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Lutter contre la COVID-19 en s’adaptant aux situations de précarité des Guinéens.

Avec vingt-deux personnes infectées, la Guinée est entrée dans la redoutable phase de la contamination communautaire à la COVID-19.  Devant cette réalité devenue anxiogène, le désespoir et la colère semblent être les sentiments les mieux partagés au sein de la population. Même au niveau des classes privilégiées et proches du pouvoir, où l’on constate, étonnamment, une certaine frustration devant l’obsolescence du système sanitaire.

Et pourtant, il ne faudrait pas se résoudre à la résignation. Car, l’amertume devant la faillite de nos États n’a jamais été une solution. Maintenant que tout le monde est condamné à se confronter à la triste réalité du système de santé, ce n’est pas le temps de faire le procès de la gestion sanitaire en Guinée. Pour le moment, il faudra concentrer les efforts à inventer des stratégies de riposte pour faire face à cette menace qui nous concerne tous : pauvres et riches, exclus et privilégiés.

Renforcer les mesures prises par le gouvernement

Le gouvernement a déjà pris des mesures, certes limitées dans leur application, mais qu’il faut quand même estimer. Plus important, une Alliance de Sécurité Sanitaire (ASS) vient d’être mise en place pour appuyer les efforts du gouvernent via le ministère de la santé.  Mais, il ne s’agit pas de multiplier les dispositifs de riposte sanitaire. Il importe aussi de les rendre efficients, et surtout de veiller à l’existence d’une meilleure coordination entre l’ANSS et les autres dispositifs qui seront mis en place. L’idéal même serait que le travail de l’ANSS rejoigne celui de l’ASS pour former une coordination nationale qui ne serait pas sous le seul contrôle de l’exécutif guinéen, comme cela a déjà été proposé dans une précédente contribution.

Au-delà du dispositif sanitaire envisagé, il faudra aussi réfléchir aux moyens d’action, aux conditions économiques et aux compétences nécessaires à l’effectivité du dispositif de réponse à la COVID-19. En ce sens aussi, les mesures prises par le président d’interdire les voyages en région, de limiter de nombre de passagers dans les transports en commun, la déclaration de l’état d’urgence, participe d’une logique nécessaire pour limiter la contamination communautaire. Mais, les mesures gouvernementales ne sont pas suffisantes, parce qu’elles ne tiennent pas compte de la situation précaire des populations guinéennes : comme le mentionnait la pancarte d’un chauffeur de taxi opposé à la limite du nombre de passagers, « ce n’est pas aux populations de payer le prix de la démission de l’État ». Ainsi, pour soutenir ceux qui travaillent dans le domaine du transport, le gouvernement devrait faire preuve de responsabilité et être conséquent avec sa stratégie de riposte sanitaire en réduisant le prix de l’essence.

De même, limiter le risque de contamination communautaire à la COVID-19 devrait conduire le gouvernement à travailler intensément pour tout d’abord faciliter le dépistage. Pour ce faire, il faudra absolument évaluer la disponibilité des ressources matérielles et médicales. Et c’est peut-être aussi le temps de mettre à contribution les cliniques médicales qui se sont multipliées à travers le temps dans les quartiers de Conakry. Outre ce travail préalable de dépistage, le gouvernement devrait envisager des formes de prévention qui pourrait prendre, avec toutes les conséquences et les défis que cela comporte, une quarantaine partielle et progressive de la population. Si on veut minimiser les pertes en vies humaines, une quarantaine ne peut être exclue. Elle nécessitera cependant que les autorités politiques s’adaptent à la réalité socioéconomique du pays et s’organisent en conséquence pour garantir à la population la satisfaction des moyens de substance de base. C’est à ce niveau que la collaboration avec les opérateurs économiques et les communautés locales sera nécessaire. Déjà pour acheter des votes, on voit que les politiques sont très inventives dans la distribution des denrées alimentaires à travers le pays. Et bien, c’est l’occasion de réactiver autrement cette inventivité pour l’intérêt public en appelant au bénévolat des jeunes sympathisants des partis politiques et surtout à la vertu des commerçants qui œuvrent dans le domaine alimentaire.

On ne le dira jamais assez : mais cette pandémie de la COVID-19 en Guinée représente un défi pour l’intelligence des hommes politiques et des représentants de la société civile. Il ne faudrait pas que le ressentiment et le désespoir anesthésient le sens de la créativité devant cette crise sanitaire. La Guinée n’est pas un pays développé certes, mais les hommes se sont toujours sortis de la misère au moyen de leur imagination créatrice. Il faudra inventer des solutions adaptées à la réalité des Guinéens. Mais, il incombe avant tout au président Alpha Condé de faire de cette crise sanitaire une cause commune, en appelant à l’engagement de tous, même de l’opposition.

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