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Prix Mandela 2020 de l’ONU : Dr Morissanda revient sur le tragique début de l’histoire dans « sans concession »

L’histoire remonte à 1983 au début de la carrière professionnelle de Dr Morissanda Kouyaté. C’était à Tougué, une lointaine préfecture actuelle du Fouta Djalon où l’heureux récipiendaire du prix Nelson Mandela 2020 cette année était muté comme médecin. Lisez plutôt le témoignage émouvant fait à propos dans l’émission « sans concession » de Guinéenews© où il était invité ce mardi 28 juillet. Un récit qui corrobore certes les propos de Dr Kouyaté quand il dit que c’est à tout hasard qu’il s’est retrouvé dans la lutte contre les mutilations génitales féminines. Mais elle prouve aussi, si besoin en était, que l’opportunisme n’a pas non plus sa place dans ce qu’est devenu le combat de toute une vie pour le natif de Kouroussa, mondialement célébré.

« J’ai reçu un soir deux jumelles de 12 ans, Hassanatou et Houssaïnatou, qui avaient été excisées et qui sont venues saignantes (…).  J’ai été terrifié. J’ai fait arrêter tout à l’hôpital. J’ai dit qu’on arrête la chirurgie, qu’on arrête la gynéco-obstétrique, qu’on arrête la médecine générale, qu’on  arrête la pédiatrie. Qu’on se mette tous ensemble pour sauver ces fillettes. Pendant 48 heures, nous avons tout fait. Même mon épouse avait donné son sang pour les sauver. Mais malheureusement, les deux fillettes sont décédées. C’est ce qui m’a choqué. C’est ça qui m’a projeté dans cette lutte. J’ai écrit un pamphlet presqu’incendiaire contre la pratique alors que je n’en savais rien. Je ne savais rien de la pratique. Je suis né à Kouroussa, j’ai grandi à Kouroussa. J’ai vu des filles subir cela, mais ça ne me posait aucune question. Et quand les deux jumelles sont décédées aussi je ne me posais pas de question sur la nocivité ou non. J’ai été révolté et j’ai écrit contre la pratique. C’est cet écrit qui est tombé sur la table de l’OMS (organisation mondiale de la santé) à Genève et on m’a invité à créer une organisation à Genève contre le mutilations génitales (…). J’ai dit non, je ne créerai pas d’organisation en Europe pour venir en Afrique. Si nous voulons faire ça, créons une organisation africaine. Nous avons créé donc à Dakar le 6 février 1984 le comité inter-aficain sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants. Alors mesdames, ce prix c’est une victoire de Hassanatou et Houssainatou ; c’est leur victoire. Elles ont sacrifié leur sang pour sauver dautres sangs. C’est ce qui me fait courir. Rien d’autre…»

Propos transcrits par Thierno souleymane

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