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Guinée : l’élection passe, le voisin reste !

Lequel de nous se sentirait heureux, si au lendemain d’une élection quelconque, fut-elle de la plus haute importance, il devait perdre ses voisins, ses amis et ses relations. Personne pour dire oui !

Pour tout homme normal, un tel enjeu serait trop cher payé. On ne doit point, pour tout l’or du monde, hypothéquer ou monnayer les liens solides, tissés avec ses voisins et ses proches pour des considérations d’ordre politique, aux relents électoralistes ou ethniques. Un homme sans amis est à plaindre au plus haut point. En existe-t-il d’ailleurs ? Pas évident !

Quant aux voisins, nous ne les choisissons pas. S’il nous est loisible, au gré des circonstances, de choisir librement l’endroit où nous voulons habiter, par contre, nous ne pouvons guère décider ou prévoir quels seront nos voisins. Que Dieu nous préserve d’en avoir de mauvais. C’est le pire des malheurs qui peut arriver à un homme. Par contre, s’il se trouve que nous en ayons de bons, alors nous sommes sauvés, comblés, au-delà de toute espérance.

On dit chez nous que le voisin est le premier parent. Vous partagez tout avec lui, vous vous assistez mutuellement. Qu’il y ait bonheur ou malheur chez vous, il est toujours le premier qui arrive. C’est lui qui reçoit vos parents et leur fait le compte-rendu de ce qui s’est passé. Même en enquête de moralité, on peut faire recours à lui, sans risque de se tromper. Il vous campe parfaitement, vous connaissant intimement.

Cette approche n’a rien à voir avec le vécu aux pays des blancs. Les réalités ici décrites sont celles de chez nous. Elles sont le reflet de la  société africaine dans laquelle les individus ont un sens inné de la solidarité et de la vie communautaire. Une telle philosophie, si on peut l’appeler ainsi, épouse parfaitement les recommandations de la religion musulmane. L’islam, en effet, attache un grand prix au voisinage. Des érudits, faisant référence à des hadiths, rapportent que, Dieu a tellement magnifié l’importance à accorder au voisin dans le Coran, que le Prophète (Paix et Salut sur lui) en a déduit qu’il puisse le consacrer héritier.

Voilà que nous gardons intactes toutes ces valeurs qui nous rapprochent les uns des autres, sans considération d’ethnie, de religion, de revenus, ou d’obédience politique. Nous sommes parfaitement ‘’mélangés’’, au sens noble du terme et nous vivons en paix et en harmonie depuis longtemps. Des liens forts se sont ainsi créés qui s’élargissent, portés par les enfants qui grandissent ensemble, se marient entre eux et progressent dans la vie.

Le voisinage, après la famille, est la première cellule communautaire dans notre pays. Le découpage politico-administratif, en parlant de secteur, quartier ou district, jusqu’à la commune, la préfecture et la république, a épousé les contours de ce maillage humain que Dieu a réuni pour vivre ensemble sur une portion donnée du territoire national. C’est ça la Nation que l’Etat vient structurer.

Aussi petit qu’il peut paraître à nos yeux, l’espace que représente le regroupement de seulement deux voisins constitue le socle qui assure la solidité et la stabilité de tout le pays. A contrario, si des comportements violents et destructeurs s’emparent de nous un seul jour, pour des considérations irrationnelles ou des manipulations diverses, pour cause d’élection ou de politique, alors nous déstructurons ce tissu social, cette assise séculaire, ce piédestal de notre nation qui stabilise notre pays et permet notre vivre ensemble. Nous périssons  tous, hélas !

Refusons de tomber dans ce piège mortifère. La bêtise humaine conduit à commettre des actes dommageables que l’on regrette souvent, après coup : les destructions, la haine gratuite et le rejet de l’autre sont de ce lot. Personne n’en sort victorieux. Dans une formule très imagée, nos parents nous ont appris qu’il y a bien l’animal de l’eau, mais jamais l’animal du feu. Une façon de dire que partout où le feu passe, tout est détruit. Il est ravageur, destructeur. Il lamine tout et ne laisse place à aucune vie. Et puis, citons notre premier président qui a dit: « si la vie de l’homme va de zéro à cent, celle du peuple va de zéro à l’infini. »

Il est absolument certain que nous passerons tous, tant que nous sommes, les uns après les autres : citoyens-militants-votants et politiciens-candidats à quelque fonction de représentation que ce soit. Mais la Guinée elle, notre patrie bien aimée, sera là. Elle demeurera  pour toujours. Elle est éternelle !

A nous ses enfants, que le destin commun condamne à vivre ensemble, de veiller à ne jamais l’oublier. Nous sommes frères, avant et après tout. Nous sommes une Nation. Vivons en paix. Nous avons tout à y gagner!

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