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Que sont-ils devenus ? La reine de « Tinyalé » Sény Malômou ouvre son cœur à Guinéenews, parle de son parcours et de ses projets

«… J’ai évolué dans plusieurs groupes folkloriques à Abidjan d’où, lors d’une visite officielle de feu Président Lansana Conté, j’ai séduit et fut convoquée à Conakry par feu Général Président Lansana Conté. Je fus directement introduite au sein de l’orchestre féminin de la gendarmerie nationale ‘’les Amazones de Guinée’’. »

Sény Malomou, né à N’Zérékoré en 1970, elle est fille de feu Moriba et de feue Yama Sonomou. Veuve, elle est mère de 2 enfants (une fille et un garçon).

Elle fut stoppée à l’école primaire de Réné Soukana de N’Zérékoré suite aux décès prématurés de ces deux parents.

Très douée en matière de chant et de danses, à l’âge précoce, elle a opté et s’est mise à l’œuvre.

Capitaine de douane en service aux colis postaux, Guineenews a rencontré Sény Malomou au service fret de l’aérogare national de Conakry Gbessia.

L’artiste très décontractée encore, malgré le poids de l’âge, nous parle de ses débuts dans la musique, sa discographie et nous plonge dans ses beaux et mauvais souvenirs. Fonctionnaire d’Etat, Capitaine de Douane, mère de famille et musicienne, elle nous livre sa méthode de gestion de ces trois fonctions confondues. L’auteure du célèbre titre ‘’Tinyalé’’, loin de raccrocher, dans ses perspectives, compte avoir à court terme son propre studio d’enregistrement. Dans cette interview, elle nous parle de son affiliation au BGDA et l’estime qu’elle a pour son idole, cette grande chanteuse M’Mah Sylla ‘’la Rossignole de Guinée’’. Indignée dit-elle, dans son cri du cœur, elle clame haut et fort le manque de promotion de la musique de sa contrée.

Lisez l’interview.

Guineenews : comment êtes-vous venue à la musique ?

Seny Malomou : Je suis venue à la musique depuis ma tendre enfance par le biais de ma grand-mère. À N’Zérékoré, plus précisément dans le village de Togolemou, en vacances j’ai rencontré des jeunes de mon âge qui chantait. J’avais 7 ans en ce moment et la musique et cette danse me préoccupaient. Mariée, j’ai rejoint mon époux à Beyla où réellement, j’ai encore continué à m’exercer dans ce métier d’artiste. C’est arrivée à N’Zérékoré où mon frère feu Gbato m’a repéré à travers mes chants dans les orchestres de jeunesse et les ‘’gloglo’’ (danses folkloriques en forêt) et me recruta au sein du Nimba Jazz de N’Zérékoré. Je tiens aussi à vous signaler que j’ai évolué dans plusieurs groupes folkloriques à Abidjan d’où, lors d’une visite officielle de feu Président Lansana Conté, j’ai séduit et fut convoquée à Conakry par feu Général Président Lansana Conté. Je fus directement introduite au sein de l’orchestre féminin de la gendarmerie nationale ‘’les Amazones de Guinée’’. J’ai aiguisé mes armes pendant 3 ans en compagnie de toutes ces sœurs qui m’ont assistée et formée dans le domaine de la musique.

Guinéenews : peut-on connaitre le contenu de votre discographie ?

Seny Malomou : à ce jour, j’ai fait 3 albums (Tinyalé, Yalaniagbèlè, Yayaya). Par ailleurs en featuring, j’ai participé à nombreux albums des artistes guinéens.

Guineenews : vous aviez fait des tournées en Afrique et dans le monde à titre personnel et en compagnie des Amazones de Guinée. Quel bon et mauvais souvenir retenez-vous de tout cet élogieux parcours ?

Seny Malomou : ne partons pas loin et jusqu’à présent je me rappelle du succès que j’ai eu avec l’album ‘’Tignalé’’ qui est aimé par tous. Cet album avec ce titre éponyme m’a tout apporté. Il reste encore mon meilleur souvenir depuis la dédicace jusqu’à ce moment où je vous livre mes impressions dans cette interview.

Mon plus mauvais souvenir (rires), est que je me sens en train de prendre de l’âge et du poids. Je ne veux pas vieillir. Aussi virevoltante sur scène, aujourd’hui je me sens limité dans mes pas de danses de ma Guinée forestière natale. Oui ! C’est un mauvais souvenir qui va me poursuivre.

Guineenews : Mère de famille, fonctionnaire de l’Etat, musicienne, comment vous parvenez à gérer votre emploi du temps ?

Seny Malomou : c’est une question pertinente. Heureusement que les enfants sont grands et ce côté famille ne m’inquiète pas beaucoup. Mon garçon vit à Londres et ma fille est mariée, et je suis aujourd’hui grand-mère. Au niveau de mon service, mes chefs hiérarchiques sont très compréhensifs par rapport à mes déplacements dans le cadre artistique. Donc, je parviens tant bien que mal à gérer ces trois fonctions sur une adéquate balance.

Guineenews : après ces trois albums, aviez-vous d’autres projets en vue ?

Seny Malomou : mon premier projet en cours est la construction d’un studio d’enregistrement dont mon fils est prêt à financer. Je veux que ce garçon m’achète des instruments de musique. J’aimerai bien réaliser ce projet en vue d’aider tous ces artistes en quête de progression. J’ai un album en vue et je regrette aujourd’hui le décès de ‘’Petit Condé’’. 

Guineenews : Quelles sont vos sources d’inspirations ?

Seny Malomou : je ne sais pas chanter l’amour, je ne m’inspire ni de la nature ou autres sujets. Je suis une orpheline de père et de mère. Je chante l’apitoiement et je veux que tout le monde se retrouve dans mes chansons. La vie n’est pas facile sans aucun parent en vie. C’est mon inspiration, bien que je puisse aborder autres sujets au second plan.

Guineenews : Etes-vous affiliée au BGDA ?

Seny Malomou : je suis bien affiliée au BGDA. Je reçois mes droits et je salue le respect qu’on m’accorde au niveau de cette institution.

Guineenews : il y a beaucoup d’artistes pour lesquels, malades, il faut entreprendre un S.O.S. Aviez-vous souscrit à cette assurance maladie ?

Seny Malomou : Je vous assure que c’est non et pourtant le département des sports de la culture et du patrimoine historique a attiré notre attention sur ce sujet. J’attends de percevoir ma paie de ce mois pour m’acquitter de ce devoir. C’est important pour tout le monde. J’ai eu honte un moment quand cette sensibilisation se passait. Je suis respectueuse et respectée par ces autorités du département.

Guineenews : M’Mah Sylla, cette suave voix, ex-chanteuse des Amazones de Guinée est convalescente. Aviez-vous un message pour elle ?

Seny Malomou : eh Allah ! J’aime cette grande dame qui a tout mis en œuvre pour m’apprendre comment chanter dans les autres langues du terroir. J’ai été toujours à son chevet à l’hôpital. Elle est une de mes idoles et de par sa voix et de par son humanisme.

Guineenews : il y’a certainement ce qui vous indigne dans la vie ou un cri de cœur. Pouviez-vous, vous en défaire ?

Seny Malomou : cette question est très importante et ce n’est point une histoire d’ethnocentrisme. J’ai remarqué que les artistes de ma contrée sont moins médiatisés. Personnellement, je suis bien écoutée ainsi que d’autres de la contrée. Mon cri du cœur est le fait que les artistes de la forêt sont presque oubliés au niveau de la promotion au cours des programmations radios et télévision. Je viens récemment de la forêt et j’ai découvert ces talentueux artistes qui ont réalisé des albums qui souffrent de promotion. A Conakry, ma musique est souvent diffusée ainsi que celles d’autres musiciens. Vous pouvez compter sur le bout des doigts les artistes forestiers qui passent régulièrement au niveau des radios de la place et pourtant ils font de la bonne musique. J’ai voulu attirer l’attention du chef de l’Etat lors d’une de ses visites à N’Zérékoré. J’ai été freinée par certaines autorités de la place. Il faut équilibrer la promotion dans le domaine de la musique.

Entretien réalisé par LY Abdoul pour Guineenews

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