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Interdiction de la vente au détail du carburant : une décision judicieuse, très controversée (3ème partie)

La vente de carburant au détail, le long des rues ne date pas d’aujourd’hui. Son histoire ou ses prémisses remontent à des dizaines d’années auparavant.

Pendant la première République, nous étions confrontés à des pénuries cycliques de carburant. Une situation dont a hérité le CMRN, à l’arrivée de l’armée au pouvoir, en 1984. C’est pendant les années 1990 qu’une accalmie a commencé à se dessiner.

Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que ce secteur hautement sensible et stratégique a connu, progressivement, des séries de changements qualificatifs. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer l’installation de sociétés pétrolières de stature internationale, l’ouverture de centaines de stations-service dans les centres urbains comme en zone rurale, la redynamisation du transport d’hydrocarbures par sa restructuration et la professionnalisation de ses acteurs,  conformément aux standards internationaux en vigueur. Et surtout, ces derniers temps, l’érection du secteur en département ministériel qui est venue couronner la politique de développement amorcée. Des acquis élogieux salués par tous pour avoir favorisé un retour à la normale.  En effet, on peut dire que dans ce domaine, nous avons renoué avec la stabilité et la sécurité. D’où le ravitaillement assez correct de tout le pays, en carburant, lubrifiants et accessoires.

Cependant, les privations répétitives vécues pendant les périodes de grandes pénuries, aggravées par la faiblesse de la distribution sur l’ensemble du territoire, avaient donné naissance à un certain affairisme.  Ces crises cycliques avaient généré de mauvaises habitudes qui ont métastasé, avec un fort retentissement sur les comportements des individus. Bon nombre de nos concitoyens avaient pris goût au stockage du carburant, surtout de l’essence, pour le revendre à plus offrant. Les crises régulières faisaient que les nécessiteux étaient de plus en plus nombreux. D’où la continuité et le lucre de ces transactions et la vulgarisation des vocables, ’’marché noir’’ et ‘’trafiquant’’, pendant le premier régime.

Ainsi est né ce métier à haut risque de vente de carburant le long des rues. S’y est greffé un certain temps, le transport de carburant stocké dans des emballages divers à l’étanchéité fort discutable. Cette activité était le fait de revendeurs peu soucieux de la sécurité qui embarquent ces produits inflammables à bord de véhicules automobiles absolument inadaptés, parce que servant au transport en commun de voyageurs. Leur stratégie pour activer leur business partait d’une complicité tacite qu’ils entretenaient avec chauffeur et agents.

Ainsi a-t-on commencé à enregistrer sur nos routes, maintes catastrophes, toutes douloureuses à décrire. Des incendies de véhicules, de points de vente le long des rues, de stockage dans les habitations ou les magasins. Le tout accompagné quelquefois, de morts atroces d’hommes, de femmes ou  d’enfants, brûlés vifs dans les sinistres déclarés.

Ce n’est donc pas nouveau. Le danger était là depuis longtemps. Les appétits du gain aussi ! Nonobstant tous ces facteurs, les vendeurs de carburant au détail ont continué leur activité, se disant sans doute invulnérables, ‘’vaccinés’’ et à l’abri de tout risque.

A cette époque aussi, l’Etat, devant l’ampleur du phénomène, avait réagi pour mettre de l’ordre. C’est le ministre de la sécurité de l’époque, feu Alseny Réné Gomez qui le premier est monté au créneau pour interdire cette pratique réputée néfaste pour notre sécurité individuelle et collective. Nous sommes au début des années 1990.

Le phénomène s’est estompé, même arrêté un moment. Sous l’effet des coercitions exercées. Mais ça n’a pas duré. Il a repris de plus belle, quelque temps après. Laxisme ou corruption, allez savoir ! Toujours est-il qu’il est resté là, depuis, comme institutionnalisé. Ce commerce est et sera toujours dangereux, puisque porteur de destruction et de mort.

Plus de trente ans après, voilà qu’on reprend la même chose. On interdit ! Mais, l’Etat étant une continuité, gageons que cette fois-ci sera la bonne, pour le grand bien de tous.

Dans la suite de ce dossier, nous vous parlerons de quelques incendies meurtriers survenus chez nous, ces dernières années. De réelles calamités dues au carburant, qui se sont produites à la suite d’accidents ou de manipulations hasardeuses dans les points de vente ou de stockage ou lors du pillage des camions citernes renversés.

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