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Médias sociaux et vie privée : Leçons à tirer du cas de Kassory Fofana

Comme une traînée de poudre, une photo du Premier Ministre Ibrahima Kassory Fofana, s’est propagée sur les réseaux sociaux. On y voit un PM qui a du mal à se mouvoir, le visage crispé par la douleur, porté par 2 ambulanciers. Faisons abstraction des commentaires tendancieux que cela a générés.  Intéressons-nous plutôt à la manière dont cette « crise médiatique » a été gérée et les leçons à tirer pour toute personnalité publique.

Oui. Il faut le reconnaître, tout le monde a été surpris par cette photo d’un PM mal en point. La surprise était d’autant plus brutale que personne ne semblait connaître réellement de quoi souffrait Monsieur Fofana. Tous les scénarii  ont été un temps envisagés.

Comme à la guerre, l’effet de surprise, lorsqu’il est garanti, peut causer des dommages importants. Ici, la guerre, c’est l’image.

Celles et ceux qui ont été à l’origine de cette fuite ou «leak » ont gardé l’avantage pendant quelques minutes, avant que le tweet du PM ne vienne faire « pschitt! » comme pour paraphraser le Président Chirac en 2002.

Leçon 1 : Sous l’ère des réseaux sociaux, personne n’est à l’abri

La personne publique doit l’intégrer dans sa matrice de réflexion et d’action. Pareil pour son entourage. L’image de la personne publique est devenue comme une marque. Elle doit être gérée comme tel. Une marque véhicule une idée, une promesse. Il faut s’assurer que cela ne soit pas mal perçu dans l’esprit collectif sinon, la magie n’opère plus. Par conséquent, quel que soit ce que l’on puisse faire, ça risque d’être « encéphalogramme plat. »

Leçon 2 : La personne publique doit protéger son intimité

A moins qu’elle n’y trouve un quelconque intérêt opportuniste à l’exposer bien entendu. Si tel est le cas, cela s’avère délicat et peut être très contreproductif.

La personne publique doit disposer dans son plan de sécurité, un chapitre intimité et une section « gestion des smartphones. »

Ces derniers doivent être systématiquement ségrégués à un endroit où ils ne pourront capter des images ou des sons qui pourraient servir d’arme de destruction médiatique massive.

Le plan devrait entre autres éléments, identifier les périmètres et les niveaux d’autorisation d’usage de ces outils dans l’environnement de la personne publique.

Leçon 3 : En cas de crise, communiquer rapidement, en disant la vérité, et le faire soi-même (son équipe)

C’est en tous les cas ce que conseille Lanny J Davis, spécialiste américain en la matière qui a aidé de grands présidents comme Bill Clinton et continue d’aider des grands patrons et hommes publics en gestion de crise.

Ibrahima Kassory Fofana semble s’être conformé à cette recommandation car très vite, son compte twitter a publié sous le hashtag #solidarité un message exprimant sa gratitude aux personnes qui ont manifesté leur compassion au vu de son état. Il en a profité pour décrire les faits et rassurer sur son état de santé. Une vidéo a suivi quelques heures plus tard, montrant la visite d’un homme politique guinéen Abe Sylla.

Leçon numéro 4 : la personne publique doit préparer la survenance d’une crise

Cela est important afin de limiter au maximum les dégâts par rapport à l’image de marque. De nos jours, il est devenu très contreproductif d’évoluer dans la sphère publique sans disposer d’un plan de gestion de crise.

La préservation  du  capital  image de la personne publique est devenue tout aussi importante que sa capacité financière, à participer à une élection et ses compétences techniques et interpersonnelles.

Ce phénomène est naturellement amplifié par l’omniprésence et le caractère instantané des medias traditionnels et sociaux dans le quotidien des citoyens.

Notre spécialiste Lanny J Davis suggère à cet effet, 4 règles :

Règle 1: Mettre en lumière tous les faits. Pour s’assurer de bien gérer une crise, son gestionnaire doit commencer par réunir tous les faits y afférent. Qu’ils soient favorables ou défavorables.

Règle 2: Construire des messages simples et compréhensibles par tous.

Ceci nécessite une expertise rédactionnelle qui doit être la qualité de l’équipe gérant la crise.

Règle 3: Prendre les devants. Il est important de devancer tout le monde. Surtout ses adversaires. Cela est simple lorsqu’on anticipe la crise; compliqué mais pas impossible lorsqu’elle nous surprend, surtout si on a pris le soin de définir en amont un plan de contingence.

Règle 4: Ne jamais improviser en se représentant soi-même. Que l’on soit président, Premier Ministre, ministre, haut fonctionnaire ou chef d’entreprise publique ou privée, que l’on soit star ou autre personnage publique, on est tenté, lorsque dans le tumulte de la crise, d’y répondre dans la précipitation, sans préparation aucune.

Une telle démarche est fortement déconseillée et il est recommandé, de prendre le temps de se préparer et pour cela, de se faire accompagner.

Pour ce qui est de l’accompagnement par des professionnels de la communication, il va falloir tout de même veiller à ce qu’ils disposent de l’expertise requise sanctionné par des faits d’armes réels et des diplômes ou certificats en communication valables.

En clair, on l’aura compris, prendre les devants, dire la vérité des faits en étant capable de le prouver, ne pas nier, voici donc l’attitude, l’état d’esprit que la personne publique doit avoir face à la crise médiatique.

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