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Guinée : Des femmes de l’opposition réclament justice pour leurs enfants tués

Après la marche avortée du mercredi passé, les femmes de l’opposition guinéenne ont pu faire leur sit-in devant le ministère de la Justice ce 28 mars 2018. Vêtues de blanc et mouchoirs rouges sur leurs têtes, ces femmes ont marché du « Buffet de la Gare », situé non loin de la Blue Zone de Kaloum, jusqu’au siège du département de la Justice.

Le long de la marche, elles scandent des slogans : « Justice pour nos morts » en chantant l’hymne national. Elles brandissaient des pancartes, mais aussi des photos horribles des personnes tuées par balles le mercredi 14 mars. Horribles, oui, puisqu’on voit les blessures sur le visage de Mamadou Bailo Diallo ou celles d’un autre au niveau des fesses.

Arrivées au ministère de la Justice, ces femmes ont d’abord entonné l’hymne national de la Guinée, avant de chanter en chœur : « Justice pour nos morts » ou « libérez Ibrahima Sory Camara ». Pour rappel, Ibrahima Sory est inculpé pour « flagrant délit » pour avoir diffusé une vidéo sur le réseau social Facebook.

« Pour qu’il y ait la paix dans un pays, il faut qu’il y ait la justice. Nous venons rencontrer le ministre de la Justice pour lui demander humblement que justice soit faite. Il y a 94 de nos enfants et cette dame (Mariama Bah, ndlr) qui sont morts et qui ne demandaient qu’à vivre », a d’abord déclaré Mme Baldé Hadja Salimatou. Puis vient le tour de Nènè Oussou Diallo, présidente nationale des femmes du parti GRUP. « Nous vous demandons humblement, à vous l’armée républicaine de la Guinée, l’armée reste et restera, mais le pouvoir changera d’un jour à un autre. Nous sommes appelés à vibre ensemble. Nous ne sommes pas des ennemis. Nous sommes tous des enfants de ce pays. Nous demandons au ministre de la Justice de nous montrer qui tue nos enfants, nos maris. Nous savons qu’il n’y a pas un magasin ou une boutique où on vend des armes. Les armes se trouvent avec le pouvoir, la police, la gendarmerie, etc. », dit-elle.

Mme Bah Maimouna Diallo, présidente du comité national des femmes de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), en remettant un mémorandum au ministre Cheick Sako, a exprimé son amertume de voir des enfants se faire tuer chaque fois : « C’est nous qui donnons la vie. Alors nous sommes fatiguées de voir nos enfants se faire tuer dans la rue comme des poulets par ceux qui sont chargés d’assurer leur sécurité. »

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Puis elle a demandé à Me Cheick Sako d’user de ses pouvoirs pour rendre justice aux victimes : « Figurez-vous, vous représentez les papas de ces enfants tués. Jamais on n’a eu la compassion du gouvernement. Jamais une enquête n’a été ouverte. Ce n’est pas en Sierra Leone qu’on va le faire pour nous. On est des Guinéens. C’est l’Etat guinéen qui va le faire pour nous. On a 95 victimes et jamais une seule enquête n’a été faite. Monsieur le ministre, nous nous agenouillons devant vous au nom des pouvoirs que vous exercez pour vous demander humblement justice pour nos enfants et que ces tueries s’arrêtent. N’oubliez pas que c’est l’avenir du pays qui est en jeu. N’oubliez pas qu’il y a des mamans qui sont tuées laissant derrière elles leurs enfants. La dernière a laissé six gosses dont un qui n’a pas un an. »

Dans sa réponse, Me Cheick Sako a d’abord fait savoir que ces femmes ne sont pas celles de l’opposition, mais des Guinéennes tout court. « En tant que ministre de la Justice, garde des sceaux, ce ne sont pas des femmes de l’opposition que je vois devant moi. Pour moi ce sont des Guinéennes. Il faut que dans ce pays on dépasse les clivages politiques. Certes, je suis nommé par un clan politique. Ça, je l’assume », a-t-il précisé.

Puis il rassure que la loi sera appliquée contre ceux qui la violent, qui qu’ils soient : « En tant que ministre de la justice, je suis dans mon pays pour appliquer la loi à l’encontre de quiconque, y compris vos partisans, ceux du parti au pouvoir. »

Il a ensuite promis de répondre aux femmes par écrit et a fait savoir qu’à chaque fois que quelqu’un est mort, il y a l’ouverture d’une information judiciaire. « Concernant votre requête, je vous répondrai par écrit sur tous les cas de morts, malheureusement, que je m’incline devant les familles éplorées. Chaque fois qu’il y a eu mort d’homme dans notre pays, au niveau judiciaire, et là je vous le dis avec force, il y a une information qui est ouverte », a déclaré Me. Sako.

Il a en outre annoncé l’ouverture du procès du capitaine de police, Kaly Diallo, ce 29 mars. Ce capitaine est accusé d’avoir tiré sur Thierno Hamidou Diallo à Bambeto lors de la marche de l’opposition du 16 août 2016.

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