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Guinée : des députés européens dénoncent les dérives du pouvoir

Dans une lettre conjointe adressée au Haut-représentant de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité, Josep Borrel, plusieurs députés ont dénoncé les violations des droits de l’homme en cours en Guinée. Les députés européens rappellent à l’entame que “ le 22 mars 2020, la Guinée a connu l’une des élections les plus disputées, les plus violentes et les moins démocratiques dans son histoire. Les doubles scrutins législatif et référendaire ont eu lieu avec une très forte implication des forces militaires et paramilitaires, dans un contexte de fortes tensions politiques et de crise sanitaire.”

Ils estiment que rien ne pouvait plier le président sortant, Alpha Condé à renoncer à son projet de troisième mandat. Car, soulignent-ils, “aucun argument de légalité, de légitimité, d’opportunisme, de moralité – pas même ceux inhérents à la santé publique– pourrait plier le président guinéen dans sa détermination à organiser son référendum afin de s’octroyer un troisième mandat illégal.”

Ces élus européens déplorent que rien n’a dissuadé Alpha Condé qui est “resté sourd à tous les appels lancés de l’intérieur au dialogue (…), [comme] de l’extérieur à travers la CEDEAO, l’Union africaine, l’OIF, l’Union européenne, l’ONU, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni.”

Selon eux, “le double scrutin référendum et législatif voulu par M. Alpha Condé a été organisé, en violation de la Constitution et des lois électorales, avec un dossier sur mesure, dans un contexte de violences sans précédent qui ont entraîné la mort de 99 personnes dont une trentaine enterrée nuitamment en forêt dans des fosses communes à N’Zérékoré, des centaines de blessés, des milliers d’arrestations et de destruction massive de biens.”

A l’image du double scrutin, les députés européens affirment que la présidentielle du 18 octobre 2020 s’est tenue pratiquement dans les “mêmes conditions de violences et de violations du Code électoral”. Pire, ils estiment que “M. Alpha Condé a perdu cette élection, [même] s’il sera proclamé vainqueur par la CENI et la Cour constitutionnelle complètement engagées pour sa cause.”

Des mois plus tard, les députés européens ont regretté que “aujourd’hui encore, la situation interne soit toujours caractérisée par un effondrement de la démocratie et des abus des droits de l’homme.”

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Dans leur lettre conjointe, ils dénoncent “une répression sanglante qui a fait 51 morts, une vague d’arrestations dans le pays et la détention d’au moins 400 militants et membres de l’opposition et de la société civile dans des conditions déplorables”. Qui ont entrainé la mort de “Mamadou Oury Barry, Roger Bamba, Mamadou Lamarana Diallo et Thierno Ibrahima Sow à la maison centrale de Coronthie faute de soins reçus”.

Par ailleurs, ils estiment qu’il y a du deux poids deux mesures car “les auteurs présumés du massacre du 28 septembre 2009, identifiées par la Commission internationale d’enquête mise en place par les Nations Unies, détiennent toujours des postes élevés dans l’administration civile et militaire et participent activement à la répression de manifestations pacifiques de l’opposition.”

Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Alpha Condé en 2010, nous avons enregistré la perte de 250 personnes, souvent tuées à bout portant par des agents des forces de défense et de sécurité, des centaines de blessés par balle et le président guinéen n’a jamais accepté qu’une enquête soit menée afin d’identifier et de punir les auteurs de ces crimes, conformément à la loi. Cette impunité, accordée aux auteurs des crimes passés et récents de M. Alpha Condé, a régulièrement été dénoncée par des organisations de défense des droits humains telles qu’Amnesty International, HRW, et FIDH. Aujourd’hui encore, des personnalités directement ou indirectement responsables de graves violations des droits humains continuent d’occuper des postes de responsabilité dans l’administration civile et militaire. Très souvent, ce sont des personnalités détentrices de biens immobiliers et de comptes bancaires en Europe y font régulièrement des déplacements”, notent-ils dans la lettre.

Eu égard à tout cela, les députés européens signataires de cette lettre  s’interrogent sur “comment l’UE entend-elle mettre en œuvre son nouvel instrument de sanctions pour sanctionner ces personnalités responsables de graves violations des droits humains en Guinée ? ”

Lire la lettre conjointe ici

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