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Remaniement à minima : la part belle au statu quo

En lieu et place d’un chamboulement, le président de la République s’est contenté d’un lifting gouvernemental marqué par l’entrée en piste de seulement 10 nouveaux ministres sur 38. Ce remaniement qui intervient après le double-scrutin controversé du 22 mars, répond surtout à des contingences politiques qu’à une efficacité technique, avec en arrière-plan le projet de troisième mandat.

A la faveur du  remaniement ministériel à minima de ce vendredi, le chef de l’État aura quasiment reconduit l’équipe sortante, sauf à quelques exceptions près. Comme le dit l’adage, ‘’qui veut voyager loin ménage sa monture.’’

Aucune ouverture n’a été non plus faite aux autres obédiences politiques. Preuve que le président veut surfer sur le statu quo pour arriver à bon port. Sauf que si l’on en croit Réné Piquet du Parti communiste français, ‘’en politique on sait où l’on va ou on prétend le savoir, et on arrive toujours ailleurs’’.

Espérons toutefois que ce ne soit pas le cas pour le champion du RPG.

Ceux qui quittent le navire

Certaines rumeurs ont vite fait de lier le départ du gouvernement de Mamadou Lamine Fofana, une des têtes pensantes de la galaxie Condé,  au tollé suscité récemment par la falsification de la constitution, affaire dont il n’a pas réussi à gérer avec tact. Même si certains bruits de couloir présagent déjà de l’avenir de l’ancien garde des sceaux du côté de la Cour constitutionnelle. Où il pourrait être nommé comme président de cette institution.

Mory Sangaré a été aussi relevé de ses fonctions à la tête du Mena où il se démenait comme un beau diable pour réussir une réouverture des écoles, en cette période de crise sanitaire. Cet apparatchik du parti au pouvoir était dépeint par ses détracteurs comme étant d’une balourdise extrême.

Thierno Ousmane Diallo, cadre de l’Union pour le progrès et le renouveau (Upr) avait maille à partir depuis un certain avec son leader Bah Ousmane. Cela aura joué en sa défaveur, quand on sait que Bah Ousmane a l’oreille du président.

Kader Yacine, fugace ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Ce technocrate doté d’un pedigree enviable était comme un cheveu sur la soupe dans cette équipe où la prédominance des pêcheurs en eau trouble est de taille. Faute d’être encarté au RPG arc-en-ciel, ou d’être coché par un caucus de propagande, Kader devait donc débarrasser le plancher.

Mamy Diaby, a fini par quitter le ministère des Télécommunications et de l’économie numérique où il officiait depuis le 07 janvier 2016. Bien que proche du palais, la discrétion de Mamy Diaby et sa distance avec le parti au pouvoir auront contribué à son éviction, dit-on.

Billy Nankouma Doumbouya, cet autre cadre du RPG a été victime du coup de balai de ce vendredi. Pas exclu que le président qui a les yeux de Chimène lui trouve un point de chute, quelque part. Pourquoi pas auprès de lui à la présidence, où émarge une pléthore de conseillers, payés avec l’argent du contribuable à ne rien faire.

Parmi les sortants Lansana Komara est le plus heureux, pour avoir été posté illico presto. Il prend dans la foulée les rênes du Secrétariat général du gouvernement, resté vacant suite au décès de Sékou Kourouma.

                                                        Les nouveaux visages

Alpha Condé qui nourrit l’ambition d’un pouvoir à vie, tient en effet à ménager les susceptibilités de ses collaborateurs disposant d’une surface politique aussi minime soit-elle, dans l’espoir de se concilier leur faveur le moment venu. C’est ainsi, après s’être gardé d’aller en profondeur dans ce remaniement, le président a préféré d’élargir le panel des ministères, avec la création de deux nouveaux départements, dont le but serait simplement de planquer des militants.

Le département du Travail et des lois sociales et celui des droits et de l’autonomisation des femmes ont été affectés respectivement à Diallo Cheick Oumar et à Hawa Béavogui.  

Deux des nouvelles figures qui font leur entrée dans le gouvernement. Les autres visages cooptés à la faveur de ce lifting gouvernemental sont peu connus du grand public, même si leur militantisme au sein du parti au pouvoir ne souffre d’aucune ambiguïté.

C’est le cas du très discret Dr Mamadou Balo, précédemment ministre chef de cabinet de la présidence de la république, qui a été porté à la tête du ministère de la Fonction publique, de la réforme de l’Etat et de la modernisation de l’administration. Il y a aussi Djénabou Dramé, précédemment DAAF du département de la Santé, qui hérite du département de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi.

Me Mory Doumbouya, ancien Agent judiciaire de l’Etat hérite du portefeuille régalien de la Justice. Une belle promotion pour cet avocat qui ne ménageait aucun effort dans son précédent job.

Laye Oumar Koulibaly, happy few, précédemment directeur général  de la Guilab,  est l’autre nouvel entrant dans la nouvelle équipe dirigée par Dr Kassory Fofana, en tant que ministre des Télécommunications. En remplacement de Mamy Diaby, qu’il suit comme son ombre portée. On se souvient que c’est également Koulibaly qui avait nommé à la tête de l’Arpt, après l’entrée de Diaby dans le gouvernement.

Au ministère  de  l’Energie, c’est Bountouraby Yattara, qui prend les manettes en remplacement de Taliby Sylla, limogé il y a plusieurs semaines de cela.

Quant au département du Tourisme, une autre dame du nom de Saran Fany Camara y remplace Thierno Ousmane Diallo.

Le très médiatique Dr Amadou Bano Barry, dont la faconde a fini par charmer Sékhoutouréa a été porté à la tête de l’Education nationale. Cette bête noire du  syndicat de l’éducation saura sans doute mieux ferrailler avec Aboubacar Soumah en cas de grève.

Enfin pour clore Dr Aboubacar Oumar Bangoura, ministre de l’Enseignement supérieur vient clore la liste des entrants. Il s’agit d’un universitaire qui aurait  des accointances avec le palais. D’où ce choix au détriment du maintien de Kader Barry.

Ce mini remaniement fait la part belle au statu quo. D’autant que sur 38 ministres, seuls 8 ont été remplacés à leurs postes. Dr Ibrahima Kassory Fofana a été reconduit dans ses fonctions de chef de gouvernement. Bien qu’il peine encore à légitimer l’autorité de l’État, credo qui avait prévalu à sa cooptation en 2018.

Cette équipe soudée autour du président aura le lourd défi de faire élire Alpha Condé pour son troisième mandat. Une élection qui devra ouvrir l’ère à une présidence à vie.

A moins que le président ne se ravise, pour anticiper sur sa retraite politique. Afin d’éviter à son pays des lendemains incertains.

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