ (tourne disques). On écoutait les disques en compagnie des amis. Progressivement il y a eu l’organisation des soirées récréatives appelées ‘’Boucan’’. Je dansais très bien le ‘’gounbé’’, une danse traditionnelle qui était pratiqué un peu partout dans la sous-région (Cote d’Ivoire, Mali, Burkina). C’est d’ailleurs pendant ces multitudes rencontres culturelles dans les quartiers de Kankan que j’ai rencontré et lié amitié avec feu Demba Camara qui était un grand danseur du makrou’’.

Il est indéniable, que la vie d’artiste musicien chanteur de Salifou Kaba, est combinée à celle du Bembeya Jazz National. Il nous relate comment cette grande histoire est née : ‘’ après les études à l’Ecole Régionale, j’ai exercé le métier d’ébéniste à Kankan. Notre atelier de menuiserie avait la charge de confectionner et de fournir des mobiliers scolaires à toutes les écoles de la Région de Kankan. C’est ainsi que je fus sollicité par feu Emile Condé pour le rejoindre à Beyla dans le cadre de mon métier.

Amoureux de la musique et du cinéma aussi, je fredonnais le plus souvent ou sifflais des airs de musique guinéenne, congolaise et cubaine pendant le travail. Lors d’un de ses passages devant mon atelier, Sékou Diabaté Bembeya fut séduit par ma voix. Il m’invite de rejoindre son groupe qui animait au ‘’Bar Relais’’ de Beyla. C’est suite à un test concluant et après plusieurs hésitations à cause de ma famille que j’ai rejoint le Bembeya en qualité de premier chanteur. Je vous signale que c’est au même moment que Demba fut aussi recruté comme deuxième chanteur. Graduellement, il s’est imposé et a repris ma place de premier chanteur. Nous avons donc débuté et évolué ensemble dans le Bembeya jazz national, jusqu’au jour où Dieu l’a repris. Paix à son amen ! ’’.

Des tournées à l’intérieur du pays et à l’international, le Bembeya jazz a récolté d’innombrables succès en compagnie de Salifou Kaba et d’Aboubacar Demba Camara au chant.

Certainement moins productif dans la création musicale que Demba, force est de reconnaitre que Salifou Kaba, en plus du soutien par sa mince voix aux chœurs, a formé un couple d’excellents danseurs en compagnie de son ami Demba Camara.

Après 10 ans de succès du Bembeya jazz national, deux ans après, estropié de sa plus grande valeur suite au tragique décès d’Aboubacar Demba Camara, cette formation orchestrale se retrouve dans une douloureuse situation.

Le souci sur le plan de la poursuite des œuvres et du maintien de la consécration s’est converti en une équation à plusieurs inconnues. Pour donc sortir de cette impasse, l’exigeant et difficile choix de continuateur demeure l’inconnue majeure de cette équation qui s’était posé aux hommes de feu Hamidou Diaouné (chef d’orchestre).

Salifou Kaba se souvient du moment : ‘’ après la mort de Demba, j’ai voulu tout arrêter. C’est après de fortes sensibilisations et de pressions de toute part, que j’ai pris finalement la décision de continuer avec mes amis. J’ai tenu à honorer d’une part la mémoire de mon ami et de l’autre, poursuivre afin de démontrer la valeur d’une amitié envers mon groupe’’.

C’est ainsi que le Bembeya à la recherche d’un successeur infaillible de la classe du Dragon de la chanson africaine, connaitra plusieurs mutations.

Toujours constant au niveau de la section chant, Salifou Kaba se verra rejoindre au micro tout d’abord, par feu Naniamory Kouyaté et Moussa Touré alias ‘’JB’’ pour former le ‘’trio ambiance Bazooka. Plus tard, se succéderont aux côtés du doyen Salifou Kaba, feu Youssouf Bah ’’Youyou’’ et Sékouba Bambino Diabaté.

L’itinéraire couronné de gigantesques exploits de cette formation, est certes l’œuvre d’un collège de talentueux artistes. Il reste aussi évident que Salifou Kaba a eu un apport singulier au niveau de cette formation orchestrale.

‘’L’âge est un otage et la vieillesse un naufrage’’, disait l’autre. A 76 ans, cet éminent artiste chanteur est malade et convalescent à domicile.

Il souffre des maux de reins. ‘’Des reins déplacés’’, avoue-t-il suite à l’accident de circulation, survenu à Dakar et qui a arraché Aboubacar Demba Camara à notre affection.

Rattrapé par la maladie et le poids de l’âge, Salifou a raccroché et vit présentement par la grâce des bons soins de Mme Koulako Camara, l’unique fille de Demba Camara.

Pour avoir des précisions sur ses ressources actuelles, Salifou Kaba va droit au but : ‘’ Je vis par le biais du soutien de mes enfants, de mes collègues vivants du Bembeya et surtout de l’appui de Mme Koulako Camara. Elle a loué cet appartement pour moi et s’occupe de mes frais médicaux et pharmaceutiques. Certes, je bénéficie d’un certain montant qui découle de la location du ‘’club Bembeya’’, local qui a été attribué à notre formation. Je rends encore grâce à Dieu pour m’avoir gardé aussi longtemps. Je remercie tous ceux qui de près ou de loin m’assiste’’.

Patient, croyant et sympathique, Salifou Kaba entretient le moral et derrière tout, se dissimule un solide mental. Il confirme n’avoir aucun regret face à la vie et est fier d’avoir rendu service à sa nation.

Plus simple et utile nous en ferons notre existence sur terre, aussi facile sera l’interprétation des graphiques de notre vie.

Parfaite santé et longévité au doyen Salifou Kaba du Bembeya jazz national.

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