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Lendemain des fêtes de fin d’année : quelques leçons à tirer

D’emblée, c’est un sentiment de satisfaction que les populations et les autorités ont en partage. Le bilan enregistré est unanimement salué par tous. Sur l’ensemble du territoire, dans les deux zones cumulées (police et gendarmerie) aucun accident n’a été enregistré dans la nuit du 24 décembre. C’est seulement le 31, qu’en zone urbaine relevant de la police, trois accidents dont un mortel, et deux avec dégâts matériels se sont produits, respectivement à Labé, Matam et Dixinn.

Pour le cas mortel de Labé, la Direction Centrale de la Sécurité Routière indique que c’est un véhicule qui est entré en collision avec une moto. Il était 3h 25mn. Sur les lieux du drame, il y avait une poussière dense qui réduisait la visibilité. Ce qui a sans doute entrainé le choc qui a coûté la vie au jeune conducteur de la moto dont l’âge serait de 14 ans. Son compagnon, un autre jeune, a été blessé.

Pour les cas de Dixinn et de Matam, quelques similitudes assez marquées sont à noter. Ils se sont produits à cinq minutes d’intervalle l’un et l’autre (4H 30 et 4h 35) ; ils ont impliqué des véhicules et pour finir, ils sont tous deux dus à une circulation à gauche. La seule différence tient aux dégâts matériels qui sont importants pour le premier et légers pour le second.

Un tel résultat, estime la police, est rarement arrivé, pour ne pas dire, jamais. Surtout quand on pense à la grande mobilisation que ces deux évènements ont toujours induit, en termes de circulation automobile, motocycliste et piétonne.

Bien entendu que l’on ne peut pas se réjouir de la mort, même d’une seule personne sur la route. Mais, en prenant en compte les probabilités d’accidents encourus par les milliers d’usagers qui se concentrent dans les centres urbains et sur les routes en rase campagne, on peut admettre que l’on puisse apprécier qu’il n’y ait qu’une seule victime mortelle. Ce qui est bien loin des chiffres macabres que l’on annonçait, certaines années passées.

Qu’est ce qui a permis ce bilan ?

Cette année, les dispositifs habituels mis en place par les services de sécurité ont été nettement améliorés. A la gendarmerie, comme à la police, des consignes et des recommandations ont été émises par les autorités, à destination de leurs personnels. Des séries de réunions préparatoires ont été tenues. Pour les préparer et les familiariser à leur future mission de protection des usagers et de leurs biens. D’importants moyens humains, matériels et financiers ont été mobilisés de part et d’autre.

Le Département de la Sécurité et de la Protection Civile et le Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale, Direction de la Justice Militaire ont chacun renforcé les capacités opérationnelles de leurs services respectifs de sécurité routière.

Ainsi les commissariats centraux, les CMIS (compagnies mobiles d’intervention et de sécurité), ont-t-ils été mobilisés pour venir en appui à la DCSR (Direction Centrale de la Sécurité Routière), pendant qu’à la gendarmerie, la réquisition au profit du Commandement de la Routière a porté sur les unités de la gendarmerie mobile et de la territoriale.

On peut ajouter à ces mesures, la mobilisation par le département de la sécurité et de la protection civile de matériels roulants (automobiles et motos), de moyens de communication (talkies walkies) et de signalisation (gilets et bâtons lumineux). Même le casse-croûte des  agents a été pris en compte.

Les causes d’accident pendant les fêtes

Les nuits de fête de fin d’année sont des moments particulièrement chargés de risques pour la circulation routière. L’ambiance qui prévaut fait naitre une sorte d’euphorie chez les citoyens. Leur vigilance se relâche et la joie qui les anime est tellement débridée qu’ils se permettent des choses qu’ils n’auraient pas envisagées, en temps normal.

En dehors des rendez-vous entre amis, il y a les sorties qu’on planifie. Lesquelles sont malheureusement nombreuses et à l’origine des fréquents déplacements à travers la ville. Or, c’est connu, le risque d’accident et de blessures est souvent proportionnel au nombre de déplacements qu’effectue dans un espace de temps, un certain nombre d’individus.

Les moments de survenue des accidents, les nuits de fête

La police a noté que la plupart des accidents des fêtes de fin d’année se produisent aux heures tardives de la nuit, pour ne pas dire à l’aube ou au petit matin. Cela s’explique par le fait qu’à ces moments précis, les conducteurs sont déjà rompus de fatigue. Ils ont dansé, chanté, bu et/ou consommé des drogues ou stupéfiants, se sont déplacés fréquemment, en voiture ou à moto, pour rallier une foultitude de centres de réjouissance. La fatigue et le sommeil les étreignent. Ils n’ont plus la capacité à anticiper et leur vigilance est amoindrie. Dès lors que dans cet état, ils se décident à rejoindre leur domicile, le danger est là qui les guettent. A moto ou en voiture, ils prennent des risques et accélèrent plus qu’il n’en faut. C’est alors que tout devient dangereux pour eux-mêmes et pour les autres.

Et malheureusement, dans ce lot de conducteurs à risque, les jeunes, espoirs des familles et du pays, sont les plus concernés.

Un nouveau phénomène potentiellement dangereux s’invite dans la problématique

C’est le cas des engins à deux roues. Ils sont toujours impliqués dans les accidents pendant les fêtes de fin d’année et souvent même plus que les automobilistes. On a même été témoins de collisions mortelles entre eux d’une part et entre eux et des piétons d’autre part.

Le fait est que ce phénomène, assez récent chez nous, a connu une croissance fulgurante qui a surpris tout le monde. En l’espace de deux décennies, les motos ont envahi le paysage urbain et les routes en zone rurale. Leur nombre est monté à des centaines de milliers d’engins allant du cyclomoteur au tricycle et autre side-car.

Les engins à deux roues sont aujourd’hui plus nombreux que les automobiles. Leur usage se répand jusqu’aux districts les plus reculés du pays.

Quand on fait la part des choses, on remarque qu’au-delà de la pratique du taxi-moto, qui fait appel à une population jeune, le reste du lot, utilisé pour un usage courant est conduit par des personnes de tranches d’âge et strates socioprofessionnelles variées.

Mais personne d’entre ces milliers d’utilisateurs ou presque, n’a suivi une formation en conduite motocycliste formelle. Non plus personne ou presque ne détient un permis de conduire moto, pourtant exigé par les textes en vigueur.

Chaque citoyen peut se procurer librement la moto de son choix dans les nombreux magasins de vente, disséminés à travers le pays et la conduire partout, comme il peut, ou comme il veut.

Ceci explique en grande partie la situation à risques que l’opinion déplore unanimement, du fait de la mauvaise conduite des motocyclistes et des accidents qu’ils provoquent à longueur de journée.

Des effets positifs ressortent de ce dispositif sécuritaire mis en place

Il est à reconnaître que cette année encore, la sécurité a réussi un quadrillage optimal de l’essentiel du réseau routier, notamment dans les centres urbains. Les agents étaient visibles partout et leur présence avait un contenu à la fois rassurant et dissuasif. Tout ce qu’il faut pour amener les citoyens à se sentir protégés et permis de s’éclater librement et en toute quiétude. Bien entendu, dans les limites du tolérable !

L’autre effet est d’ordre psychologique. Il nous apparaît des plus importants qui soient. La présence attentive et prévenante des agents, toute la nuit de la fête, dans l’environnement immédiat des populations, a fait naître chez bon nombre, un nouvel état d’esprit. Cela part du fait que ces populations découvrent en leurs services de sécurité le côté ‘’amis et défenseurs’’ auquel ils ne sont pas accoutumés. Ils sont surpris.

En général, dans la vie de tous les jours, ils regardent la force publique de loin et ont peine à concevoir, que ses représentants soient autre chose que des ‘’adversaires’’, voire des ‘’ennemis ‘’ dont le ‘’bras’’ sert plutôt à la répression. Cette idée qu’on laisse accroire est l’un des facteurs de la méfiance qui prévaut entre civils et corps habillés. Les prismes déformants qui résultent des rétablissements de l’ordre public, notamment lors des manifestations et quelques autres comportements inadaptés de certains agents au contact des citoyens y sont pour beaucoup, dans l’ancrage de ce concept. C’est sans doute l’un des aspects qui a motivé les autorités à engager la réforme des forces de défense et de sécurité.

Dans tous les cas, ce déploiement de policiers et gendarmes pendant les fêtes de fin d’année crée ou suscite un nouvel état d’esprit qui restaure la confiance quelque peu écornée entre agents et populations.

Et c’est parti pour un renforcement du sens civique et citoyen, de part et d’autre. Une valeur d’équilibre sociétal sûre, à préserver et à renforcer pour le grand bien de notre pays !

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