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Motos taxis en Guinée: jusqu’où les premiers textes ont-ils remis de l’ordre dans le secteur?

Comme nous l’avons dit, dans une de nos publications portant sur le sujet, il a fallu six (06) ans, entre le lancement spontané de l’activité de taxi-moto dans notre pays (2004) et la réaction de l’administration, à travers la prise d’un arrêté réglementant le secteur (2010). Nous ne reviendrons pas sur l’histoire liée à l’évolution de tout ce processus. Notre cher ami, feu Fodé Issiagha Fofana, ingénieur, ex chef du BRTT (bureau régional des transports terrestres) de Faranah nous a parfaitement édifiés à propos. A l’occasion, cet expert en réglementation n’a pas manqué de souligner les grands préjudices que ce long silence de l’administration a causé au développement correct de l’activité. Laquelle s’est trouvée progressivement infestée par l’anarchie résultant du libre-arbitre concédé à chacun de faire comme bon lui semble, sans limite définie, sans balise aucune.

Au lancement spontané de ce qu’il est convenu d’appeler nouveau métier et dès lors que les gens ont compris qu’au bout, il y a de l’argent à gagner, ça a été la ruée générale. Ce qui se comprend bien avec le manque criard d’emploi, surtout chez les jeunes. Tous ceux qui l’ont voulu s’y sont infiltrés, le plus facilement du monde. Aucun critère n’étant défini, cela a semblé convenir aux milliers de postulants, pressés de gagner leur vie et devant lesquels un boulevard de liberté totale s’est ouvert. Ils sont permis d’agir à leur guise : comme ils l’entendent, ou comme ils le peuvent. La seule condition étant juste, d’avoir une moto, même s’ils ne savent pas conduire!

Tous ces manquements se sont produits, parce que l’Etat qui est le régulateur attendu en pareilles circonstances, est resté totalement muet. Et, à force d’attendre, la nature ayant horreur du vide, le désordre et la confusion se sont installés avec leurs corollaires de problèmes adjacents. Ici et là, on a commencé à enregistrer des grippages de la circulation et surtout, des accidents graves.

Pour tenter de réduire ces effets nuisibles et conférer à l’activité un semblant de légalité ou de légitimité, des colmatages d’ordre administratif ont été entrepris. Cela s’est traduit par un simulacre de gestion et de contrôle. Ainsi, des cadres de niveaux hiérarchiques aussi variés que inattendus, se sont évertués, moyennant rétribution, dans la plupart des cas, à donner à tout-va, des agréments commerciaux, en lieu et place de ceux techniques, que seul le Ministère des transports est habilité à délivrer. Ce département est le seul, dans ce domaine précis, à disposer des prérogatives et de l’expertise nécessaires pour montrer le chemin et dire comment faire.

Cette situation confuse a évolué ainsi jusqu’en 2010, année à laquelle, ledit département a pris deux arrêtés successifs, les 26 et 29 mars, ouvrant la voie à la réglementation qui n’avait que trop tardé. Il faut bien un début à tout, dit-on !

Les deux arrêtés sont : le n857 du 26 mars 2010 portant port obligatoire du casque de protection pour les conducteurs et les passagers des engins à deux roues, munis d’un moteur thermique et le 861 du 29 mars, portant réglementation du transport par taxi moto en République de Guinée.

Nous n’allons pas nous attarder sur le fond de ces deux textes. L’important pour nous est de montrer que les pouvoirs publics, malgré le retard considérable accumulé, ont quand même réagi. Mais aussi, nous espérons que, par simple déduction et sans aucune invite de notre part, chacun va faire le point de la situation et évaluer le niveau d’application du contenu des deux arrêtés depuis leur publication en 2010. Vous apprécierez par vous-même, ce qui est respecté et ce qui ne l’est pas.

Dans le premier arrêté qui porte sur le port obligatoire du casque, il est dit que les conducteurs et passagers des motocyclettes, vélomoteurs, cyclomoteurs doivent porter obligatoirement le casque de protection d’un modèle homologué par les services compétents du Ministère chargé des transports. Suivent ensuite des spécifications d’ordre technique que nous ne citons pas ici et qui portent, entre autres, sur la calotte du casque et son système de suspension. En somme, tout ce qui permet que le casque protège efficacement la tête de celui qui le porte, dans les règles bien définies, en cas d’accident. Mais, trouve-t-on facilement ces casques homologués et où ?

Dans le second arrêté, n0 861, c’est l’article 2 qui interpelle d’emblée. Il y est dit que l’activité taxi-moto est systématiquement interdite dans la zone spéciale de Conakry. Elle est exclusivement réservée aux localités de l’intérieur.

Cette disposition, au regard de l’envergure considérable que ce mode de transport a connu au fil des ans, a été modifiée par un autre arrêté dont nous parlerons une autre fois. Dans la suite du même arrêté 861, qui réglemente le transport par taxi moto, il est dit que toute personne physique ou morale, exploitant de taxi moto, doit obligatoirement se mettre en règle par rapport à la loi en vigueur. Et à la suite, de nombreuses conditions à remplir sont énumérées, comme l’âge de 18 ans au moins ; le permis A1 ou A; la limitation de passager à un seul, sur les deux-roues; le gilet rétro réfléchissant vert-clair ; les gants ; les chaussures fermées ; les deux casques pour le conducteur et son passager ; la carte d’autorisation de transport; le numéro d’immatriculation fond rouge, caractères blancs, fixé à l’arrière de la moto ; la plaque d’identification homologuée portant numéro, de caractère blanc sur fond noir, fixée de manière inamovible et apparente, à l’avant de la moto, etc.

Il faut dire que tout évolue autour de nous, y compris la circulation routière et les textes réglementaires qui la gèrent. Nous avons indiqué plus haut, que, face à certaines réalités du moment, l’arrêté 861 pris en 2010, qui interdit l’exercice de l’activité taxi moto dans la zone spéciale de Conakry a été modifié et même remplacé par un autre. Sa caducité est partie de la détermination des taxis-motards à vouloir à tout prix exercer leur activité dans la capitale, ce qui contredit absolument l’article 2, référencé plus haut.

Devant le risque d’envahissement indompté de la capitale par des milliers d’adeptes de la profession, de les voir plonger dans la clandestinité, se mettre en porte à faux avec le règlement en vigueur et susciter des troubles à l’ordre public, le département des Transports a opté pour l’apaisement. Il s’est adapté à la réalité du moment. Un nouvel arrêté a donc été pris, tenant compte du désidérata des exploitants. Mais, dans cette paix des braves, il n’a, à aucun moment, perdu le contrôle de la situation. Ainsi a-t-il continué sa gouvernance à distance, ce qui a permis à  l’activité de se dérouler depuis, tant bien que mal. Il n’est pas exclu que l’on revienne encore là-dessus, pour deux raisons au moins : l’implication de l’administration locale (commune et gouvernorat) dans la gestion de l’activité, aux côtés de la police, des syndicats et du département des transports et l’introduction des tricycles dans l’escarcelle des motos taxis. Pourvu que les interférences dans le secteur soient limitées et s’inscrivent toujours dans une dynamique constructive qui vise à améliorer la circulation et à réduire les accidents des deux roues.

Avec tout ce qui vous a été proposé ici, vous avez tout loisir de mesurer le chemin parcouru et surtout de voir ce qui a été fait des arrêtés pris pour réglementer l’activité taxi moto.

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