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« Mémoire collective », le livre sur l’histoire des violences politiques en Guinée dédicacé à Conakry

Déjà objet de débats à Conakry, le livre « Mémoire Collective, une histoire plurielle des violences politiques en Guinée », initié par la FIDH et rédigé par une quinzaine d’auteurs dont des journalistes de Radio France Internationale (RFI), a été dédicacé ce mardi, au Palais du peuple.

 La cérémonie de dédicace a mobilisé du monde. Parmi les personnalités, le ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté – qui a lancé la cérémonie –, le chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo, l’ancien Premier ministre Kabinet Komara, le nouveau chef de la délégation de l’Union européenne en Guinée Josep Coll…

Pour l’occasion, RFI a délocalisé son attente au Palais du peuple.  Maître de cérémonie,  le journaliste de RFI Juan Gomez a fait lancer la cérémonie par une allocution du  ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté. « Cet ouvrage, on en a justement besoin », a apprécié  Gassama Diaby, très ovationné durant son discours (à lire par ailleurs). Avant même que les auteurs ne l’avouent, le ministre de l’Unité nationale a souligné que cet ouvrage « n’est pas la vérité absolue », et qu’ «  il est sujet à discussion.» (à lire par ailleurs sur les vérités de Gassama Diaby à l’occasion de la présentation officielle de ce livre).

A la suite du ministre, Juan Gomez a fait écouter à l’assemblée cinq extraits de discours des cinq hommes qui ont dirigé jusqu’ici la Guinée indépendante : feu Sékou Touré, feu Lansana Conté, Moussa Dadis Camara, Sékouba Konaté et Alpha Condé. Des voix  anonymes de victimes des violences politiques en Guinée ont été également écoutées. Des voix qui expriment la difficulté à parler de ces pans douloureux  de l’histoire de la Guinée.

La cérémonie de dédicace offrait Joseph Coll, nouvel ambassadeur de l’Union européenne, sa première sortie publique en Guinée.  Son institution étant le financeur de cette Mémoire collective, le diplomate européen a été logiquement invité à prononcer un mot au cours de cette cérémonie. Dans sa brève allocution, il a rappelé que « l’Union européenne soutient les initiatives en faveur de la défense des droits fondamentaux ». « Aidez à revenir sur l’histoire et contribuer à faire la justice est donc notre vocation… L’important n’est pas ce livre, mais c’est son contenu  », a-t-il aussi dit.

Me Drissa Taoré, vice-président de la FIDH a indiqué que ce livre n’est qu’une contribution. Et qu’il appartient aux Guinéens d’écrire leur propre histoire.

Le livre

Laurent Correau, rédacteur en chef Afrique à RFI décrit mieux « Mémoire collective ». Un des coordonnateurs du projet, le journaliste français explique que « Mémoire collective » est le fruit d’une année et demie de collecte « des points de vue les plus différents possibles » sur l’histoire des violences politiques en Guinée. L’histoire commence en 1954, quelques années avant l’indépendance, et s’étale jusqu’au massacre du 28 septembre 2009. Le livre de 354 pages est un mélange d’écritures et de photos. S’appuyant sur de nombreuses sources tant écrites qu’orales, des  auteurs Guinéens et étrangers ont contribué à son élaboration. Ils sont journalistes, universitaires, historiens, défenseurs de droits de l’Homme. « C’est un chantier qui a commencé bien avant nous, et qui se poursuivra très largement après nous. Ce que nous souhaitons simplement, c’est apporter une pierre à cet immense chantier mémoriel guinéen », indique Laurent Correau.

Dans le livre, l’histoire des violences est détaillée dans six parties : « Guinée, une histoire traversée par les violences politiques », « violence et politique dans la marche vers l’indépendance », « politique du complot et répression sous Sékou Touré », « les corps habillés et la mécanique de la violence », « violences politiques et ethnicité » et « 28 septembre ».

Sur les sources, le livre lui-même fait remarquer que l’utilisation d’archives des gouvernements qui se sont succédésen Guinée depuis l’indépendance fait défaut. Plusieurs auteurs auraient essayé d’y avoir accès, sans succès.

L’autre version qui ne passe pas

Dans le souci d’équilibrer les regards sur l’histoire des violences politiques, suite à l’écoute des voix de certaines victimes et de discours accablant le régime Sékou Touré, le ministre Gassama Diaby décide de faire écouter un pro-Sékou Touré. Invité à la tribune, El Hadj Biro Kanté, compagnon d’indépendance et ancien ambassadeur a essayé de contredire le livre. Il n’en fallait pas pour qu’il soit hué par des personnes au sein de l’assemblée. Interrogé par des journalistes à sa descente de la tribune, Biro Kanté déchargera devant les micros et caméras tout le mal qu’il pense de ce livre. « Je vous assure, c’est un livre d’intoxication », dira-t-il.

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