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Labé : quand des « secrets » d’État  se retrouvent sur la place publique

C’est cette triste réalité qui a été constatée dans la région administrative de Labé où huit sur dix secrétaires administratifs en service dans les différents services publics ne maîtriseraient pas l’outil informatique. Ce qui les contraindrait à faire recours aux différents cybers de la place, pour des questions de saisies ou d’impression de tous leurs documents, quitte  à mettre  des secrets de l’État sur la place publique.

Plus grave, il y a des tenanciers de cybers de Labé qui sont officieusement des gestionnaires de plusieurs comptes mail de secrétaires, directeurs, inspecteurs et fonctionnaires de la classe séniles de l’administration publique qui tiennent coûte que coûte à garder leurs postes, quoiqu’ils soient complètement déconnectés et en déphasage vis-à-vis de la nouvelle donne.

Tous les documents administratifs, décisions, notes de service, ordres de mission et autres se font dans ces cybers qui sont visiblement des lieux publics. Cela, avec tous les risques de fuite qui vont avec. Cela se passe au su et au vu de toutes les autorités locales en service à Labé et personne ne lève le petit doigt pour prévenir d’éventuels impacts négatifs d’un tel phénomène.

Une situation dénoncée et condamnée par Mamadou Alpha Diallo, jeune entrepreneur : « c’est très,  très  malheureux de voir des vieux très fatigués dans les cybers pour louer les services d’un jeune afin que celui-ci navigue librement dans les comptes privées de tout un département. A ce niveau, il n’y a plus de secret administratif parce que le plus souvent c’est ce jeune qui a l’identifiant et les mots de passe du compte. Le fonctionnaire en question ne peut même pas retenir l’identifiant. C’est juste incroyable », déplore-t-il.

« Au lieu de parler de politique et de mamaya, le ministère de l’Administration et de la décentralisation devrait se pencher sur ce problème qui reste une grande préoccupation. Normalement, tout cadre doit savoir gérer un compte mail, rédiger une correspondance et manipuler un ordinateur. C’est la moindre des choses quand même », renchérit un fonctionnaire qui a requis l’anonymat.

Pour Samba Barry, le problème est entier : « mais attention, ce n’est pas que les vieux. Il y a des adultes et même des jeunes qui sont dans les services mais qui n’ont aucune maîtrise des nouvelles technologies. Donc, c’est un problème entier et qui mérite une réflexion poussée. La Guinée doit arrêter de mettre n’importe qui à n’importe quel poste. Pour le bien de ce pays, je pense qu’il faut revoir cette situation », déclare-t-il.

« C’est extrêmement dangereux, le secret d’État ne doit pas être diffusé un peu partout. Nous devons lutter contre tous ces comportements, sinon il n’y a plus d’administration. Même pour une simple nomination, celui qui est proposé le sait avant même l’acte. Une chose qui n’est pas du tout normale. Même des rapports des communes et même de la région sont tirés dans les cybers. Cela expose toute l’administration », déplore un administrateur qui a préféré garder l’anonymat.

C’est vrai  que bon nombre de diplômés Guinéens n’ont pas la qualification requise, mais la quasi-totalité d’entre eux est initié aux nouvelles technologies. Au lieu de chercher à former et placer ceux-ci, l’administration continue de nous proposer des vieux qui devaient à ce jour prendre leur retraite.

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