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Presse : précarité et insécurité, ce tableau sombre des médias guinéens

La journée mondiale de la liberté de presse est célébrée en Guinée ce 3 mai 2019 à un moment les journalistes rencontrent assez de difficultés dans l’exercice de leur métier. Ces difficultés vont du manque de ressources financières aux problèmes de sécurité.

A l’occasion de cette célébration organisée dans un complexe hôtelier de Conakry, Amadou Tham Camara, parlant au nom des associations professionnelles des médias, a rappelé les conditions dans lesquelles les journalistes guinéens travaillent : « En Guinée, nous croyons, plus que jamais, qu’il y a besoin de soutenir les hommes et femmes de médias qui vivent des heures extrêmement difficiles dans l’exercice de leur métier tant sur le plan matériel que sécuritaire. Les médias en tant qu’entreprises ne font pas exception à cette précarité indescriptible qui tire vers le bas et menace de façon sérieuse la continuité et la lucidité dans la pertinence des structures de presse. Le montant trop élevé de la redevance annuelle, l’étroitesse de l’assiette de la subvention accordée aux médias privés qui a été rabotée à l’extrême, passant de 5 milliards 224 millions 17 mille francs guinéens en 2018 à 3 milliards de francs guinéens en 2019, le manque criard de la culture de la publicité, entre autres, exacerbent et accélèrent la chute des entreprises de presse, malgré le caractère public du service rendu et pour la plupart gratuit. »

Et cette situation de précarité n’épargne pas non plus la Maison de la Presse de Guinée qui a été obligée de déménager de Coléah pour la haute banlieue. Et si la situation ne s’améliore, elle pourrait encore aller plus loin, prévient le président de l’Association guinéenne de la presse électronique (AGUIPEL) : « La presse guinéenne a besoin de rattraper son retard infrastructurel à l’image de beaucoup de pays de la sous-région à travers de la construction d’une maison de la presse digne de nom. Hier à Coléah Moussoudougou, aujourd’hui à Kipé Dadia, et demain peut-être à Kagbélen dans la préfecture de Dubréka. Ce mouvement giratoire ne nous honore point et nous osons croire qu’il en est de même chez les autorités, car une presse est avant tout la vitrine d’un pays. »

C’est pourquoi, en tant que porte-parole des associations des médias à la célébration de cette journée internationale de la liberté de la presse, M. Camara a lancé un appel solennel à l’endroit du président Alpha Condé  pour aider la presse à se doter d’une maison de la presse.

Sur le plan sécuritaire et judiciaire, Tham Camara rappelle les mésaventures de la presse guinéenne ces dernières années :  » Nous reconnaissons l’effort consenti par les autorités guinéennes dans l’obtention de la loi L002 sur la liberté de la presse qui a le mérite de dépénaliser les délits de presse en Guinée. Il convient cependant de mentionner que des actes allant dans le sens contraire de cette loi sont encore posés par des commis de l’Etat, des partis politiques et même par des citoyens. C’est dans ce registre que des journalistes ont été privés de leur liberté de façon arbitraire, bastonnés à Eco 3 de Matam, insultés et bafouillés dans leur dignité dans des évènements sans aucune forme de justice jusqu’à date, malgré des plaintes régulières portées auprès des tribunaux du pays. Nous n’oublions pas non plus les enquêtes qui traînent ou qui ne satisfont pas les parties dans les dossiers liés aux cas de morts et de disparition de nos confrères. L’impunité des crimes commis contre les journalistes est une menace qui touche toutes nos sociétés. Cette menace nous impose une vigilance sans cesse. »

Dans son intervention, le ministre de l’Information et de la Communication, Amara Somparé, s’est d’abord félicité de la prolifération des médias privés, avant d’indiquer que celle-ci est diversement appréciée par les Guinéens. « Les uns reprochent le manque de professionnalisme aux animateurs de ces médias, les autres fustigent les violations fréquentes des droits et de la vie privée des citoyens », affirme-t-il.

Plus loin, il soutient que cela est dû au manque d’appropriation des textes normatifs par les journalistes, comme la loi sur la liberté de la presse et les chartes déontologiques, ou leur inapplicabilité pour des raisons multiples dont les mauvaises conditions de vie et de travail des journalistes.

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