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Primature : Pourquoi et comment le plus dur commence maintenant pour Kassory ?

C’est désormais officiel, Ibrahima Kassory Fofana est le nouveau premier ministre de l’ère Condé, c’est le troisième depuis 2010. On le dit économiste rompu à la tâche, homme des dossiers et de réseau et maître d’orchestre. Soit ! Cependant, de nombreux défis l’attendent désormais. Comme le maçon, on le jugera au pied du mur.

Contrairement à ses deux prédécesseurs, inconnus du public, c’est un homme connu de l’opinion, qui a été propulsé à la primature. Il est attendu au tournant par tout le monde ou presque : la présidence, les populations, le parti présidentiel, l’opposition et ses détracteurs. Ses moindres gestes ou propos seront scrutés à la loupe.

Si Mohamed Saïd Fofana et Mamady Youla sont « excusables » pour avoir été promus à des postes où ils s’attendaient le moins, tel n’est pas le cas, en revanche, pour Don Kass, comme on l’appelle, puisqu’il a bataillé dur pour avoir ce poste. Il est allé jusqu’à fusionner son parti et à renoncer le pouvoir au profit du président Condé.

Mieux, il a fait des promesses osées dans une émission de grande écoute : d’une part, atteindre la croissance à deux chiffres et d’autre part, lutter contre la corruption.

Sans être exhaustif, ni anticiper sur sa feuille de route, votre quotidien en ligne, Guinéenews, énumère les chantiers qui attendent sur la table du nouveau premier ministre.

Le premier chantier, ce sont les négociations avec le syndicat de l’éducation qui réclame huit millions de francs guinéens comme salaire de base. Alors que le gouvernement avait reconnu le leader syndical, Aboubacar Soumah, l’on vient d’assister à l’installation d’un syndicat parallèle. D’où la colère noire du camp adverse.

Le hic est que les enfants n’ont pas étudié en début d’année à cause des grèves en répétition. Et voilà que les examens nationaux scolaires pointent à l’horizon. Et le moindre pépin, les enfants risquent de connaître une année blanche. Du gâchis.

C’est pourquoi, avec le nouveau Premier ministre, le gouvernement pourrait juguler la crise, en négociant carte sur table avec la volonté, la méthode, la diplomatie et la bonne foi. C’est au gouvernement de donner le ton.

Le Premier ministre est donc attendu au tournant par les syndicats de l’éducation. Il devra rapidement envoyer un signal fort de volonté de dialogue pour apaiser les tensions. En face, le syndicat doit être souple et flexible.

Le deuxième chantier, c’est le prix du litre du carburant. Va-t-on assister à une hausse des prix ou les prix actuels seront-ils maintenus ? C’est au nouveau premier ministre d’en décider. Il avait fait des insinuations lors de son passage dans Les GG.

Si le chef du gouvernement décide de la hausse du prix du litre du carburant à la pompe, il va sans dire que tous les autres prix vont exploser : du petit piment au sac de riz. En ce moment, il faudrait craindre le moindre délestage électrique à Conakry. Sinon, il y aurait de l’électricité dans les airs, dans la mer et sur terre.

Le troisième chantier, c’est la lutte contre la corruption. Le président Alpha Condé en fait sa priorité. Kassory Fofana a promis de s’y atteler une fois à la Primature. Maintenant, le décret est signé. Il faut passer aux actes et traquer les cadres corrompus.

Depuis 2010 jusqu’à nos jours, la presse privée, l’opposition et les ONG dénoncent des cas de malversations sans que la justice ne lève le petit doigt. Il est temps d’arrêter cette saignée financière pour une redistribution des dividendes du changement.

Le quatrième chantier, c’est l’insécurité. Aujourd’hui, tout le monde reconnaît que la Guinée, sous l’ère Condé, a connu des changements remarquables sur le plan diplomatique, énergétique et la construction des infrastructures mais son faible, c’est la sécurité.

Pour le reste du quinquennat, le nouveau premier ministre doit assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Des hautes personnalités publiques sont abattues sans qu’on ne sache qui en sont les auteurs. Des opérateurs économiques sont enlevés sans qu’on ne puisse arrêter ce fléau. Des militants de l’opposition sont tués sans procès.

Preuve par dix que la sécurité devrait être repensée, c’est le nombre de ministres qui se sont succédé à la tête du département depuis l’élection d’Alpha Condé en 2010, c’est d’ailleurs le plus instable des ministères. Mouramany Cissé, Mamadouba Toto Camara, Madifing Diané, Mohamed Cissé, Kabélé Camara, plus le nouveau.

Le cinquième chantier, c’est le contentieux né des élections locales du 4 février 2018. Si le nouveau gouvernement veut avoir la paix, il l’aura s’il le décide, pour s’occuper de ses chantiers, il devrait normaliser sa relation avec le reste de l’opposition. La bonne nouvelle, c’est que Kassory Fofana a en face un ami, le chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo. Ils se connaissent et se respectent. S’il use de cette proximité, il pourrait obtenir une trêve politique.

Mais s’il écoute les faucons, en disant que Cellou Dalein Diallo est totalement isolé, qu’il n’y a plus que l’UFDG, il faut craindre le retour du bâton. Malheureusement, le pays traverse un contexte pas favorable. Le syndicat menace d’aller en grève, l’opposition réclame les vrais résultats sortis des urnes depuis trois mois et les populations s’impatientent dans les quartiers. Ce ne sont pas des bons signes.

Outre Cellou Dalein Diallo, il y a le cas Sidya Touré. Le leader de l’UFR n’a pas dit son dernier mot. Or, il est capable du pire comme du meilleur.

Le sixième chantier, le gouvernement est appelé aussi à souffler le chaud et le froid. Régulariser la situation économique avec les partenaires financiers (FMI) et soulager le panier de la ménagère. Il s’agit  d’approvisionner les marchés en produits de grande consommation et à forte demande et garder les prix à des niveaux raisonnables.

Sur un autre plan, le nouveau chef de gouvernement doit remettre les guinéens au travail. Cela fait six mois que le pays est à l’arrêt. L’administration ne fonctionne pas. Depuis la pré- campagne électorale, tous les ministres et directeurs étaient en provinces.

Après le scrutin, le désormais ancien gouvernement gérait une crise à une autre. Ensuite, il y a l’annonce du remaniement. Et tout d’un coup, tout le pays a pratiquement cessé de travailler. On a perdu six mois pour rien.

Comme on le voit donc, les prochains jours devraient être chargés pour Don Kass, qui doit s’atteler à la feuille de route tracée pour toute équipe nouvellement constituée. Mais pour y parvenir, il doit nommer des compétences d’où qu’elles viennent. L’essentiel, c’est le résultat final. Ensuite, il faudrait distribuer les tâches et sanctionner.

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