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Meurtre de Mamadou Barry en France : Bannir la haine raciale

Vendredi 19 juillet, le destin de Docteur Mamadou Barry est banalement scellé par son bourreau, infligeant ainsi une immense perte à sa fille, à son épouse et à toute sa famille. C’est aussi son pays, la Guinée, qui perd à Rouen en France, un de ses valeureux fils, promis à un bel avenir, compte tenu notamment de sa qualité d’enseignant chercheur dans l’université de sa ville d’accueil.
Selon les premières informations qui ressortent des circonstances de sa mort, il a été tué à coup de poing à cause de sa couleur de peau. C’était un Noir. Si cette circonstance est confirmée, il s’agirait d’un crime intolérable. La haine raciale ne doit pas être la cause de la mise à mort d’une catégorie d’êtres humains jugée ou perçue différente.
L’auteur de cet acte inhumain doit payer
La levée de la garde à vue du suspect pour ses antécédents psychiatriques et son admission dans un hôpital pour soins, posent quelques interrogations. Des expertises psychiatriques seront nécessairement exigées dans la procédure judiciaire pour évaluer sa faculté de discernement lors de la commission de l’infraction. Sa défense va probablement plaider la « folie » pour essayer de dégager sa responsabilité. En droit pénal, lorsque l’élément intentionnel manque dans la réalisation d’un crime, l’auteur a toutes les chances d’échapper à la sanction. Un fou est réputé irresponsable de ses actes.
Un des enjeux de la procédure sera de déterminer le degré d’altération de ses facultés de discernement au moment des faits, afin de conclure s’il est ou non responsable du crime qu’on lui reproche. La question est loin d’être simple et un retournement de situation n’est pas à exclure.
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Chacun a en mémoire le procès hyper médiatisé de l’extrémiste norvégien, Andres Behring Breivik, qui, en 2011, a massacré près de 70 personnes sur le fondement de son idéologie axée sur l’islamophobie, l’antisémitisme, l’antiféminisme et la suprématie de la race blanche.
Breivik a été déclaré au cours de sa première évaluation psychiatrique comme un schizophrène ayant agi sous l’emprise de pensées délirantes. Cette évaluation a estimé qu’il était « irresponsable » de ses actes. En 2012, une contre-expertise démontrera  le contraire. Cette fois, l’équipe de psychiatres mandatée par la justice conclura qu’il était bel et bien « responsable » des tueries. Il fut alors condamné à la peine maximale par la justice de son pays.
Se battre pour Docteur Barry et faire en sorte que son tueur paye pour ce qu’il a fait, c’est montrer à quel point on est prêt à lutter contre la haine raciale qui mine le monde et lui cause d’innombrables maux. C’est aussi montrer le respect absolu que nous devons tous à la vie humaine et à l’égalité entre les personnes.
Face à la complexité de la procédure à venir, la seule famille de Docteur Barry sera limitée dans la défense de sa cause. Le gouvernement guinéen qui a l’obligation de protéger ses citoyens ne doit pas laisser passer cet acte ignoble sans réaction appropriée. Il doit apporter toute son aide à la partie civile (la famille de Docteur Barry) dans le cadre de la procédure judiciaire.
Youssouf Sylla, analyste-juriste, à Conakry.
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