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Services sociaux de base: quand l’eau et l’électricité manquent à la fois

On avait presque oublié la fameuse clameur qui traversait les quartiers à chaque arrivée du courant électrique: wéé ! tèèfa ! (la lumière est là !). C’était, il y a longtemps déjà ! Nous étions rassurés d’être définitivement sortis de cette privation qui pesait lourd sur la qualité de vie de chacun de nous.

Mais, voilà que, depuis un certain temps, ce souvenir enfoui dans nos mémoires revient au galop. Les lointaines périodes de ‘’manques’’ et les ‘’tours-tours’’ anxiogènes  qui les caractérisaient semblent être de retour. Oh, qu’ils sont pénibles à vivre, ces moments d’obscurité et de chaleur moite, ces moments de confinement et de moustiques assoiffés ! Voilà pourquoi, ce refrain est à nouveau entonné à l’unisson, par les enfants dans les quartiers rationnés, à chaque arrivée ou retour de cette fée électrique qui agrémente leur vie : Wéé,tèèfa !

Ces ruptures répétitives de fourniture d’électricité qui durent souvent plus que de coutume, ont sonné comme des privations délibérées dans l’entendement de bon nombre de citoyens.  Elles ont déjà entraîné des manifestations perlées de heurts et de violences à Conakry. Une réalité qui s’observe même à l’intérieur du pays. Ce constat fait, nous n’allons pas en rajouter, vu qu’il y a déjà eu assez de problèmes autour.

Une certaine opinion spécule que ce manque accentué d’électricité ces derniers temps, est juste une contre-mesure pour compenser le manque à gagner résultant de l’annulation des factures, décidée par les pouvoirs publics en soutien aux populations, suite à la pandémie du coronavirus.

Il faut néanmoins dire qu’à cette situation, déjà difficile, est venue s’ajouter une autre, tout autant cruciale : le manque d’eau.  Dans bon nombre de quartiers de la capitale, surtout en banlieue, ce problème se pose aujourd’hui avec acuité. Il suffit d’arpenter les rues pour s’en rendre compte. Des femmes et des enfants avec des bidons tenus à bout de bras ou portés sur la tête, arpentent les rues, à la recherche de l’eau. Pour s’approvisionner, le chemin est long pour certains, mais il est surtout une vraie corvée pour tout le monde. En effet, à cette période de l’année, les puits sont, pour la plupart, à sec et surtout pénibles à utiliser.

Cela entraîne donc ces centaines de femmes et enfants, tous à la fois, vers les points d’eau supposés fonctionnels. Une portion bien congrue, quand on sait que la SEG (fournisseur public d’eau) est totalement absente des lieux. Il reste alors les quelques forages de la période du CNDD qui fonctionnent encore pour la plupart, mais sont nettement insuffisants pour combler les énormes besoins de toute cette foule.

Il leur reste alors un dernier recours sur lequel ils jettent leur dévolu : les domiciles privés qui disposent d’un forage. Là, les propriétaires sont d’office, consentants. Ils servent l’eau librement et gratuitement, à tout le monde. Pour ce faire, un robinet est installé à l’extérieur du mur d’enceinte. Mais, à une condition. L’eau ne monte qu’avec le courant électrique. Quand celui-ci arrive, c’est d’abord le propriétaire qui se sert. On remplit sa ou ses cuves, selon les cas. Avouons-le, c’est de bonne guerre, non? Qui a dit que ‘’charité bien ordonnée commence par soi-même’’ ?

Pendant que cette opération de remplissage de cuve (s) se poursuit, les autres attendent en priant Dieu que le courant ne parte pas. Ils organisent tant bien que mal un rang qui s’allonge sans cesse et dont le principe de base repose sur l’ordre d’arrivée. Mais, nous disent certaines femmes, beaucoup de facteurs surviennent quelques fois qui perturbent cette harmonie souhaitée. La collecte d’eau pour tout le monde a bien lieu, quand le courant se maintient et reste stable.

Mais parfois aussi, elle est ponctuée de cris, de disputes et même de bagarres, souvent attisées par la forte présence d’enfants vifs et malicieux, sinon peu enclins au respect de la discipline tacitement fixée par le groupe. Il arrive que le propriétaire des lieux, excédé par le désordre ou la violence qui s’en suit, arrête momentanément le service pour avoir la paix.  Des fois aussi, c’est de vol ou de permutation frauduleuse de bidons qu’il s’agit. Il en est ainsi tous les jours, le matin et le soir.

Voilà, succinctement décrite la situation qui prévaut dans ces zones de collecte d’eau. Si elle est déjà assez difficile en soi, qu’adviendra-t-il si le courant électrique manque. Là, personne n’a de l’eau. Les femmes, déjà fatiguées, soucieuses et stressées ont le choix entre, retourner bredouilles à la maison et rester à l’affût des heures durant, pour attendre le retour du courant qui fera monter le précieux liquide jusqu’à leur bidon.

Pendant ce temps, nous sommes au mois saint du ramadan. Mettons-nous à la place de ces ménagères, de ces enfants, de ces familles, de ces citoyens ordinaires qui ont besoin de vivre correctement, comme tout le monde. Imaginons le reste, c’est-à-dire tout ce que pareille situation contient et  signifie… Pour, qu’à la fin, nous comprenions mieux le calvaire de ces populations privées d’eau et d’électricité auxquelles il faut venir en aide le plus promptement possible.

C’est une question de survie et de dignité. C’est fondamental !

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