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Interdiction des importations de marchandises : Le constat de Guinéenews© à Diécké, Kourémalé, Pamelap, Sambailo…

Depuis le 6 février dernier, le gouvernement guinéen a interdit désormais toute importation de marchandises par la voie terrestre. Cette mesure a pris de court plusieurs commerçants en déplacement dans les pays limitrophes pour importer des marchandises destinées aux marchés guinéens. Sans oublier qu’elle impacte négativement les populations guinéennes vivant le long de ces frontières.

La rédaction de Guinéenews© s’est intéressée à la situation. Dans ce reportage, nous avons tenté de comprendre  les réalités au niveau des différents postes frontaliers du pays.

De Sambailo à Diéké, en passant par Balaki, Kouremalé ou Pamelap dans la préfecture de Forécariah, des camions remplis de marchandises sont bloqués par endroits. D’autres camionneurs préfèrent revenir au pays vides. Les populations riveraines de la frontière, qui entretiennent des liens séculaires dans les échanges commerciaux avec les pays voisins, sont bouleversées par cette mesure.

Les importations des marchandises sont plus importantes au niveau de Bhoundou Fourdou à Koundara au Nord du pays, Kouremalé à Siguiri au Nord-Est et Pamelap à Forecariah à l’Ouest. Les commerçants importent plus, à partir de la république du Mali, des produits maraîchers (le haricot, le piment, l’aubergine, la pomme de terre,…), les téléphones et les habits (basin). A partir du Sénégal et de la Gambie, ce sont le textile, les chaussures et l’arachide qui sont importés vers les marchés de Conakry, Boké, Labé et Mamou. Compte tenu de la proximité de Freetown à Conakry, certains opérateurs  économiques débarquent leurs marchandises à partir du port de ce pays limitrophe pour les transporter dans des camions vers Conakry, en passant par Pamelap. D’autres commerçants importent des produits léonais: ce sont les colas, l’huile de palme, la poudre d’attiéké, les savons Kabakoudou et les bois (madriers).

A Koundara, il existe trois postes frontaliers: Saréboidho avec la Guinée Bissau, Bhoundou Fourdou et Youkounkou avec le Sénégal. A Sarébhoidho, les marchandises ne sont pas importées par là. Le jour du marché hebdomadaire, (les dimanches), les activités commerciales sont plus intenses entre les populations de Koundara et celles de la Guinée Bissau. La principale denrée importée vers ce marché est l’arachide.

Un allègement constaté à Sambailo

Du côté de Bhoundou Fourdou dans la sous-préfecture de Sambailo, la vague des camions qui transportait de l’oignon a été autorisée de rentrer.  Seuls les camions qui transportent des produits industriels restent bloqués à Linkerin à la frontière du Sénégal.

 Balaki, dans la préfecture de Mali, fait frontière avec le Sénégal et la République du Mali. Les populations de cette localité vivent de ce qui vient du Sénégal et du Mali. Interrogé, Amadou Dian Diallo le vice maire de la commune rurale de Balaki explique « ici les communautés des trois pays ont développé depuis des années des échanges commerciaux leur permettant de vivre.  Balaki est à plus de 100 kilomètres de Labé.  Et moins de 50 kilomètres des villes du Sénégal et du Mali.  Il est plus facile pour nous de trouver les produits au Sénégal et au Mali que d’aller à Labé. Nous achetons au Sénégal (dans les villes de Fongolimbé et Guemèbè) le sel, les jus de boisson, les glaces, le ciment, l’arachide et le riz.  Quant au carburant, nous l’achetons à Faléa en République du Mali à 13000 FCFA le bidon de 20 litres. Depuis que l’interdiction d’importer des marchandises a été  prise, les camions qui étaient partis chercher des marchandises sont bloqués au Sénégal. Certains arrivent ici vides. Nous craignons les pénuries dans les jours à venir ».

Diatiferè, dans la préfecture de Dinguiraye, fait frontière avec le Mali, là la mesure n’est pas appliquée d’abord « le transfrontalier est assuré par les motards qui traversent sur pirogue le fleuve Bafing avant de rentrer au Mali. Ces motards continuent à importer les marchandises. Seulement des PA viennent d’être installés à la frontière», confie le maire de cette commune rurale Ibrahima Sory Amoroya Baldé.

A Niagassola, la dernière localité dans la préfecture de Siguiri avant d’accéder à Sirakoro au Mali, là, le maire Néné Koumoun Keïta n’est pas informé de la mesure d’interdiction de l’importation des marchandises. Il confie: « les populations de Niagassola se retrouvent avec les Maliens au marché hebdomadaire de Balandougou tous les lundis pour des échanges commerciaux ».

  Des remorques bondées de marchandises bloquées à Kourémalé

Toujours dans la préfecture de Siguiri, le poste frontalier de Kourémalé dans la sous-préfecture de Doko qui donne accès à la République du Mali. C’est le plus important trafic routier du pays. Là, plusieurs camions remorques en provenance de Bamako sont stationnés. Seuls les camions transportant des légumes ont été autorisés à traverser, nous apprend-on.

A Balandougouba dans la préfecture de Mandiana, cette localité à la frontière avec le Mali du côté Est du pays, les populations dépendent du Mali. Le maire Siaka Keïta témoigne, au micro de notre reporter: « on est tout près du Mali. C’est le fleuve qui nous sépare du Mali. Quand on est à Balandougouba centre, vous voyez les villages voisins au Mali. Nous utilisons les deux monnaies. A cause de l’état de la route entre Balandougouba et Mandiana, il est plus facile d’acheter les choses au Mali. Pour les sacrifices, on traverse le fleuve pour trouver le bélier du côté du Mali. Avant on utilisait le réseau de téléphonie malienne. Avec l’application de cette mesure, les activités risquent d’être paralysées», indique-t-il.

A Diécké la mesure est moins contraignante

A Diécké dans la préfecture de Yomou, c’est le point de passage de la région forestière vers le Liberia. Là, les commerçants n’importent pas de marchandises du Liberia vers la Guinée. Dans les mois passés, nous apprend-on, les riverains importaient du carburant à partir du Libéria pour alimenter le marché noir de la préfecture. Faute de carburant au Liberia ces derniers temps, ce sont les stations de N’Zérékoré qui sont envahies par les trafiquants, qui écoulent à leur tour ce carburant vers le Liberia.

Pamelap, localité frontalière de la Sierra Léone paralysée par la mesure

Pamelap, dans la préfecture de Forecariah, se trouve le point de passage vers la Sierra Léone. Depuis l’application de la mesure interdisant l’importation des marchandises, les activités de plusieurs personnes sont perturbées. Plusieurs camions chargés de Colas, des boissons, de poudre d’attiéké et autres produits industriels sont stationnés à la douane de Pamelap. Les conducteurs ont abandonné leurs camions sur les lieux pour rentrer à Conakry. Au-delà des transporteurs, les cambistes sont aussi victimes. Hassana Diallo explique « depuis que les camions sont bloqués, les activités de change sont à la baisse. Les commerçants ne viennent plus pour le change de la monnaie. Si ça continue ainsi, nous serons obligés de quitter ici ».

Dans le dit message, il est indiqué que « cette mesure vise à assurer la sécurité transfrontalière et surtout à préserver l’intégrité du territoire national ».

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