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Responsabilités dans l’accident de Batè Nafadji : voici des images qui ne plaident pas en faveur du conducteur

Dans la presse, on nous apprend qu’une image remplace mille mots. Il n’y a aucun doute à se faire là-dessus. Cela se vérifie aisément dans maints aspects de la vie courante. Nous n’allons pas épiloguer là-dessus, le sujet étant vaste et très long à développer, mais surtout, cela ne faisant pas objet de notre réflexion.

Ici, nous parlons d’accident mortel de la circulation. Le chef d’escadron Alfred Akoye Bavogui commandant la compagnie sécurité routière de Kankan a bien voulu nous transmettre des images qui sont suffisamment parlantes pour étayer notre affirmation.

Nous nous en inspirons pour émettre quelques avis et réflexions sur ce cas d’accident survenu, l’on se rappelle, mardi 19 dernier, aux alentours de midi, au lieu-dit Dalaba, dans la sous-préfecture de Baté-Nafadji, au PK 70 de Kankan. Bien entendu, ces dits avis ou réflexions n’ont aucune incidence ou influence sur le cours du dossier. Lequel relève plutôt, entièrement et exclusivement de la compétence des autorités légalement constituées à cet effet, que sont la gendarmerie routière et le parquet.

Cet accident dû à l’éclatement d’un pneu, avait entraîné, on s’en souvient, la mort de deux personnes et blessé trois autres, au lieu des deux, précédemment annoncés.

Le véhicule en cause est un taxi Renault 21, immatriculé RC 4629 T, en provenance de Siguiri, qui se rendait à Conakry avec 10 passagers à bord et de nombreux bagages sur le toit.

Son chauffeur, Mohamed Camara, âgé de 27 ans, détenu dans un premier temps à la compagnie territoriale de gendarmerie de Siguiri, a été transféré devant le service constat de la compagnie sécurité routière de Kankan pour les fins d’enquête. Ses documents administratifs sont en règle, nous dit-on.

Mais, venons-en aux faits : en scrutant l’image ici affichée, quelques observations nous viennent à l’esprit : en premier, nous voyons le véhicule dans sa position accidentelle : il est renversé, les quatre roues en l’air, sur une crête qui borde la route en cet endroit.

Ce qui nous interpelle également, ce sont les colis épars tout autour de l’épave. Leur nombre et leur poids apparent ou supposé, nous font dire que le chargement est excessif. Il paraît énorme pour un véhicule de ce genre. Surtout que nous n’avons là qu’un aperçu limite de tout ce qu’il y avait comme bagages. En effet, les sacs à main et autres colis personnels des passagers ne sont pas pris en compte. L’image ne les a pas fixés.

La conclusion que nous en tirons est que ce type de chargement est exagéré, anormal. Il entraîne inévitablement des conséquences multiples qui se répercutent sur la qualité et la sûreté du voyage. Ces inconvénients majeurs se manifestent à différents niveaux.

Nous n’en relèverons que quelques-uns : le véhicule est littéralement écrasé par le poids du chargement qui dépasse les limites fixées par le constructeur, ce qui favorise sa détérioration rapide par l’usure prématurée de ses organes; sa maniabilité et sa stabilité sont compromises ce qui rend sa conduite difficile et à risque; la hauteur et le volume du chargement sur le toit créent une forte résistance à la pénétration dans l’air, ce qui a tendance à freiner le véhicule en réduisant son élan. Pour vaincre cette contrainte, le conducteur trouve nécessaire de rétrograder fréquemment pour augmenter l’allure et conséquemment, il consomme plus de carburant qu’il n’en fallait.

Les pneus aussi ont leur part dans le risque encouru : s’ils sont d’occasion et c’est bien le cas pour ce taxi et pour la majorité des véhicules qui roulent chez nous, il y a lieu de faire très attention. Il faut contrôler au quotidien leur texture, pour déceler toute déformation ou déchirure ; éviter de les monter sur un véhicule qu’on surcharge ; augmenter quand c’est nécessaire la pression, en les gonflant à froid avant d’entreprendre tout voyage ; ne jamais rouler en sous-gonflage et en excès de vitesse pour éviter l’échauffement excessif, source d’éclatement pendant le roulage. Et c’est bien ce qui est arrivé !

Le pneu arrière gauche s’est subitement dégonflé au moment où le taxi surchargé, roulait à vive allure. Dans des circonstances pareilles, il est facile d’imaginer que l’accident se soit produit aussitôt. On apprend dans certains modules de formation à la conduite automobile que si le pneu avant éclate, un écart brusque de direction se produit toujours du côté du pneu éclaté. Par contre, s’il s’agit d’un pneu arrière, le véhicule s’en va en slalomant, c’est-à-dire qu’il zigzague et part à gauche et à droite. Tous ces deux cas de figure troublent inévitablement le chauffeur. Et c’est à ce moment-là qu’on lui demande, ce qui n’est pas facile du tout, de rester calme et de ne surtout pas freiner. S’il commet cette erreur magistrale, c’est l’accident assuré !

Ce phénomène est encore plus marqué quand c’est le pneu avant qui éclate. Aussitôt à plat, la roue braque vers l’intérieur et devient un pivot. Et un coup de frein brutal à ce moment, conduit au principe du levier, bien connu en physique.

Le pivot se bloque et sert de point d’appui. L’arrière se soulève, mû par la poussée de l’énergie cinétique ou énergie du mouvement. Le tonneau est enclenché. Il se produira, en autant de fois qu’il y aura de l’énergie emmagasinée.

Comme on le voit, tout s’explique et rien ne confirme l’invocation du destin, du hasard, de la fatalité ou du mauvais sort que l’on évoque pour expliquer les accidents. Nos gestes sont à l’origine des conséquences que nous enregistrons.

Pour ce cas de figure, le chauffeur a sans doute voulu gagner autant d’argent que possible et il n’a mis en avant que ce désir. En lieu et place de la sécurité, par le respect de la réglementation en vigueur, mais aussi de l’esprit et de la lettre du décret portant état d’urgence sanitaire.

Le chef d’escadron Alfred Akoye Bavogui insiste pour inviter les chauffeurs à réduire la vitesse quand ils roulent sur des routes en bon état et au tracé rectiligne comme c’est le cas dans la région de Kankan. Pour lui, l’excès de vitesse est toujours un facteur aggravant en cas d’accident. C’est ainsi que son service rencontre des cas de lésions corporelles horribles à voir et pénibles à raconter, ainsi que d’importants dégâts matériels qui constituent une grosse perte pour le pays tout entier.

Il souligne par ailleurs, l’importance que chacun doit apporter au respect du Code de la route et des lois et règlements en vigueur. Tout cela qui, ajouté à la prudence et au sens civique des citoyens, permettra, selon lui, de réduire sensiblement la fréquence et la gravité des accidents dans notre pays et particulièrement dans sa zone de contrôle : la région administrative de Kankan.

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