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Remaniement : échange houleux Alpha Condé – Christophe Boisbouvier

Votre quotidien électronique Guinéenews© continue à plonger ses lecteurs dans le thriller de la politique- fiction. Dans ce présent numéro, le président Alpha Condé est l’invité-Afrique de Radio France Internationale (RFI). Au micro de Christophe Boisbouvier, le numéro un Guinéen parle du cinquième éventuel mandat de Bouteflika en Algérie, du troisième mandat en Guinée et du remaniement en vue en Guinée. L’invité Afrique, c’est parfois polémique, mais jamais langue de bois.

Christophe Boisbouvier : monsieur le président, bonjour !

Alpha Condé : bonjour RFI

Christophe Boisbouvier : actualité africaine oblige. En Algérie, le parti au pouvoir, le front de libération nationale, appelle Bouteflika à briguer un cinquième mandat. Ça vous dit quoi ?

Alpha Condé : moi, cela ne me fait ni chaud, ni froid. Je pense que cette question concerne beaucoup plus les Algériens, que moi. Donc, souffrez que je ne commente pas cette question.

Christophe Boisbouvier : pourtant, monsieur le président, votre commentaire est vivement attendu en Guinée 

Alpha Condé : mais comment ça ?

Christophe Boisbouvier : D’abord, Bouteflika, c’est votre homologue. Ensuite, son état de santé s’est dégradé au point qu’il roule sur un fauteuil. Pire, il apparaît publiquement de moins en moins. Enfin, il rappelle un certain Conté pendant sa fin de règne.

Alpha Condé : je n’ai aucun commentaire, dis-je. Posez cette question aux Algériens ou à Boutef lui-même.

Christophe Boisbouvier : êtes-vous pour un troisième mandat en Guinée oui ou non ?

Alpha Condé : je vous voyais venir mais, encore une fois, je ne ferai aucun commentaire. Tous mes conseillers m’ont dit d’esquiver la question

Christophe Boisbouvier : qui ne dit rien consent, monsieur le président 

Alpha Condé : si vous voulez, reformulez la question mille fois, mais je dis encore, pas de commentaire.

Christophe Boisbouvier : pourtant, on vous connaît tranchant, direct, sans langue de bois

Alpha Condé : est-ce que vous comprenez français ? Ou bien vous êtes comme les enseignants guinéens qui ne savent ni parler français, ni faire une dictée mais plutôt faire la pagaille?

Christophe Boisbouvier : vous semblez donner raison à l’opposition, monsieur le président, qui vous accuse de vouloir modifier la constitution pour vous représenter indéfiniment.

Alpha Condé : Je ne perds pas mon temps à répondre à ceux qui ont contribué au retard de ce pays. Ce qui m’intéresse, moi, c’est l’avenir de la Guinée dans 30 à 40 ans. Ce qui m’intéresse, c’est de faire de la Guinée, un hub industriel. Ce qui m’intéresse, c’est implanter toutes les usines que j’ai promises.

Christophe Boisbouvier : sauf que, monsieur le président, dans trente à quarante ans, vous serez dans les 120 ans. Est-ce que vous ne misez pas la barre très haute ? Est- ce que vous aurez la force et la santé pour tenir bon ?

Alpha Condé : posez la question à mes collaborateurs. La dernière fois, nous étions en visite des sites industriels en banlieue de Conakry. J’ai grimpé les escaliers jusqu’au quatrième étage. Après, je suis redescendu. Demandez à Tibou Kamara. Demandez à Baidy Aribot. Ils sont là.

Christophe Boisbouvier : aujourd’hui, nous sommes en 2018, mais dans trente ans monsieur président. 

Alpha Condé : mais vous êtes graves, vous les journalistes. Pourquoi aimez-vous répondre à la place des gens ? Pourquoi aimez-vous prédire ce qui pourrait se passer dans trente ans ? Qui vous a dit que je veux sept, huit, neuf mandats ?

Christophe Boisbouvier : vous ne l’avez pas dit, certes, mais vous l’insinuez, monsieur le président. 

Alpha Condé : écoutez-moi bien, que cela soit très clair. Ce n’est pas RFI, qui dirige la Guinée, ni les ONG occidentales. Pourquoi vous ne posez pas cette question aux pays de l’Asie de l’Est ? Pourquoi vous ne posez pas cette question à Poutine ?

Christophe Boisbouvier : ce qui agace l’opinion, monsieur le président, c’est que chaque fois qu’on vous a posés la question relative au 3e mandat, vous vous énervez.

Alpha Condé : pourquoi pas ? C’est Cellou Dalein Diallo qui vous souffle les questions à poser. Pourquoi vous insistez sur le troisième mandat ? Pourquoi vous ne parlez pas du PNDES ? Du café Mercedes ? De l’affaire Grenade ?

Christophe Boisbouvier : On en parlera, si vous le voulez une autre fois, mais aujourd’hui, nous voulons votre position sur le troisième mandat. 

Alpha Condé : au moment venu, le peuple de Guinée va se déterminer.

Christophe Boisbouvier : pourtant, votre conseiller économique, l’ivoirien Ouattara s’est déterminé sur ce sujet depuis, votre co-président aussi, le nigérien Issoufou.

Alpha Condé : Ouattara, c’est Ouattara. Issoufou, c’est Issoufou. Moi, c’est Alpha Condé.

Christophe Boisbouvier : si je vous comprends donc, vous êtes pour un troisième mandat ?

Alpha Condé : écoutez-moi très bien, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.

Christophe Boisbouvier : vous êtes contre alors ?

Alpha Condé : pour ou contre, le sujet n’est pas d’actualité. Mais le moment venu, vous le saurez.

Christophe Boisbouvier : vous entretenez un flou artistique. Ce qui fait dire à l’opposant, Cellou Dalein Diallo, que vous voudriez tripatouiller la constitution.

Alpha Condé : a-t-il des preuves des allégations, qu’il avance ?

Christophe Boisbouvier : il cite la tentative de destitution du président de la Cour Constitutionnelle, la destitution du président de l’INDH et les éditoriaux dithyrambiques d’une vingtaine de vingt minutes, qui passent au JT de la RTG…

Alpha Condé : je ne réponds pas aux anciens premiers ministres qui ont pillé ce pays.

Christophe Boisbouvier : vous ne devez pas élever le ton, monsieur le président, en parlant des anciens PM 

Alpha Condé : pourquoi pas ?

Christophe Boisbouvier : parce que vous avez des anciens PM parmi vos proches collaborateurs 

Alpha Condé : moi je l’avais dit tres tôt, tout ancien qui est épinglé dans un dossier, je ne le protégerai pas

Christophe Boisbouvier : justement, comme vous ouvrez la brèche, à quand la formation du nouveau gouvernement et le choix du futur premier ministre ?

Alpha Condé : je formerai le gouvernement au moment opportun

Christophe Boisbouvier : quand exactement ?

Alpha Condé : au moment opportun, dis-je.

Christophe Bisbouvier : Avez-vous une date exacte sous la main ?

Alpha Condé : je n’ai aucune date pour l’heure

Christophe Boisbouvier : peut-on attendre le futur gouvernement d’ici début mai ?

Alpha Condé : je ne saurais le dire. De toutes les façons, cela relève de mon pouvoir discrétionnaire

Christophe Boisbouvier : cela relève de votre pouvoir discrétionnaire, certes, monsieur le président, sauf que le peuple s’impatiente, l’administration tourne au ralenti.

Alpha Condé : j’aime souvent dire que j’ai une qualité que les guinéens n’ont pas : la patience. Je ne formerai pas le nouveau gouvernement sous la pression.

Christophe Boisbouvier : mais toute patience a des limites, monsieur le président. Il y a longtemps que vous avez fini de consulter la majorité silencieuse.

Alpha Condé : est-ce que je me suis fixé un délai ? Non ! Mais pourquoi les gens sont aussi pressés ? Hier, je voulais rédiger mon brouillon mais il n’y avait aucune feuille rame au marché. Mes cadres ont acheté tous les stocks pour y rédiger leur CV.

Christophe Bisbouvier : est-ce que vous n’êtes pas maraboutés par hasard ?

Alpha Condé : (rires). Aujourd’hui, il n’y a plus de bétail au marché. Partout, les cadres égorgent des vaches dans les carrefours. D’autres égorgent des chiens enragés dans des puits inachevés. D’autres encore sont actuellement dans le Kakandé. Mais moi, je ne céderai pas sous l’influence de qui que ce soit, fût-il un marabout.

Christophe Boisbouvier : qu’attendez-vous donc pour dévoiler votre nouveau gouvernement

Alpha Condé : la vérité, je suis dans un arbitrage délicat. En Guinée, tout le monde veut être ministre. Mon parti, mes alliés, la société civile, le syndicat et même, tenez-vous bien, l’opposition. Celle- là, qui me traitait de tous les noms d’oiseau hier, qui me qualifiait de président autocrate.

Christophe Boisbouvier : Des noms ?

Alpha Condé : je ne citerai le nom de personne mais chacun se reconnaîtra. Aujourdhui, personne d’entre eux n’ose me critiquer ouvertement, ni utiliser des termes forts. Lors du Ramadan passé, par exemple, j’ai donné cent millions à un groupe d’opposants, cent millions chacun. Ensuite, tout dernièrement, j’ai donné une pick-up de couleur blanche, sortie d’usine à un opposant, qui a problème de location. Mais je gère au cas par cas. J’ai le dos large.

Christophe Boisbouvier : Cette opposition sera-t-elle dans le futur gouvernement ?

Alpha Condé : Elle le souhaite vivement. Certains viennent me dire que l’opposition est dure, d’autres demandent comment j’ai fait pour faire quarante ans dans l’opposition sans céder ?

Christophe Bisbouvier : aujourdhui, vous avez la corde au cou?

Alpha Condé : justement, et ce qui complique davantage les choses, c’est qu’il reste deux ans d’ici la fin de mon quinquennat. Chacun se dit, c’est maintenant ou jamais.

Christophe Bisbouvier : d’où viendra le premier ministre ?

Alpha Condé : comme promis, il viendra de la Basse Guinée. Pour ces deux ans, je préfère un ancien. Mon cœur bat pour Kassory Fofana. Mais tantôt je mise sur  Sidya Touré. Tantôt, je veux garer Mamadi Youla. Ce dernier, au moins, il n’arrange pas, il ne dérange pas.

Christophe Bisbouvier : et le reste des membres du gouvernement ?

Alpha Condé : je voulais faire un remaniement en profondeur mais ce serait difficile.

Christophe Boisbouvier : Difficile ?

Alpha Condé : difficile puisque certains veulent changer de poste parce que le ministère qu’ils occupaient semblait petit pour eux. Par conséquent, ils voudraient un département des plus stratégiques. D’autres également voudraient être confirmés mais en rattachant un secteur au ministère qu’ils occupent. D’autres enfin voudraient le maintien à leur poste.

Christophe Bisbouvier : Des ministres gourmands donc ?

Alpha Condé : vous avez tout compris. Mieux, il y a des anciens qui veulent être recyclés. D’autres enfin, des nouveaux pour la plupart, veulent faire leur entrée au gouvernement. C’est délicat.

Christophe Bisbouvier : avez-vous fait la saisie de votre brouillon ?

Alpha Condé : jamais, la mèche risque d’être vendue avant l’heure. La preuve, dès que je commence la saisie au bureau, mes cadres viennent envahir mon bureau pour regarder le mouvement de mes mains sur le clavier ou en écoutant le bruit de la saisie du brouillon. Après, ils vont dans les quartiers pour citer des noms

Christophe Boisbouvier : Vous avez au moins un confident

Alpha Condé : qui est dans mes secrets ? Personne. J’aime souvent dire que la Guinée est un pays de rumeurs et de mensonge.

 NB : seuls les personnages sont vrais mais l’histoire est pure fiction. Les propos tenus n’engagent nullement leur auteur. J’espère que les lecteurs nous comprendront et nous épargneront des poursuites judiciaires. 

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