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Interdiction de la vente au détail du carburant : une décision judicieuse, très controversée

C’est d’un dossier très sensible qu’il s’agit. Il constituait, il n’y a pas encore longtemps, l’activité principale pour bon nombre de citoyens, principalement des jeunes qui en avaient fait leur gagne-pain. Certains, depuis longtemps déjà, s’étaient spécialisés dans cette pratique à risque, sur le bord de la route. On les voyait partout sur le territoire national, exerçant leur ‘’métier’’ de revendeurs de carburant, avec une insouciance avérée et une prise de risques immodérée et inconsciente.

Pourtant, la dangerosité de leur occupation n’était point à démontrer, non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres. Parmi eux, il y en a qui en étaient conscients, même si c’est de manière parcellaire ou empirique. Le carburant en lui-même étant hautement inflammable, il y a lieu de dire que ces revendeurs au détail manipulaient le feu dans toutes leurs transactions. Que ce soit sur les points de vente ou dans les dépôts, le risque était partout.

Mais, devant les bénéfices engrangés, vous ne verrez personne qui accepte de voir le problème sous ce prisme. On vous dit toujours qu’«il n’y a rien à craindre, nous faisons attention et d’ailleurs, nous avons toujours travaillé ainsi et rien ne nous est jamais arrivé. Pourquoi pensez-vous que nous risquons d’avoir des problèmes, maintenant ?»

Ce dangereux commerce à ciel ouvert procurait à ses adeptes des avantages financiers qui les rendaient sourds aux appels ou injonctions les sommant de s’arrêter. Tout ce qui court-circuite le renflouement de leurs dividendes est à bannir. Ils rechignent à obtempérer et restent imperméables à tout appel à la sécurité. Chez beaucoup d’entre eux, l’intérêt passe avant tout. Et vous n’avez pas le droit de leur dire que cela est mauvais. Pour eux, ce qu’ils font est de l’ordre du ‘’tout’’ normal et compréhensible. A vous qui voulez interférer, une question vous est tout de suite balancée à la figure : « il est facile de juger les autres. Apprenez à vous mettre à notre place. Qu’auriez-vous fait, si c’était vous ? »

C’est ainsi que, dès l’annonce de la mesure d’interdiction par le ministère de la sécurité et de la protection civile, c’est un concert de haros et de protestations véhémentes qui a fusé de partout. De nombreux grognons ont été choqués par cette disposition qu’ils jugent inacceptable. Pour motiver leurs réactions, des arguments et prétextes sont avancés sur deux plans : on les prive de leurs sources de revenus quotidiens. Puis, vient s’y greffer la forte perturbation du ravitaillement de leurs clients qui, dans leur grande majorité, carburent leur engin par à-coups, au gré de leurs pérégrinations. Un à deux litres par ci, quatre à cinq litres par là. Lorsqu’ils sont en manque de sources d’approvisionnement pour alimenter leur engin, ils n‘ont d’autre choix que de le garer. L’éloignement ou l’absence de toute station-service, l’heure tardive qui explique que celle-ci soit fermée, tout cela leur fait regretter l’absence des détaillants qui sont réputés, opérationnels à toute heure. Dans ce lot de nostalgiques, on dénombre les impénitents du détail, surtout les motocyclistes, mais aussi les noctambules de la conduite et les ‘’couche-tard‘’ qui ne sont pas adeptes d’une circulation planifiée avec la carburation qui va avec.

Enfin, en bout de liste, viennent les usagers des zones rurales et les détenteurs de groupes électrogènes.

Comme on le voit, les nécessiteux de cette forme de vente sont nombreux. Conséquemment, quand ils donnent de la voix pour protester, cela produit beaucoup de décibels. Il n’y a donc pas à s’étonner de la réaction qui a suivi l’annonce de cette interdiction. Beaucoup d’arguments ont été invoqués pour contrer la mesure. On en a noté de bien justifiés tout comme d’assez invraisemblables. Chacun y est allé de son raisonnement et de son argumentaire pour défendre son business.

L’Etat, quant à lui, de son plein droit, a pensé autrement de cette activité. Lui qui a la charge d’assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens, malgré ce qu’on peut en dire. Il ne dit pas ou ne fait pas toujours ce qui plaît. Il se préoccupe avant tout de faire ce qui est utile. Et dans ce cas d’espèce, cette interdiction reste et demeure, utile et bien fondée.

Nous allons lui consacrer quelques chapitres pour mieux en comprendre les contours et permettre sa meilleure appropriation par tous. Vous verrez qu’il s’agit d’une activité à haut risque, qu’on ne gagne rien à laisser manipuler à même la rue, par le premier venu, comme nous le faisons chez nous.

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