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Guinée : Le troisième mandat risque-t-il d’être gangrené par la corruption ?

Après un certain laisser aller au cours de ses précédents mandats qui ont vu des nids de corruption se constituer dans les différents centres de l’administration publique, Alpha Condé a récemment promis à travers son décret sur la déclaration de patrimoine de ses ministres de faire de la lutte contre la corruption un axe majeur de sa gouvernance.

Opération de charme pour séduire de nouveau les guinéens, ou réelle volonté du président de venir à bout de la corruption devenue endémique dans son pays et qui implique en tout premier lieu ses proches, notamment quelques membres de son gouvernement.

Son silence et la réaction très défensive de son gouvernement face aux accusations de détournement d’environ 200 milliards de francs guinéens par une ministre laisse plus d’un pantois. Même la jeunesse de son parti se sent offusquée, d’où sa désolidarisation à travers un communiqué des déclarations menaçantes du premier Ministre Kassory Fofana à l’endroit des médias qui ont révélé au grand public le détournement d’importants fonds publics. Ceci intervient à un moment où les populations croulent sous le poids d’une pauvreté renforcée par la pandémie de Coronavirus.

Pourtant dans un passé récent, Kassory Fofana s’est illustré dans la lutte contre la corruption en ouvrant des enquêtes contre Sékou Camara, directeur général de l’Office guinéen des chargeurs (OGC), Paul Moussa Diawara celui de l’Office guinéen de la publicité (OLP) et Lansana Cherif Haidara celui de la Loterie nationale de Guinée (LONAGUI). Tous ces hauts cadres, dirigeants des grandes régies financières de l’État ont fini par rendre compte devant la justice pour « malversations financières ». Voir le premier ministre aujourd’hui se poser en défenseur d’un membre de son gouvernement en raison d’une prétendue solidarité gouvernementale conduit non seulement à douter de son sérieux dans sa croisade contre la corruption, mais aussi à se demander si son acharnement contre les premières victimes de son action anti-corruption ne visait pas à régler les comptes de celles-ci. Ce qui est sûr, la lutte du premier Ministre contre la corruption est sélective dès lors qu’elle s’attaque exclusivement aux maillons faibles du système. Une telle démarche discrédite l’approche de celui qui veut se faire passer pour le champion de la lutte contre la corruption.

Compte tenu des carences du gouvernement de mener une lutte efficace contre la corruption, le président de République pour répondre à une grande attente de la population sur cette question devrait reprendre la main et lever tous les obstacles qui empêchent de démasquer ceux et celles qui profitent des ressources publiques. À l’approche du dernier scrutin présidentiel, nombreux sont en effet les hauts cadres de l’administration qui misaient sur la fin du régime d’Alpha Condé. Situation qui pouvait expliquer de nombreux actes de détournement des deniers publics. L’ouverture d’une enquête complète sur la gestion des ressources en cette période lèvera certainement le voile sur la manière dont l’administration publique travaille contre les intérêts de la collectivité.

La balle est ainsi dans le camp du président de la République, le seul comptable devant son peuple de son régime. Car, comme dit le poète William Gilmore Simms : « Mieux vaut se tromper en agissant que de refuser d’agir. La stagnation est pire que la mort, elle est aussi corruption. »

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