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Mécénat et sécurité routière : comment et jusqu’où, c’est ouvert ?

Dans l’une de nos précédentes livraisons, nous avions évoqué la nécessité de renflouer les moyens à la disposition de la gendarmerie routière pour, disions-nous, booster la sécurité routière en rase campagne. Ce qui était absolument fondé, au regard de la situation que vivent quotidiennement les gendarmes en charge de cette activité en rase campagne. (Photos d’archives)

Quand on sait que pour être efficaces, ils doivent nécessairement rester très mobiles et couvrir de grandes distances au quotidien, l’on comprend bien qu’il soit essentiel de les équiper en tous moyens et équipements utiles et souhaitables à l’accomplissement correct de leur mission. De cela, il a déjà été question lors du dernier entretien que nous avons eu avec le lieutenant-colonel Michel Koly Sovogui, commandant de ce corps spécialisé de gendarmerie.

Ce problème de moyens  nous conduit à dire ce que chacun sait déjà : ils sont indispensables pour l’atteinte des objectifs fixés. Ne dit-on pas d’ailleurs que pour réussir dans toute entreprise, il faut avoir les moyens de sa politique ?

Cela dit, dès 2011, il nous faut louer la Volonté Politique manifeste dont le Chef de l’Etat avait fait montre pour initier et conduire à son terme l’important et  ambitieux projet de réforme des forces de défense et de sécurité. Une détermination qui s’inscrivait en droite ligne de son schéma de réorganisation de la gendarmerie nationale incluant entre autres, la création et l’équipement de la gendarmerie routière. Il s’agissait de renforcer la prévention et la sécurité routière en rase campagne, en créant pour la première fois en Guinée, un commandement de la gendarmerie routière couvrant de son autorité, huit autres compagnies sécurité routière basées à l’intérieur du pays.

Ainsi, des personnels furent sélectionnés pour meubler les structures de cette nouvelle institution. Ces effectifs furent soumis à une intense formation professionnelle et technique, de  novembre 2011 à mai 2012, à l’école nationale de gendarmerie de Sonfonia, avec l’appui d’experts de la coopération militaire française.

gendarmes en rase campagne,

Au même moment, ce nouveau commandement fut doté par le Chef de l’Etat d’une centaine de motos de 125 et 900 cm3, sorties d’usine et spécialement conçues pour les services de sécurité. Elles étaient dotées, en plus des accessoires habituels (gyrophares notamment), de dispositifs homologués de radio communication, intégrés au casque protecteur du motocycliste, lui permettant d’être en liaison radio permanente avec sa base, ainsi que de haut-parleur pour s’adresser, comme avec un mégaphone, aux usagers en cas de nécessité sur la route.

Il n’est pas exagéré de dire qu’au lancement des activités de ces unités disséminées sur l’ensemble du territoire, c’est à l’unanimité que les citoyens les ont accueillies et acclamées. En effet, ces agents, bien formés, bien équipés et  bien motivés, ont rapidement « calmé » les routes en réduisant les accidents, en renflouant les caisses du trésor public par les nombreuses amendes arbitrées et en réfrénant totalement le phénomène de braquage routier.

Ils étaient partout, de jour comme de nuit. Ils surveillaient, contrôlaient  et rien ne leur échappait. Cette période a marqué les esprits et c’est avec une pointe de nostalgie que les conducteurs et autres riverains des routes de l’intérieur du pays en parlent encore.  Ils  reviennent  sur les bons moments et souvenirs qui ont marqué cette époque glorieuse. Les mauvais conducteurs eux-mêmes qualifient cette période de rigoureuse, mais juste. Nul n’était accusé ou  brimé, mais la règle s’imposait à tous sans hésitation. On leur laissait le choix entre améliorer leur  comportement ou garer leur véhicule. En effet, ils ne pouvaient pas rouler sans rencontrer  un binôme  de ces agents motocyclistes qui ne badinaient pas avec ceux qui violent les règles de la circulation et sanctionnaient sans sourciller, tous les mauvais usagers, surtout les endurcis et autres récidivistes.

Au même moment, ces agents réputés sévères mais très professionnels, savaient se montrer prévenants et serviables à l’endroit des usagers en règle et qui se comportent bien.  Ainsi,  leur arrivait-il  quelque fois, d’escorter nuitamment des véhicules pour traverser des zones où les chauffeurs craignaient d’être attaqués par les coupeurs de route.

Pour toutes ces actions et bien d’autres encore, ils étaient applaudis par les honnêtes citoyens qui disent garder encore en mémoire les mots aimables, empreints de courtoisie et d’encouragement que ces gendarmes leur adressaient toujours quand, après un contrôle, ils ne leur trouvaient aucun défaut: merci. Roulez doucement et bon voyage ! Sans abus, sans tracasseries. C’était assurément une belle époque !

Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin. Cette période que l’on pourrait qualifier d’idyllique  a disparu,  laissant la place à une nouvelle réalité, faite de relations, à la limite de la défiance, entre agents et usagers. C’est peut être même cela qui explique l’accroissement des accidents, constaté  en 2919, dans le secteur.

Toujours est-il qu’on ne va pas refaire l’histoire. Ces précieuses motos ont aujourd’hui disparu de la circulation, amorties qu’elles sont depuis bientôt une décennie d’usage intensif. Elles ont servi au renforcement de la sécurité en rase campagne et à l’accomplissement d’autres missions connexes rappelées, dans notre dernière livraison, par le lieutenant-colonel Michel Koly Sovogui, commandant de la gendarmerie routière.

Le moment est venu de renforcer les capacités d’intervention des agents en leur fournissant les moyens et équipements dont ils ont besoin pour accomplir leur mission. C’est à l’état, en premier lieu,  qu’il revient de le faire. C’est d’abord sa mission régalienne et ensuite, soulignons-le, parce qu’il s’agit d’un secteur public stratégique, aussi sensible et réservé que peut l’être un service de sécurité.

Nous n’allons pas pouvoir répondre à la question qui a servi de titre à cet article. A savoir, comment et jusqu’où quelqu’un d’autre que l’Etat, (personne morale ou privée) peut intervenir en faveur de ce secteur. Seules les autorités en charge, investies du pouvoir décisionnel habilitant, peuvent y répondre.

Mais, jusqu’à plus ample informé, nous pensons que dans ce domaine précis, l’omerta n’est pas de mise. La porte du mécénat reste ouverte. D’ailleurs, un acte civique n’est jamais rejeté en soi. Bien au contraire,  il est plutôt encouragé. L’Etat ne pouvant jamais tout faire, il ne peut que saluer et se réjouir de toute manifestation de soutien et d’encouragement apporté à ses structures.

On rappelle d’ailleurs chez nous que, ce n’est pas la somme de ce que l’on donne qui compte, mais plutôt la manière. Ainsi, donner, ne serait-ce qu’un  simple sifflet, un manteau, une torche, des bottes, une marque de considération ou un encouragement à la sécurité routière, contribue à réduire les accidents. Tout est dans la congruence attendue entre l’intention formulée et l’effet produit par le geste.

Des exemples de donateurs qui se sont investis en faveur de ce secteur existent chez nous. Nous pouvons en citer quelques uns :

En faveur de la police, le tout premier à intervenir a été Baldé Zaîre, un riche homme d’affaires qui fut président de la chambre de commerce. Il a offert en 1985 à la police routière des podiums et des ombrelles qui furent placés aux principales intersections dans la capitale. A son décès, par suite d’un accident de la circulation à Pharmaguinée, à la traversée des rails de l’ancienne OBK, c’est Sabaty, un garagiste ingénieux de la place qui a pris le relais en fournissant également des podiums et quelques panneaux de signalisation.  Ensuite, se sont succédés l’entreprise Royal moto qui a offert des gilets de sécurité et des motos,  le groupe Topaz  et  l’ambassade de Chine, (des motos), le PNUD, (des activités de formation et des ordinateurs et accessoires).

Du côté de la gendarmerie, nous citerons en première position le Chef de l’Etat   qui a offert les premières cent six motos citées plus-haut, à la création de la gendarmerie routière. Auparavant, le groupe Futurelec Holding s’était investi dans le même cadre avant d’être suivi par la coopération chinoise et le groupe Topaz qui, en 2017, a offert des motos, du matériel informatique et des équipements de bureau.

Dans le même ordre d’idées, un guinéen dont nous ne retenons que le nom Youla, résidant en Italie, avait offert en 2006, si nos souvenirs sont exacts, un camion de désincarcération à la Protection Civile.

Voici  les quelques donateurs qui se sont investis au profit de la sécurité routière chez nous. Nous espérons en avoir oublié, tellement nous souhaitons voir leur liste s’allonger.

Loin de nous l’idée de promouvoir des personnes isolées ou de garantir une publicité à une quelconque institution, société ou entreprise. Nous estimons que le geste qu’ils délivrent, au-delà de son contenu généreux et solidaire, permet aussi de susciter et renforcer des relations de confiance indispensables entre les populations et leurs services de sécurité.

Par les temps qui courent, cela semble être une priorité de premier ordre. Nous y gagnons tous, à ne point l’oublier. Notre devise nous le commande aussi, assurément !

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