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La Retraite de Leadership Nationale au Rwanda ou « Umwiherero » : Un exemple à suivre !

S’il est un ingrédient important dans le dispositif de leadership de Paul Kagame, c’est bien celui qui consiste à organiser une fois par an, ce que l’on appelle en anglais : « National Leadership Retreat ». Le terme « Umwiheherero » fait référence à une tradition rwandaise qui veut que dans une communauté, lorsque les problèmes existent, les leaders des différentes couches qui la composent se rencontrent pour trouver ensemble les solutions idoines.

Nous sommes là donc face à l’usage de l’esprit et la philosophie d’une coutume traditionnelle comme outil de gouvernance de l’Etat. Le 11mars 2019, la 16eme session prenait fin dans une base militaire du pays. Il y a réuni pour une semaine, les principaux responsables du pays allant des ministres, les patrons des grandes compagnies du pays, les agences gouvernementales, les responsables de l’administration déconcentrée, etc.

Quel est le but recherché ?

Il s’agit surtout de créer un cadre de concertation pour la définition des orientations de gouvernance pour le pays. Lorsqu’on parle de concertation ici, il est question d’aller en profondeur de l’analyse des problèmes, des difficultés que chacun rencontre dans son secteur d’activités, de donner les raisons, et d’esquisser les solutions qui seront à appliquer.

La différence ici avec la manière de faire ailleurs, est que dans un an, à la prochaine session, le leader Kagamé sera là pour procéder lui-même à la revue de performance de tout un chacun, et s’il le faut, « mettre le couteau dans la plaie » pour celles et ceux qui n’auront pas été à la hauteur des attentes.

Lors de cette retraite, on ne tolère pas « l’autoglorification. »  Les bons résultats sont la norme et par conséquent, il n’y a rien d’extraordinaire en les atteignant.  Ce qui mérite attention, ce sont les contreperformances et les facteurs qui les ont générés.

Pour le président rwandais, le plus important, ce n’est pas les difficultés, mais plutôt la nécessité pour les leaders rwandais de tout niveau d’essayer de faire des choses pour transformer positivement et durablement le pays. Il a une nette préférence pour ceux « qui essaient puis échouent » par rapport à ceux « qui n’essaient rien. »

Il y a dans cet état d’esprit, une invitation à l’engagement dans l’action, l’innovation, dans la manière de mettre en œuvre les grandes orientations de développement économiques esquissées.

Enfin, un des buts recherchés, c’est naturellement, comme dans toute équipe qui doit travailler pour atteindre des objectifs communs, faire en sorte que les leaders se connaissent, échangent, bref, créer un esprit de corps et surtout l’entretenir.

Nous sommes la face à des pratiques managériales qui sont le fondement de la réussite pérenne de certaines grandes firmes multinationales centenaires mais aussi de certains gouvernements et organismes publics dans les pays émergents ou développés.

De quoi a-t-il été question en 2019 ?

Tout d’abord, le fait que la 16eme session se soit tenue dans une base militaire est un signal très fort sur les enjeux à la fois conjoncturels et structurels du pays au premier rang desquels la sécurité et les relations tendues avec le voisin Ougandais notamment.

On pourrait y lire la volonté du leader Kagame qui consisterait à dire à ses collaborateurs ceci : « Pendant que nous sommes concentrés à travailler à la construction d’un Rwanda émergent, nous ne devons pas perdre d’esprit le fait que nous devons aussi veiller à notre sécurité, à l’intégrité de nos frontières…. Des menaces extérieures pourraient perturber notre marche vers le progrès… »

Pour ce qui est du déroulé, le président Kagame a ouvert et conclu les travaux de 4 jours. Le Premier Ministre Edouard Ngirente a réalisé une présentation sur le statut de la mise en œuvre des recommandations de la session de 2018. Les leaders ont eu à réfléchir et échanger dans le cadre d’ateliers, sur la trajectoire de développement du pays. Il y eut également des délibérations sur les voies et moyens d’améliorer la qualité de l’éducation et de la santé, la productivité agricole pour davantage de croissance, ainsi que des stratégies pour « booster » les exportations et les investissements.

« Vous serez éventuellement conduits à entendre toute sorte d’histoires. En rentrant chez vous, relaxez-vous, dormez. En vous réveillant le matin, dites-vous que sur le plan sécuritaire, nous allons bien », a déclaré le président sur les enjeux sécuritaires.

Au titre de la mise en œuvre des politiques de développement Kagame a, une fois de plus, rappelé que le plus important en la matière, c’est le changement d’attitude de la part des acteurs que sont ces leaders.

Le « Umwiheherero » existe aussi chez nous….

En effet, sur le plan de la tradition héritée de nos ancêtres, cette pratique consistant à réunir la communauté pour discuter des problèmes du moment ainsi que des grandes orientations à donner existent. C’est d’ailleurs un patrimoine commun à l’humanité.

La seule différence qu’il peut y avoir, c’est la capacité de la gouvernance, d’en faire usage, de l’adapter proportionnellement en termes de taille mais aussi en termes de contenu. Bref, il s’agit d’innover.

On dit souvent qu’il ne sert à rien de réinventer la roue. Au même titre que la dynamique d’assainissement, la Guinée gagnerait à étendre la logique de séminaire gouvernemental souvent organise, à toutes les composantes de leadership de la Nation, et en faire un outil de mobilisation en faveur du développement économique de tous les agents de l’Etat, du premier magistrat au sous-préfet, en passant par les présidents de Communes rurales.

En management, on dit souvent qu’il est important de « comprendre tous ensemble, ce que nous devons réaliser ensemble». Cette méthode facilite cela.

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